Les sept candidats de la droite - dont une femme - à la présidence française lors de leur deuxième débat télévisé En réalité, la tournure prise par le débat en dit long sur les rapports latents des responsables de la droite avec l'ancien président de la République. Tous semblent lui en vouloir. Jeudi dernier, en France, a eu lieu le second débat télévisé entre les candidats à la primaire de la droite et du centre. Un débat surtout mal dirigé et rendu partial de bout en bout par les deux animatrices de l'évènement (Ruth ElKrieff et Laurence Ferrari) qui ont fait preuve d'une partialité visible et qui n'en semblaient pas gênées, à l'image de cette question «pourquoi postulez-vous contre Sarkozy» qui en dit long sur les intentions des médias qu'elles représentent et sur l'orientation qu'elles avaient voulu donner à ce débat. Ce que l'on sait, ce que le bon sens dit, c'est que, dans un tel débat, les candidats qui ne sont pas ou ne se sentent pas favoris essaient généralement de grignoter des points à celui qui l'est ou à ceux qui le sont. C'est même faire dans le simple et friser l'ordinaire que d'y penser. Des bizarreries Or, ce qui s'est passé jeudi c'était autre chose. C'était un débat qui eut lieu contre toutes les attentes et à contrepied des prévisions les plus élémentaires. A part un seul candidat (Poisson), tous les autres s'en étaient pris à Nicolas Sarkozy alors que le favori des sondages, jusque-là, était Alain Juppé. Il aurait été plus normal que les uns et les autres s'attaquent à Juppé car c'est lui qui entrait dans la salle avec le burnous de favori car bénéficiant du meilleur score dans les opinions de vote. C'est donc à lui que les outsiders et autres prétendants devaient s'en prendre s'ils voulaient lui piquer quelques points et réduire sa part d'électeurs acquis. Mais au lieu de cela, c'est Sarkozy qui fut assailli de toutes parts et mis mal à l'aise. Nous eûmes ainsi droit à une situation bizarre qui n'a pas manqué d'être remarquée et signalée par certains médias et par Sarkozy lui-même mais, plus bizarre encore, sur aucun plateau de télévision, sur aucun tabloïde, sur aucune radio n'a été posée la question de savoir pourquoi, au lieu de s'en prendre à Juppé, Le Maire, Copé, Fillon, et Nathalie Kosciusko-Morizet avaient passé tout le temps de ce qui devait être un débat, à focaliser leurs tirs sur Sarkozy. En réalité, la tournure prise par le débat en dit long sur les rapports latents des responsables de la droite avec l'ancien président de la République. Tous semblent lui en vouloir. Lui reprochent-ils d'être revenu briguer un autre mandat après son échec en 2012? N'ont-ils pas encore digéré le fait qu'il ait fait perdre le pouvoir à la droite à cause de ses erreurs répétées? C'est ce qui semble ressortir de la flèche décrochée par Bruno Le Maire à l'égard de son ancien chef lorsqu'il lui fit remarquer que «lorsqu'on s'est déjà présenté à des élections présidentielles en tant que président sortant et qu'on a perdu, il n'y a pas lieu de revenir postuler une autre fois». Dans ce débat de la primaire, tout le monde avait quelque chose à reprocher «au chef» qui avait préféré alors jouer sur la défensive. à un moment de la soirée, certains lui reprochèrent d'avoir failli à sa promesse de quitter définitivement la politique et d'être revenu. Comme si, dans les rangs de «Les Républicains», on craignait que le succès de Sarkozy à la primaire aboutisse à une autre défaite de leur parti tant il est vrai que, si Hollande est indiscutablement disqualifié même s'il postulait seul à la présidence, Le Pen est loin de l'être. Et elle n'attend qu'une candidature de Sarkozy à la présidentielle pour voir s'ouvrir à elle l'occasion tant rêvée de s'asseoir sur le fauteuil de l'Elysée car, il ne faut pas se faire d'illusions, le FN prend racine doucement, mais sûrement après le mandat catastrophique de Hollande, les attentats de Paris et de Nice notamment et bien sûr la zizanie dans les rangs de la droite que le retour de Sarkozy n'aide point. L'effet de tribu Mais les bizarreries de la droite en France ne s'arrêtent pas là. à la fin d'un débat, certes