Sur le terrain, les travaux de désamiantage n'avancent pas. L'amiante est une famille de minéraux fibreux et cristallins très répandue à la surface du globe et largement utilisée dans l'industrie et le bâtiment pour ses propriétés physiques, chimiques et son faible coût. Dans notre pays, ce produit a été largement utilisé aussi bien durant l'époque coloniale qu'après l'indépendance. On le trouve aussi bien dans les produits d'isolation que dans la bijouterie ou dans des produits domestiques dérivés. En raison du danger qu'il représente pour l'organisme, l'amiante fait l'objet d'une législation très stricte pour le contrôle ou l'élimination allant souvent jusqu'à une interdiction totale. Cependant, la réalité sur le terrain est tout autre. En Algérie, en dépit d'une législation existant depuis le 25 janvier 1995, force est de constater que, sur le terrain, les travaux de désamiantage n'avancent pas. Dix ans après la promulgation de la loi, 110 infrastructures contenant toujours cette substance cancérogène sont recensées par les services de la protection de l'environnement à Béjaïa. Parmi elles, 70 établissements scolaires dans lesquels transitent annuellement des milliers d'élèves. Ce même constat est sans doute à faire pour le reste des régions du pays. Les entreprises et les administrations sont donc confrontées à un impératif législatif les mettant devant de graves responsabilités s'ils ne prennent pas de dispositions pour contrôler puis éliminer l'amiante résidant dans leurs locaux. A Béjaïa par exemple, la Direction de l'éducation n'a commencé à procéder à l'élimination de ce produit qu'à partir de 2001, soit six ans après la promulgation du décret. Un responsable de ce secteur parle de 78 établissements scolaires dont les toitures ou les parois contiennent de l'amiante. Parmi ces établissements, il y a lieu de noter ceux construits en préfabriqué par l'entreprise française Dantin dans les années 80 et dont la durée de vie ne devrait théoriquement pas dépasser 20 ans. Or, sur le terrain, 5 lycées (Chemini, Barbacha, Béjaïa...) et plusieurs CEM dont celui d'Akfadou, continuent à être occupés. Cela aux côtés des milliers de salles de classe au primaire datant pour certaines, de l'époque coloniale. Selon un responsable dans le secteur sanitaire, l'amiante est surtout dangereuse lorsqu'elle est à l'air libre. Les particules d'amiante, notamment celles inférieures à 3 microns peuvent créer des troubles graves dans l'organisme, la maladie pouvant se déclarer parfois plusieurs dizaines d'années après la contamination pouvant entraîner la mort. Ces microparticules peuvent être présentes dans l'air, de manière naturelle (zones de montagne exposées à l'érosion) ou artificielle (abords de bâtiments aimantés mal isolés, travaux de désamiantage mal effectués). Pour les nombreux responsables que nous avons contactés, la solution réside dans le remplacement de toutes les infrastructures concernées. Dans le secteur de l'éducation à Béjaïa, le travail entamé depuis 2001 se poursuit chaque année par des programmes d'enlèvement, à l'image de ce qui a été déjà fait à Béjaïa-ville. Il est impossible de procéder à un remplacement général dans l'immédiat du fait que ces structures sont utilisées durant toute l'année. Mais attention, avertissent les spécialistes de la santé quant aux destinées des déchets qui ne doivent nullement être jetés n'importe où. Ils doivent être détruits sinon on n'aurait rien fait pour épargner la santé publique.