Seuls les concernés vivant cette situation peuvent en parler. Décidée par la 89e réunion plénière des Nations unies le 16 décembre 1992, la Journée nationale des handicapés, est-elle aujourd'hui réduite à sa plus simple expression c'est-à-dire un simple hommage destiné à cette catégorie de personnes défavorisées. Seuls les concernés par cette question peuvent répondre en toute sincérité. C'est la journée où l'on se rappelle qu'il existe une telle classe qui ne vivait peu-être pas comme toutes les autres catégories de la société. Un bon nombre des handicapées pensent «qu'il s'agit», parlant de cette journée, «d'une initiative courageuse qui bouscule bien des sentiments de solidarité», et un autre bon nombre qu'il s'agit «d'un aiguillon pour ceux qui n'en ont rien à faire des personnes handicapées». Selon une étude qui a été faite récemment, deux sur trois handicapés affichent une position bienveillante à ce genre de célébrations. Seule une minorité y est défavorable «n'ayant pas remarqué de résultats convaincants». Ce qui fait mal au coeur surtout, est le fait d'organiser des quêtes «charitables» qui maintiennent les personnes handicapées dans une relation d'assistanat, niant de ce fait leurs droits fondamentaux. Nombre d'associations s'accordent aussi à affirmer que l'intérêt accordé aux handicapés ne doit pas se limiter à leur journée mais doit se manifester tout au long de l'année et se traduire par une prise en charge des problèmes auxquels ils sont confrontés au quotidien. Pour revenir à cette journée de fête qui coïncide avec le 14 mars de chaque année, des festivités sont organisées à travers tout le territoire national. L'Association nationale des handicapés juge, à travers ses manifestations organisées un peu partout, que cette journée est l'occasion pour exprimer la voix des personnes handicapées. Cette association s'est fait jour pour réclamer les droits de ces personnes dépourvues et prendre en charge leurs doléances. Elle revendique surtout l'insertion des handicapés dans la société et le marché du travail. Une tâche qui est, faut-il le dire, loin d'être assurée. «L'exclusion de la vie sociale et de la vie ordinaire de la société de certaines personnes handicapées nous interpelle aujourd'hui. Elle suscite notre préoccupation et invite l'ensemble de la société à réfléchir à des normes qui tiennent impérativement compte de la diversité des situations et de leur complexité», déclare le président Bouteflika dans un message adressé, hier, aux handicapés. Il regrette par ailleurs que «l'accessibilité de certains lieux continue de se poser comme un frein à une participation totale de la personne handicapée à la gestion des affaires de la cité». Sur la question portant prise en charge des handicapés, l'Etat consacre chaque année une enveloppe budgétaire spéciale pour leurs allocations, sachant que cette catégorie perçoit 3000 DA par mois. Ces derniers ont le sentiment de vivre une profonde injustice. Cependant, le président de la République les rassure en disant que «la situation des personnes handicapées doit être envisagée dans le futur pacte national économique et social que j'ai initié, et qui permet à chaque citoyen d'avoir sa place dans la société». Et de préciser que «ces mesures doivent être mises en application grâce à un dispositif administratif intégré, responsable, en mesure de mobiliser l'ensemble des acteurs. La mise en place prochaine du Conseil national pour les personnes handicapées constituera une étape dans la mise en oeuvre et l'enrichissement des actions publiques de l'Etat». Dans sa missive, le premier magistrat du pays dira enfin que son message «s'inscrit dans le cadre de la réconciliation nationale qui doit déboucher sur une société sans exclusion, et particulièrement attentive aux personnes fragilisées par un handicap physique et/ou mental».