"Je vous présente ma démission. Même si vous ne l'acceptez pas, j'insiste, dans l'intérêt du parti et du pays", lance-t-il, résigné à une assistance acquise qui lui répond par une salve d'applaudissements. Clap de fin pour le règne du très controversé Amar Saâdani, un secrétaire général comme le Front de libération nationale n'en avait jamais connu. Contre l'avis des membres du comité central, réunis hier à l'hôtel El-Aurassi et qui ont, à l'unanimité, rejeté sa décision, il a exhorté l'assistance à accepter sa résolution et ne pas trop insister, dit-il, "dans l'intérêt du parti et du pays". Justifiant son absence de la scène politique trois mois durant par des ennuis de santé, Amar Saâdani a refusé de s'étaler sur les raisons qui ont motivé sa décision de se retirer de la direction du FLN. Et s'il a dû attendre le milieu de l'après-midi pour l'annoncer, alors que la rumeur sur son départ était déjà sur les réseaux sociaux depuis la veille, c'est que le personnage a voulu faire durer le suspense jusqu'au bout. Et même la résolution politique lue par le porte-parole de la commission installée à cet effet a laissé penser que le secrétaire général du FLN allait poursuivre sa mission à la tête du parti. Dans cette résolution adoptée à l'unanimité, les membres du comité central ont renouvelé leur confiance à leur SG, se disant complètement mobilisés derrière lui. Mais à l'annonce de la démission, beaucoup parmi l'assistance étaient surpris par la tournure des événements, eux qui pensaient que tout était plié avec le vote, de nouveau à l'unanimité, de la résolution politique. Certains d'entre eux se sont même levés pour protester et demander à leur secrétaire général de revenir sur sa décision. Mais le ton grave adopté par Amar Saâdani montrait qu'il ne pouvait pas faire marche arrière. "Je vous présente ma démission. Même si vous ne l'acceptez pas, j'insiste, dans l'intérêt du parti et du pays", lance-t-il résigné à une assistance qui lui répond par une salve d'applaudissements. Sachant que la sentence était définitivement dite, Amar Saâdani, fidèle à ses défiantes fanfaronnades, a tout de même voulu prendre à témoin les journalistes présents en force dans la salle, les invitant à mesurer la popularité et la considération dont il bénéficiait au sein du comité central. Baroud d'honneur ou ultime défiance à l'adresse de ses détracteurs, il lance aux membres de cette instance : "Que celui qui retire la confiance au secrétaire général du FLN lève la main ? Que la presse note que personne au comité central n'a retiré sa confiance au SG", insistait-il, en voulant certainement montrer à l'opinion publique que la décision de sa destitution ne venait pas des instances du parti mais d'ailleurs. Poursuivant son intervention, il propose à l'assistance l'ancien ministre Djamel Ould Abbès, actuellement membre du comité central du FLN et vice-président de l'APN, qui sera chargé dorénavant de gérer les affaires du parti. Mais Amar Saâdani n'avait pas encore terminé de prononcer la formule tendant à entériner la votation pour le candidat désigné que l'assistance répond par un tonnerre d'applaudissements et des youyous, en guise d'approbation. Le nom d'Ould Abbès avait circulé, hier, tôt le matin, comme étant le successeur d'Amar Saâdani, mais la rumeur évoquait plus un probable intérim que ce dernier devait assurer jusqu'à l'organisation d'une session extraordinaire du comité central pour l'élection d'un nouveau SG. Mais, selon toute vraisemblance, M. Ould Abbès est bien le nouveau SG du FLN, et ce, jusqu'à la tenue du 11e congrès, prévu en 2020. Si l'on se réfère aux propos du chargé de l'information au sein du parti, Hocine Khaldoune, Ould Abbès "jouit de toutes les prérogatives pour gérer le parti" et, par conséquent, "la tenue d'une session extraordinaire du comité central n'était pas à l'ordre du jour à l'heure actuelle". "Le comité central a plébiscité Ould Abbès comme secrétaire général du FLN, ce qui lui confère toutes les prérogatives et il n'est pas SG par intérim", a-t-il déclaré à l'APS, comme pour tenter de mettre fin à la confusion qui a régné à la clôture presque en queue de poisson des travaux du CC. Il a souligné, dans ce sens, qu'il n'y avait pas une situation de "vacance pour le poste du SG", assurant que "la candidature de M. Ould Abbès pour ce poste a été plébiscitée par tous les membres du comité central du parti". Djamel Ould Abbès, lui, a surtout évoqué, dans sa brève allocution, les échéances à court et à long termes qui attendent le FLN, allant jusqu'à se permettre une allusion à la présidentielle de 2019. "Nous avons soutenu Bouteflika en 1999, en 2004, en 2009, en 2014 et, pourquoi pas, en 2019", lance-t-il, certes sur le ton de la dérision. Mais avec ce énième épisode rocambolesque que vit le FLN, l'opinion n'est pas au bout de ses surprises. Hamid SaIdani