Une importante équipe d'experts algériens en matière de sécurité est conduite par Amine Kherbi, conseiller auprès du président de la République. Aujourd'hui, s'ouvre à Riyad, en Arabie Saoudite, la Conférence internationale sur le terrorisme, avec la participation de près de soixante pays confrontés ou intéressés par l'ampleur du phénomène. La conférence, à laquelle participe en force l'Algérie, durera quatre jours, du 5 au 8 février, et s'articulera autour de quatre axes: «Origines, sources, culture et idéologie du terrorisme», «Relations entre terrorisme, blanchiment d'argent et trafic d'armes et de drogue», «Leçons tirées des expériences antécédentes de la lutte contre le terrorisme» et enfin «Mise hors d'état de nuire des groupes terroristes et démantèlement de leurs réseaux». L'Algérie, qui a été choisie avec le Pakistan et le Royaume-Uni pour animer le groupe de travail chargé d'examiner les leçons tirées des expériences de la lutte antiterroriste, sera représentée par Amine Kherbi, conseiller auprès du président de la République, et d'une importante équipe d'experts aux questions sécuritaires et terroristes. Selon les affirmations de responsables et reprises par l'APS, l'Algérie présentera un document qui retrace dans ses grandes lignes le dispositif législatif, institutionnel et opérationnel de lutte antiterroriste mis en place en Algérie et son évolution. La conférence d'Alger sur le terrorisme, organisée fin octobre 2002, a eu le mérite de clarifier beaucoup de zones d'ombre qui concernent aussi bien le terrorisme que les moyens de lutte contre-insurrectionnelle, avec notamment des interventions de colonels de l'armée et du général-major Mohamed Touati. Quelques mois auparavant, juste après les événements du 11 septembre 2001, l'Algérie avait présenté à l'ONU un document «de référence pour plusieurs pays», avait-on affirmé à l'époque. Le communiqué de la conférence signale que le premier groupe de travail constitué de l'Egypte, l'Allemagne et de la Turquie, se penchera, quant à lui, sur «les racines du terrorisme, ses origines, sa culture et son idéologie», et animera le débat autour des thèmes comme le dialogue religieux et les échanges culturels, la réforme de l'enseignement, l'amélioration du traitement et de la couverture médiatique, l'interdiction de la propagation de la littérature véhiculant la haine et l'extrémisme ainsi que la réforme politique et économique. Pour sa part, le second groupe de travail, englobant l'Arabie Saoudite, les Etats-Unis et Singapour, développera les «relations entre le terrorisme, le blanchiment d'argent, le trafic d'armes et de drogue». Le débat qu'il conduira portera sur l'interdiction du blanchiment d'argent, l'amélioration des moyens d'identification des personnes impliquées dans ce trafic, le contrôle des actions de collecte de dons par les associations caritatives et de la société civile, le renforcement des actions de lutte contre le trafic de drogue, l'amélioration des échanges d'informations et de renseignements entre les services de sécurité et le développement d'Interpol notamment sur la criminalité et le terrorisme. Enfin, le quatrième groupe de travail associant la France, l'Inde et la Chine développera le thème «des mesures prises pour le démantèlement des groupes terroristes, aspects légal et opérationnel». Le débat autour de cette question s'articulera sur la coopération internationale en matière d'amélioration des échanges de renseignements et d'entraide policière, l'interdiction du recours par les terroristes au droit d'asile pour s'installer dans des pays stables, le démantèlement et l'interdiction des camps d'entraînement, la distinction entre les activités religieuses, politiques, caritatives et d'enseignement du droit canonique, et l'offre de l'entraînement aux terroristes. Voilà donc comment se présente en «version officielle» la conférence, mais il faut d'ores et déjà que les non-dits et les problèmes de fond seront à ce point délicats pour amener à plus de retenue sur les débouchés des travaux. L'Arabie Saoudite, deuxième pays à organiser pareille conférence, est le pôle du wahhabisme, duquel découlent toute l'idéologie salafiste et tout le magma djihadiste moderne. La même idéologie émaille le discours religieux des autres monarchies du Golfe qui, à l'instar du Koweït, commence à connaître la contestation armée au nom de l'islam. Des pays comme le Pakistan restent assez ambigus dans leur politique antiterroriste, et souvent l'extrême laxisme est alterné par une extrême répression, ce qui n'aide guère à y voir clair. Des démocraties occidentales, comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni, poussent les pays du vaste monde arabo-musulman à plus de rigueur dans leur gestion de l'islamisme politique, dans le même temps, elles les somment d'être respectueuses des droits de l'homme et des procédures d'interpellation et d'incarcération. Tout cela se passe dans le même temps où ces démocraties elles-mêmes, quand il s'agit de se préserver du danger, aussi anodin soit-il, sont peu scrupuleuses de respecter le droit tout court. Washington, Londres et Madrid se sont distingués de façon fort peu élégante dans la gestion de la menace islamiste. Un pays comme l'Espagne, qui avait gagné l'estime des islamistes modérés en se retirant de l'Irak, a subitement adopté une politique plus rigoureuse avec l'incarcération du journaliste Taysir Allouni «pour empêcher qu'il ne quitte l'Espagne», s'était justifié le juge Baltazar Garzon. Débats stratégiques s'il en est, mais qui peuvent aller droit au but si les puissances occidentales mettent plus de coeur à aider les pays musulmans à se développer et à se créer des espaces économiques, politiques et sociaux accessibles à leurs citoyens.