img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P161102-13.jpg" alt=""L'avenir de l'humanité est commun"" / C'est à la salle El Djazaïr que la conférence s'est déroulée en présence d'un public averti. Le cycle de conférences-débats s'est poursuivi au Salon international d'Alger, et lundi dernier, c'est une figure médiatique de premier plan et non des moindres qui a été conviée pour aborder plusieurs questions de l'heure. Il s'agit de Edwy Plenel, directeur du journal électronique français Mediapart, mais aussi ancien directeur de la rédaction du prestigieux quotidien français Le Monde. C'est à la salle El Djazair que la conférence s'est déroulée en présence d'un public averti. Le conférencier a tenu d'abord à rappeler son expérience dans le lancement du journal Mediapart. Une expérience inédite et originale mais non sans risques. L'orateur a rappelé que le journalisme est une forme d'engagement démocratique et la responsabilité est au coeur même du citoyen. L'intervenant a, dans le même sillage, indiqué que ceux qui ont le pouvoir veulent garder l'information à eux pour que la maîtrise du pouvoir ne soit pas mise en cause. «Or, pour être un citoyen complet, on doit être informé de tout ce qui a trait à l'intérêt public», ajoute Edwy Plenel rappelant aussi que la démocratie, ce n'est pas uniquement le droit au vote, mais aussi le droit d'être informé de manière objective «car les médias peuvent orienter le public vers un vote destructeur». L'orateur a cité l'exemple des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis d'Amérique. «Les USA ont envahi l'Irak après ces attentats alors que ce pays du Golfe n'a absolument aucun lien avec les opérations terroristes en question. Pourtant, les médias ont joué le jeu en accompagnant ce gros mensonge et cette tromperie», ajoute le conférencier. Ce dernier enchaîne: «De cette destruction est née l'organisation terroriste l'Etat islamique, la guerre en Irak, et tout ce qui se passe actuellement autour de l'islam lui-même avec des conséquences dans le monde entier.» Edwy Plenel a expliqué qu'une presse indépendante et rigoureuse s'impose pour combattre les politiques de la peur. L'intervenant a expliqué que Mediapart a tenté de relever ce défi et, selon lui, on peut conclure que l'entreprise a réussi puisque Mediapart compte actuellement, huit ans après son lancement, pas moins de 123.000 abonnés permanents payants et quatre millions de visites par mois. Pour illustrer le succès de Mediapart, l'ancien journaliste du Monde, a rappelé que le quotidien français Libération vend moins de 60.000 exemplaires par jour et Le Monde en est à 210.000 exemplaires. Le directeur de Mediapart a expliqué que désormais son journal est rentable sans pour autant qu'il ne soit obligé de céder aux pressions d'un quelconque pouvoir. Il met en avant d'ailleurs le mot d'ordre de Mediapart selon lequel «seuls nos lecteurs peuvent nous acheter». Plenel a aussi loué les aspects positifs de la presse électronique car, selon lui, désormais, les journalistes ne sont plus au-dessus de leur public «et de nombreux journalistes sont déstabilisés par cette nouveauté». Pourtant, d'après Plenel, cette nouvelle forme de journalisme est plus enrichie, plus sourcée et plus documentée». L'orateur a toutefois insisté sur le fait qu'être un média libre, indépendant et sérieux a un prix. Edwy Plenel a, en outre, souligné qu'un média doit également rencontrer son époque, c'est-à-dire qu'il doit défendre les minorités et refuser l'exclusion et les discriminations pour enfin retrouver une espérance. «Dans les temps présents, on refuse de parler de la liberté comme si la liberté était une faiblesse», a ajouté l'un des invités de marque du Sila aux côtés de Dany Laferrière, Jean-Christophe Ruffin... La longue parenthèse des médias fermée, Edwy Plenel a poursuivi son intervention en évoquant d'autres questions d'actualité. L'orateur a rappelé que nous sommes devenus des sociétés d'individus, mais qu'on doit trouver un idéal commun pour avancer: on doit s'interroger tous sur qu'est-ce qu'on peut faire ensemble? Le brillant journaliste qui a passé son adolescence à Alger (de 10 à 18 ans) a indiqué par ailleurs: «Aucune religion ne doit s'imposer dans le monde. Tous les êtres humains font un chemin ensemble et peu importe si tu vas à la mosquée, à l'église ou à la synagogue.» L'enjeu est plutôt ailleurs, a conclu Plenel. Il s'agit de se préparer à faire face à la crise multidimensionnelle qui attend le monde. C'est le cas de la crise économique dont les prémices sont déjà là, mais aussi de la catastrophe écologique, a précisé l'invité du Sila.