Ce produit hautement cancérigène est toujours importé par l'Algérie dans une totale indifférence. Arrivé à peine sur le quai du port d'Alger, un chargement de plus de 17.000 tonnes d'amiante, produit hautement cancérigène, a suscité un débat sur le décalage entre les discours, les lois et les pratiques. Dès l'accostage du navire «Phiang Beng» en provenance de Saint-Pétersbourg, en Russie et qui mouille sur le quai n°20 des spécialistes inquiets ont condamné ce type d'importation et se sont élevés pour lancer un SOS quant aux dangers de ce produit hautement dangereux pour la santé publique. Cela montre à quel point notre pays est loin d'être parmi ceux qui désamiantent leur milieu urbain et industriel. Malgré les textes législatifs incitant à l'éradication du produit de la carte urbaine, le danger de l'amiante persiste en Algérie dans un black-out total. Cette situation est manifestement occultée, alors que les débats en Europe sont arrivés à un niveau où l'éradication des traces de l'amiante, des édifices publics notamment, est devenue une priorité gouvernementale. D'ailleurs, les textes législatifs obligent tous les propriétaires d'immeubles à traquer, à l'aide de contrôleurs agréés, la présence d'amiante dans les flocages, calorifugeage et faux plafonds. Sous d'autres cieux, l'on reconnaît qu'on avait fait un mauvais choix en utilisant ce produit dans la construction qui, malgré ses qualités en matière de résistance à la chaleur, au feu et son inertie chimique, a causé d'énormes dégâts sur la santé publique. Difficile de remonter le cheminement de la cargaison déchargée mardi dernier. A première vue déjà, les conditions de déchargement du produit exporté en palettes donneraient des frissons sur les conséquences de l'exposition pendant 3 jours, des dockers chargés de le débarquer. Une inhalation excessive de la poussière toxique et agressive de l'amiante entraînerait incontestablement des effets négatifs sur la santé de ceux qui s'y exposent. L'énorme quantité importée d'Europe de l'Est, laisse entendre que le produit n'est pas destiné à l'industrie. Il ne pourrait servir qu'aux travaux de bâtiment. Peut-on encore jouer avec le feu en utilisant contre tout sens l'amiante dans les constructions en Algérie? Pourtant, c'est malheureusement le cas. Des indiscrétions, difficilement obtenues, laisseraient entendre que l'Entreprise de réalisation et de construction (Ercc) serait propriétaire du chargement. Il fallait alors chercher à quoi pourrait encore servir ce produit cancérigène. Le produit serait destiné à fabriquer les plaques ondulées, pour faux plafond, de flocage, de calorifugeage et dans les travaux de tuyauterie et d'étanchéité du bâtiment. Information confirmée par des ingénieurs de l'une des filiales de l'Ercc. En revanche, nous n'avons pu prendre attache avec les premiers responsables de l'Ercc (en mission) pour avoir leur son de cloche. Des sources expliquent, face à cet état de fait, que ce n'est même pas la peine d'espérer une application de l'arrêté interministériel du 15 juillet 1999 relatif aux règles techniques que doivent respecter les entreprises effectuant des activités de confinement et de retrait de l'amiante. A quoi sert-il de se préoccuper de désamiantage, alors que l'utilisation de ce produit se fait encore sans souci? Les anciennes bâtisses construites à l'époque coloniale comportent en grande majorité de l'amiante. Peu de ces édifices ont été soumis aux opérations de désamiantage. Tantôt, l'on évoque la cherté du coût des opérations, tantôt c'est tout simplement de l'indifférence assassine. A part la Coupole du Complexe sportive Mohamed-Boudiaf et quelques centres universitaires, rares sont les opérations qui affirment une action sérieuse d'éradiquer le danger. Beaucoup reste à faire. Le danger menace surtout les établissements scolaires, universitaires certains pénitenciers et les anciens locaux à usage de bureaux construits du temps de la France. Pour les risques pathologiques et toxiques de l'amiante, les scientifiques demeurent unanimes: les dégâts entraînés ainsi que le nombre de personnes atteintes constituent une preuve avérée. Les études effectuées dans les grands laboratoires occidentaux ont poussé les gouvernements à prendre des décisions immédiates prévoyant des sanctions pénales contre tout relâchement. En effet, la poussière de l'amiante est carrément mortelle lorsqu'elle colle aux poumons, après avoir être inhalée. Ceux qui échappent momentanément à la mort, souffriront de maladies redoutables: pneumonie aiguë, insuffisances respiratoires chroniques, cancer broncho-pulmonaire, insuffisance ventriculaire et bien d'autres maladies mortelles.