Le pouvoir est tenu d'«aider la presse algérienne à améliorer sa performance» Le message du président à la presse nationale donne du sens aux réformes politiques lancées depuis 2011. «Aussi différentes que soient nos obédiences, (nous sommes) un peuple uni et unique(...) nous n'avons d'autre patrie que l'Algérie.» La presse nationale a plus de 25 ans d'âge. Elle a un rôle à jouer auprès de la société et peut même se placer en «concurrence» avec l'Exécutif. Quatrième pouvoir, celle-ci n'en n'a pas moins sa journée internationale et aussi nationale, celle que l'on fêtera aujourd'hui. C'est une occasion pour faire le point sur le chemin parcouru et les ratés d'une corporation pas comme les autres, en raison de sa trop grande proximité avec le pouvoir politique. En cela, le chef de l'Etat, qui a institué la journée du 22 octobre, est sans doute le premier à mesurer l'importance de cette institution. Dans son traditionnel message aux journalistes, rendu public, hier, le président de la République a plaidé pour «davantage de compréhension entre le pouvoir et la presse écrite». L'appel est on ne peut plus clair et invite toute la famille de la presse à prendre conscience de la complexité des relations presse-pouvoir. Autant le journaliste doit agir avec professionnalisme au sens plein du terme, autant le pouvoir est tenu d'«aider la presse algérienne à améliorer sa performance», soutient le chef de l'Etat qui estime que la «liberté d'opinion, de diversité d'idées et de convictions» font partie du métier et sont, par conséquent, des aspects à encourager. Cela étant, le président Bouteflika note que cet apport de l'Etat et le professionnalisme de la presse doivent consacrer «la certitude que nous sommes, aussi différentes que soient nos obédiences, un peuple uni et unique et que nous n'avons d'autre patrie que l'Algérie», souligne le président de la République, apportant de fait, une vision réellement patriotique des rapports pouvoir-presse. Il n'est certainement pas aisé de parvenir à ce niveau de cohésion, mais le pays s'est justement doté d'une batterie de textes à l'effet de réaliser ce «rêve». A ce propos, le chef de l'Etat a rappelé que «l'Algérie s'est dotée d'une législation dont nous pouvons nous enorgueillir en ce sens qu'elle a permis à notre pays d'occuper une place importante en terme de reconnaissance et de consécration de la liberté de la presse». Le président a de quoi argumenter, lorsqu'on sait que le délit de presse a été dépénalisé et même avant cela aucun journaliste n'a été emprisonné pour délit d'opinion. Dire que tout est parfait, serait faire montre de myopie, mais il est évident que des pas importants ont été faits dans le sens de relations, sinon apaisées, tout au moins équilibrées entre le pouvoir politique et le contre-pouvoir qu'est la presse. Le chef de l'Etat en veut pour preuve, les avancées contenues dans «l'amendement constitutionnel (qui) vise à conforter les étapes positives que nous avons franchies dans la matérialisation sur le terrain du Code de l'information, notamment l'institution de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav)», a rappelé le président de la République. En sus, il a appelé «la corporation de la presse écrite et les autorités publiques concernées à oeuvrer ensemble pour accélérer la mise en place de l'Autorité de régulation de la presse écrite, stipulée par la loi». Le message du président Bouteflika invite également les journalistes et les autorités publiques à se pencher sur la presse électronique. C'est, en effet, pour la première fois que la question est soulevée à ce niveau de responsabilité. «Je voudrais saisir cette opportunité pour aborder, pour la première fois, un sujet qui constitue un défi fondamental pour la corporation de la presse algérienne et pour l'Algérie tout entière, à savoir la presse électronique qui domine aujourd'hui le monde entier», a indiqué le chef de l'Etat. Et au président de souligner que cette nouvelle étape «est un défi pour l'Algérie tout entière du fait qu'elle (presse électronique) provient souvent de pays étrangers et permet de diffuser des insinuations calomnieuses et injurieuses, de semer les idées subversives, voire de s'attaquer ouvertement et sans aucun scrupule, à notre peuple et à notre pays», a poursuivi le président Bouteflika. C'est, en effet, un véritable défi pour toute la société algérienne. Il ne servira à rien d'avoir la meilleure presse au monde, si l'on ne sépare pas le bon grain de l'ivraie. Une réflexion sur le sujet est de rigueur.