2016 a été un grand cru, contrairement à l'année passée où le 1er Prix n'a pas été décerné faute de qualité Des passerelles intergénérationnelles ont été jetées lors de la sympathique soirée où l'assistance a pu apprécier le grand enthousiasme de Lamine Bechichi. Tamazight, consacrée comme langue nationale et officielle par la dernière Constitution, a marqué de son empreinte la cérémonie de la deuxième édition du Prix du président de la République pour le journaliste algérien. Décernés avant-hier au Centre international des conférences, les neuf distinctions ont été certes toutes d'une valeur professionnelle reconnue par les membres du jury, il reste que la coïncidence a été heureuse et a souri à deux belles oeuvres journalistiques d'expression amazighe. Le Premier Prix du meilleur reportage télévisé est revenu à Souad Ilimi de l'Entv pour son reportage intitulé «Souk Netlawine» (Marché des femmes). Elle y a relaté la vie d'un marché totalement dédié aux femmes qui y proposent leurs produits agricoles ou artisanaux. Le reportage colle bien à la thématique du concours axée sur la femme algérienne, en tant qu'acteur majeur du développement économique et social. En «zoomant» sur les activités de cette place marchande et surtout économique, Souad Ilimi a démontré par l'image et le verbe que les femmes étaient créatrices de richesse et également fines négociatrices commerciales. L'oeuvre a séduit le jury, non seulement par rapport à l'originalité du sujet, mais également en matière de maîtrise des techniques du journalisme audiovisuel. L'association de tamazight à un travail de qualité apporte au reportage (sous-titré) une dimension assez surprenante et à tamazight le rayonnement qu'elle mérite. Le ton était à la nostalgie L'autre distinction a véritablement séduit jusqu'à décrocher le Prix du jury. Un coup de coeur donc pour l'excellent travail de la journaliste Sah Nouria, de la radio Chaîne II d'expression amazighe, pour son reportage sur la figue de Barbarie. Sah Nouria a mis an avant, tant la richesse de ce fruit, que l'effort et l'ingéniosité d'une femme qui a su en tirer une plus-value extraordinaire. Un autre clin d'oeil au savoir-faire féminin en Algérie. Outre ces deux travaux journalistiques qui ont inscrit tamazight au sommet de la production audiovisuelle et radiophonique, la cérémonie d'avant-hier a été également très féminine en matière de distinctions. Et pour cause, sur les neuf lauréats, six étaient des lauréates. Et là, ce n'est pas un acte politique, mais tout simplement le fruit du travail de journalistes qui en voulaient et également la preuve que la féminisation du métier de journaliste a permis l'émergence de femmes qui ont démontré une compétence avérée. Cela pour l'aspect, disons, symbolique de la deuxième édition du Prix du président de la République du journaliste algérien. Pour le reste, il y a lieu de souligner l'ambiance détendue, appelons-là, des grands jours, pour nombre de confrères qui ont pu retrouver des collègues après quelques décennies de séparation. Le ton était à la nostalgie pour les anciens et à la découverte pour les jeunes journalistes qui ont appris, pour certains, que la Journée nationale du journaliste n'a pas été instituée par le président de la République, pour la forme. Un marqueur pour la profession Le travail de transmission qui devra absolument se faire entre la génération qui a pratiqué le métier dans les affreuses conditions du colonialisme (la publication Résistance algérienne, dont le premier numéro avait justement paru le 22 octobre 1955), la génération des années «fastes» du socialisme qui a aussi vécu les affres des années rouges et enfin, celles d'aujourd'hui, à cheval entre la «presse de combat antiterroriste» et ses martyrs et l'ère de la dépénalisation du délit de presse.Des passerelles, très timides, faut-il le souligner, ont été jetées lors de la sympathique soirée où l'assistance a pu apprécier le grand enthousiasme de Lamine Bechichi, président du jury et témoin privilégié de la profession dans toutes ses étapes. Cela pour dire que la soirée aura tenu ses promesses, celle d'être un espace convivial des journalistes algériens. On aura aussi compris que le Prix du président de la République du journaliste algérien consacre des oeuvres journalistiques de nos confrères et consoeurs, mais illustre surtout tout l'intérêt pour la profession et le pouvoir exécutif de trouver des «terrains neutres», histoire de détendre l'atmosphère et évoquer l'intérêt commun des uns et des autres, à savoir l'Algérie. La présence de nombreux ministres à la cérémonie et qui ont accompagné le maître de cérémonie, Hamid Grine, témoigne de cette volonté de rapprochement et les directeurs de journaux, également présents en force, ont donné la réplique aux membres du gouvernement. les deux métiers, journaliste et politique, sont liés et il serait de bon ton, à ce que chacun puisse faire son travail dans un respect mutuel. L'initiative présidentielle ne va certainement pas «lisser» les rapports pouvoir-presse, mais le geste mérite que l'on s'y attarde. En fait, le Prix n'est pas une simple affaire de distinction, mais un marqueur de la profession de journaliste en Algérie. Catégorie audiovisuelle Le 1er Prix de la catégorie télévisuelle a été attribué à la journaliste de l'Entreprise publique de télévision (Eptv), Souad Ilimi pour son reportage intitulé «Souk Netlawine» (Marché des femmes). Le 2e Prix est revenu à Abderrahmane Cheriet pour son reportage en hommage aux infirmières de la Wilaya historique II durant la révolution algérienne. Le 3e Prix de cette catégorie n'a pas été attribué Catégorie presse écrite Le 1er Prix a été décerné à la journaliste Hayet Sertah du quotidien arabophone El-Raeed, Le 2e Prix a été décerné à Hana Sbaghdi de l'Agence Presse Services (APS) Le 3e trophée a échu à Imene Kimouche, du quotidien arabophone Echourouk. Catégorie radio Le 1er Prix est revenu à la journaliste Fella Mazari de la station de Tipasa Le 2e Prix a échu à Messaoud Benattallah de la station de Djelfa Le 3e Prix est revenu à Hamza Moussaoui de la station Jil FM.