Il est donc attendu que le débat s'animera de plus belle autour du mandat présidentiel à l'avenir. Saâdani vient de passer le flambeau à Ould Abbès qui prend désormais les rênes du plus vieux parti en Algérie. Une longue accolade entre les deux hommes était immortalisée par les photographes et caméras qui ont transmis ainsi un message clair au peuple; une page est tournée et la tâche du nouveau locataire du siège du FLN à Hydra s'annonce diamétralement opposée à celle du trublion ex-secrétaire général. Le nouveau leader, de par sa personnalité et son charisme, semble endosser une mission bien précise, celle de préparer les législatives, mais pas seulement. Déjà à l'heure de la passation de consignes, l'échéance 2019 a été bel et bien annoncée. Ainsi, la feuille de route du nouveau SG semble toute tracée. Elle préfigure d'un rendez-vous électoral tout proche, à savoir les joutes d'avril prochain. Elle projette néanmoins une autre étape, bien plus décisive et qui n'est autre que celle de la présidentielle. Ce décor étant planté, on se pose cependant la question: la scène politique va-t-elle s'emballer au lendemain du départ de Amar Saâdani? Il est évident que la sortie «par la grande porte» de ce dernier suscite déjà un débat au sein du microcosme politique national, celui-ci est d'autant plus justifié que l'événement créé par la démission de Saâdani a lieu à la veille des législatives. Aussi, on s'inquiète à juste titre: le FLN saura-t-il garder sa majorité à la suite de ce chamboulement d'automne? Il est fort à parier que oui, surtout que la situation est maîtrisée et que l'actuelle transition s'est opérée avec une fluidité déconcertante. Point de tsunami donc aux portes de la maison FLN, où Ould Abbès, fort de son succès, joue la carte du pragmatisme, surtout qu'il doit faire face à un grand défi; c'est-à-dire «assurer» le challenge des législatives, certes, mais et surtout celui de 2019. Il n'a d'autre choix que de jouer son va-tout afin de gagner la bataille. Réputé pour être un fervent défenseur du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, Ould Abbès met déjà le curseur plus haut et annonce qu'il restera jusqu'en 2020. En véritable draisine politique il suggèrera certainement que le FLN aura son candidat à la magistrature suprême. Il est donc attendu que le débat s'animera de plus belle autour du mandat présidentiel à l'avenir. Les signes avant-coureurs de cet emballement sont déjà là. Amara Benyounès, le secrétaire général du MPA a décoché une flèche contre le FLN en émettant à partir de Aïn El Hammam (Tizi Ouzou) où il était en meeting: «Nous ne voulons pas retourner vers les années 1990 et nous ne voulons pas non plus retourner vers ce qu'il y avait avant les années 1990, c'est-à-dire le système du parti unique» et d'appeler ses élus à Tizi Ouzou à voter pour le candidat FFS lors du renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation. «Nous n'avons pas de candidat à Tizi Ouzou. J'ai donné instruction pour que nos élus votent pour le Front des forces socialistes!». a-t-il lancé. Rappelons que Amar Saâdani a démissionné, samedi dernier, du poste de secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), pour être remplacé par Djamel Ould Abbès, plébiscité par les membres du comité central réuni en session ordinaire. Saâdani, élu SG du FLN fin août 2013, a insisté, dans une brève allocution prononcée à l'occasion, sur sa démission, malgré le refus des membres du CC du parti, affirmant que cette «décision intervenait dans l'intérêt du parti et du pays». Pour sa succession, c'est l'ancien ministre et actuel vice-président du Conseil de la nation, Djamel Ould Abbès, qui a été plébiscité nouveau secrétaire général par les membres du comité central, conformément aux statuts du parti. Dans une courte déclaration à la presse, Ould Abbès a rendu hommage à Saâdani qui a accompli, a-t-il dit, «comme il se doit» sa mission à la tête du parti, citant plus particulièrement les «acquis» réalisés par le FLN sous sa direction.