«Les mesures de contre-terrorisme doivent respecter scrupuleusement les droits de l'Homme et l'Etat de droit.» Un appel solennel a été lancé, hier, à partir de Madrid aux forces de sécurité, chargées de la lutte antiterroriste «de ne jamais sacrifier les principes qu'ils sont chargés de défendre», lorsqu'elles se voient confrontées à la violence terroriste. Pour les participants à la Conférence internationale sur la démocratie et le terrorisme, «les mesures de contre-terrorisme doivent respecter scrupuleusement les règles internationales de respect des droits de l'Homme et l'Etat de droit». Le Club de Madrid, initiateur de cette manifestation politique qui a regroupé plus d'une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement, propose la mise en place de hauts commissariats «pour les droits des victimes, au niveau national et international». A cette proposition qui devra avoir l'aval de la communauté internationale, les participants à la conférence estiment également nécessaire «d'établir des forums réguliers et informels pour les responsables des forces de l'ordre et des services de renseignements». L'objectif d'une telle démarche serait d'aboutir à «des mécanismes internationaux (...) mettant en relation les Etats ayant besoin de ressources avec ceux en mesure de leur porter assistance». Une assistance censée toucher un large éventail, dont la disponibilité de vaccins et de médicaments destinés à limiter les effets d'une attaque bioterroriste, en sus de la «la création d'une base de données modernes sur l'antiterrorisme». Cela au plan matériel, quant à la gestion politico-médiatique du phénomène terroriste, le Club de Madrid demande aux autorités et aux médias de surveiller «constamment le langage qu'ils emploient afin de s'assurer qu'ils ne renforcent pas sans le savoir ou de façon disproportionnée les objectifs des terroristes qui sont d'intimider, d'instiller la peur et la haine». Un aspect, estiment-ils, prépondérant dans le traitement de pareilles questions qui, s'il est mal exploité, peut conduire au renforcement du discours extrémiste, principal soutien aux groupes terroristes. Les participants poussent leurs recommandations jusqu'à «vérifier comment les manuels scolaires abordent les questions de tolérance religieuse et culturelle». Ces recommandations, intégrées dans le «Programme de Madrid», s'intéressent également aux aspects socio-économiques, relevant que «si elle n'est pas une cause directe du terrorisme (...) la pauvreté provoque la montée des mécontentements, souvent exploités par les terroristes». Présenté par M.Cardoso, ancien président du Brésil, le document a été conçu par des groupes de travail qui avaient «à l'esprit l'impératif absolu de respect de la loi», a relevé M.Cardoso. La Canadienne Kim Campbell, ancien Premier ministre, a, de son côté, insisté sur l'importance du fond, à savoir la préservation des droits de l'homme. «Oublier ceci ne peut que nous rendre plus vulnérables», a-t-elle affirmé. Le «Programme de Madrid» est destiné aux gouvernements, aux Nations unies, à l'Union européenne et aux différentes unions régionales, dans l'espoir qu'il sera adopté comme référence dans la démarche des Etats dans la lutte antiterroriste. Une prochaine «Conférence mondiale» sur la démocratie et le terrorisme sera organisée le 11 septembre 2006, pour le cinquième anniversaire de la destruction du World Trade Center, dans un lieu qui reste à déterminer.