Une exposition organisée par deux de ses élus montrant une carte du Royaume incluant les territoires sahraouis a provoqué sa désapprobation qui s'est transformée en cinglant revers diplomatique pour le Palais royal. Le Sahara occidental, c'est de la figue de Barbarie: «Qui s'y frotte s'y pique!» Comme tout territoire annexé, occupé il vaut son pesant de nitroglycérine. Pour le moment, ce sont des secousses dont les répliques se font ressentir du côté de Rabat. La terre n'a pas tremblé au royaume cette fois-ci mais c'est tout comme. L'épicentre a été localisé à Bruxelles. Le séisme a été provoqué par deux eurodéputés (Gilles Pargneaux et Victor Bostinaru) missionnés dans l'espoir d'acter la mainmise du Maroc sur les territoires sahraouis. Le hold-up devait se traduire à travers une exposition organisée dans l'enceinte du Parlement européen sous le thème «Maroc: terre des énergies renouvelables.» La carte géographique affichée du Royaume englobait les territoires occupés du Sahara occidental. Un acte irresponsable qui défie la légalité et le droit international. Monté cependant délibérément de toutes pièces quelques jours à peine après que la 4ème commission de l'Assemblée générale de l'ONU, chargée des questions spéciales et de la décolonisation a adopté le 10 octobre à New York une résolution réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. «Le projet de résolution, coparrainé par 26 pays, réaffirme la doctrine de l'ONU sur la cause du peuple sahraoui, en tant que question de décolonisation de la dernière colonie en Afrique et réaffirme le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, conformément aux dispositions de la résolution 1514 (XV) de décembre 1960», indique un communiqué répercuté par l'agence de presse officielle sahraouie, Sps. L'opération orchestrée par les mercenaires au service du Makhzen a porté préjudice au Parlement européen qui a tenu à s'expliquer, mais surtout à se démarquer d'une telle démarche. «L'usage de cet espace d'exposition a été alloué sans frais par le Parlement européen à l'un de ses députés, en accord avec les règles en usage. Le Parlement européen n'assume aucune responsabilité quant au contenu et informations figurant dans cette exposition ou manifestation culturelle», a écrit le service exposition du Parlement européen. Le PE qui regorge de voix qui soutiennent le droit du peuple sahraoui à se prononcer sur son avenir par le biais d'un référendum d'autodétermination n'a pas marché dans la combine. L'intergroupe sur le Sahara occidental a vivement réagi et condamné ce type d'initiative qui porte atteinte à la crédibilité de son institution. De nombreux eurodéputés projettent d'interpeller leur président, Martin Schulz, pour dénoncer l'organisation d'une telle exposition dans l'enceinte du Parlement européen en violation des règles régissant l'organisation de telles activités. «Cette représentation est en contradiction avec les positions de l'UE, de l'ONU et du droit international qui ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental», soulignent les rédacteurs du texte qui lui est adressé, qui précisent que le Maroc «ne dispose d'aucun mandat international pour administrer ce territoire». Cette opération coup de poing qui, en sus d'avoir viré au fiasco, s'est finalement transformée en nouveau revers diplomatique cinglant pour le pouvoir marocain. Alors que les deux élus européens kamikazes ont été la risée de leurs collègues. Des auteurs d'une pitrerie. L'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, en fin connaisseur prononce le verdict. «C'est un spectacle affligeant auquel s'est adonné le VRP en chef du Maroc au sein du Parlement européen. Une triste image que de le voir houspillé par les huissiers de cette honorable institution pour violation caractérisée des règles en usage dans l'hémicycle», a déclaré Amar Belani. «Son activisme débridé en sa qualité de relais patenté des thèses marocaines a suscité un mouvement de vive réprobation au sein même de son groupe politique et au sein de la délégation Maghreb dont il est membre», a-t-il ajouté. Le Front Polisario n'est pas resté les bras croisés. Il a saisi la présidente du groupe socialiste au Parlement européen, issue de la même famille politique que les deux mis en cause. Dans une missive qu'il lui a adressée, le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, a exigé le «retrait immédiat» de la carte de géographie en question et qu'une correction soit «apportée publiquement» au nom de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates. «Le Front Polisario a toujours entretenu des relations constructives et positives avec le S&D, et à la faveur de nos engagements, nous n'avons aucune raison de croire que la position officielle des socialistes et démocrates est de soutenir et normaliser l'occupation marocaine du Sahara occidental, ou de contredire les décisions de la Cour de justice de l'Union européenne», a écrit Mohamed Sidati. «Cette carte de géographie qui montre clairement le Sahara occidental comme une partie contiguë au Maroc est trompeuse, et en contradiction directe avec les jugements juridiques énoncés par la Cour européenne de justice», a souligné le diplomate sahraoui. Un carton jaune qui peut virer au rouge.