Aucune échappatoire n'est plus possible, selon les analystes, pour les rebelles traqués et acculés dans leur dernier retranchement. Soit, avec la perte inéluctable de la seule ville syrienne qui reste entre leurs mains, la retraite vers les zones rurales du nord et plus à l'est de la Syrie. La reconquête d'Alep constitue un gain stratégique et décisif pour le régime qui a décidé, depuis plus d'une semaine et la fin d'une trêve ayant profité exclusivement aux groupes terroristes, d'une large offensive. L a progression est remarquable dans les quartiers-clés rebelles de Souleimane al-Halabi (centre-ville) et de Boustane al-Bacha (nord), perdant également des positions dans le nord-est d'Alep. Selon le directeur de l'observatoire des doits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, « les forces du régime ont capturé vendredi matin l'ancien hôpital Kindi, après avoir repris jeudi aux rebelles l'ancien camp des réfugiés palestiniens de Handarat ». Dans la ligne de mire, les combats dans les quartiers de Hellok et Haydariyé, au nord-est, et le long de la ligne de démarcation, à Souleimane al-Halabi, confortent l'emprise de l'armée syrienne. La victoire totale qui peut déterminer l'issue finale de la guerre impose à la Syrie un scénario redouté par la coalition affairée, plus à l'Est, aux frontières irakiennes, à mener leur guerre sélective contre le groupe terroriste Daech. Les frustrations du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, traduisent une inquiétude perceptible dans l'aveu explicite en faveur de l'« usage de la force » aux antipodes du refus du président américain, Barack Obama, de toute intervention militaire revendiquée avec force par certains de ses alliés. Au bord de la rupture, le dialogue entre les parrains russe et américain de l'accord avorté du 9 septembre dernier est placé en « soins intensifs ». Mais la reprise de la démarche diplomatique a été relancée par la France qui se prépare à présenter, demain, un projet de résolution portant sur le situation à Alep et appelant à rétablir un cessez-le-feu pour permettre un accès humanitaire sans entraves à la population assiégée des quartiers rebelles d'Alep et à interrompre les survols de la ville par des appareils militaires. « Un mécanisme de supervision » de la trêve est aussi prévu, regroupant des experts des pays membres du Groupe international de soutien à la Syrie, co-présidé par les Etats-Unis et la Russie. A New York, une première consultation a déjà eu lieu entre les membres du Conseil de sécurité pour ranimer un processus miné par les divergences et les accusations réciproques sur la détérioration des relations. Mise en accusation au Conseil de sécurité sur le bombardement présumé d'Alep, la Russie qui a demandé un temps de réflexion pour examiner le texte en question a dénoncé à son tour le soutien de Washington à l'organisation djihadiste Front Fateh al-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda) considéré comme un « plan B » en cas de chute du régime syrien. Dans une interview à BBC World News, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé que Washington n'était « pas capable » ou n'avait « pas le désir » de pousser l'opposition armée dite modérée à se désolidariser de ce groupe djihadiste. Or, la quintessence de l'accord du 9 septembre réside dans la pression que les parrains doivent exercer sur leurs alliés pour mettre fin aux combats et relancer le processus de négociations sur la transition.