Le projet de loi de finances adopté mardi soir en Conseil des ministres a été caractérisé par une politique d'austérité qui ne dit pas son nom. Car, contrairement aux prévisions des recettes qui sont revues à la hausse, celles des dépenses ont été réduites comparativement à l'exercice 2016. En effet, selon le communiqué ayant sanctionné les travaux du conseil, le projet de budget affiche un montant de 5635,5 milliards de dinars (mds DA) de recettes, ce qui représente une hausse de près de 13% par rapport à celles de l'exercice précédent. En termes de dépenses, le projet de budget affiche un montant de 6883,2 mds DA, réparti entre 4591,8 mds DA pour le volet fonctionnement et 2291,4 mds DA en crédits de paiement pour le volet équipement. La loi de finances de 2016 prévoyait des dépenses globales de 7984,1 milliards DA, en baisse de 9% par rapport à 2015, composées de 4807.3 mds de dépenses de fonctionnement et de 3176.8 mds de dépenses d'équipement. Elle tablait aussi sur des recettes de 4747,43 mds de dinars (- 4,3% par rapport à 2015). L'austérité n'est en réalité pas réservée aux seules dépenses de fonctionnement et d'équipement, mais concerne désormais même les montants alloués aux transferts sociaux. Ainsi, 1630,8 mds DA seront alloués aux transferts sociaux (23,7% du budget de l'année 2017), soit pratiquement le même taux que l'année dernière (23%). Sur ce montant, 413,5 mds DA seront destinés au soutien aux familles, essentiellement à travers la subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huiles alimentaires), 330,2 mds DA au soutien à la santé et 305 mds DA aux programmes nationaux de logement. Lors de l'exercice de 2016, le secteur de l'habitat était le plus privilégié avec un montant de 477 milliards de dinars. La somme de 446 milliards de dinars est par ailleurs accordée pour le soutien aux familles dont 222 milliards de dinars consentis au titre des subventions des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huile), et 316,5 milliards de dinars pour le soutien à la santé publique. A contre-courant des chiffres présentés lors de la dernière réunion du conseil des ministres, le discours officiel présente la chose autrement. Le communiqué du conseil note qu'en dépit des contraintes financières qui entourent l'élaboration du projet de budget pour 2017, celui-ci «reflète l'attachement de l'Etat à la justice sociale et à la solidarité nationale». Toujours sur le volet social, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, qui a présidé le conseil, a, selon le communiqué, évoqué la dynamique économique sur laquelle s'est engagé le pays. Elle «a permis de faire reculer drastiquement le chômage qui est passé de près de 30% en 2000 à moins de 10% au début de cette année, alors que la réponse à la demande sociale demeure robuste, comme l'illustre la distribution de 350 000 logements cette année, en même temps que plus d'un million d'autres unités sont en chantier». Le président Bouteflika a par ailleurs insisté sur l'importance du «dialogue avec les partenaires économiques et sociaux, et sur l'information régulière des citoyens sur les difficultés et les enjeux, ainsi que sur la démarche économique mise en œuvre, afin de rallier leur adhésion en cette période cruciale que traverse le pays».