un peu meilleur que le précédent mais volontairement mal orienté par les animatrices, les résultats d'un sondage auprès d'un panel représentatif de la population française donnent Juppé comme étant le plus convaincant avec 34% des opinions, devançant Sarkozy avec 24% et Fillon avec 15%. Un résultat qui confirme les sondages précédents et réconforte Juppé quant à la position de favori des Français. Cependant, chez les sympathisants de la droite et du centre, c'est Sarkozy qui est en haut des sondages avec 31%, suivi de Juppé avec 29% et Fillon avec 21%. Les résultats de ce deuxième sondage, en contradiction avec la tendance générale, et bien qu'il n'ait pas attiré l'attention des analystes en France, nous semble poser deux «petits» problèmes. Tout d'abord, et contrairement à la position de leurs responsables qui malmenaient Sarkozy sur le plateau tout au long de la soirée, 34%, soit plus du tiers des sympathisants de droite et du centre disent préférer Sarkozy aux autres candidats posant ainsi un vrai problème de cohésion interne qu'il va falloir penser à résoudre avant l'élection présidentielle très proche. Une cohésion déjà mise à mal à cause du soutien de Bayrou à Juppé, que les uns ont trouvé normale à l'image de Copé ou insignifiante, comme l'a fait remarquer Fillon alors que d'autres fustigent comme la peste à l'image de Sarkozy et de Le Maire qui n'ont eu de cesse de revenir sur le sujet, agaçant candidats et téléspectateurs. Ensuite, l'autre «petit» problème qui ressort de la contradiction entre les deux sondages, c'est que, dans une société civilisée, et dans les moments difficiles, l'intérêt général doit nécessairement primer sur l'intérêt restreint. Dans une société instruite, en principe, les gens ont assez de hauteur de vue pour se hisser au niveau des exigences du moment et choisir loin de la subjectivité et de la partialité leur président, surtout lorsque, et c'est le cas en France pour cette primaire, les candidats sont de la même famille politique. Aujourd'hui, ce qui se passe est tout à fait le contraire. Ce qui arrive en France, c'est ce que nous appellerions «l'effet de tribu». Comment caractériser autrement cette situation où, contrairement à la tendance générale en France qui préfère Juppé, les gens de droite (aidés de quelques-uns du centre) préfèrent voter Sarkozy? Cela ne ressemble-t-il pas à une tribu qui veut défendre l'un des siens malgré tout et envers tous. Une attitude qui oublie en la circonstance, l'intérêt général et se focalise sur l'intérêt restreint de la tribu, du parti et des idées partisanes. Une attitude qui rappelle le comportement des premières phases de l'humanité, la préhistoire, mais qui rappelle aussi celui de la classe politique dans certains pays où la politique n'est plus ce qu'elle était ni ce qu'elle devrait être. L'effet de meute Aux Etats-Unis, et à l'occasion de la campagne électorale préparant l'élection présidentielle qui approche à grands pas, il nous a été donné de constater certains comportements des plus bizarres qui, pour le moins que l'on puisse dire, n'ont rien à voir avec la démocratie. Tout, en effet, semble avoir été fait pour que Clinton gagne face à son rival républicain, le milliardaire Trump. Au moment où il commençait à grimper dans les sondages, des enregistrements compromettants lui ont été ressortis d'un passé oublié. Chanteurs, acteurs, sportifs, top modèles ont été mobilisés pour lui faire barrage, même la Première Dame des Etats-Unis n'a pas hésité à s'afficher avec sa favorite et à faire des meetings de soutien en faveur de celle qui l'avait précédée dans cette fonction. Que toutes les forces des démocrates soient déployées pour faire grimper la candidate du parti, cela est tout à fait naturel, mais que tous les journaux, que toutes les chaînes de télévision, que toutes les radios se mettent contre Trump voilà qui semble un peu bizarre. Que même des républicains s'emportent contre leur candidat et osent exprimer publiquement leur opposition à son élection, voilà aussi ce qui est anormal. Enfin, que le président des Etats-Unis daigne descendre dans des meetings manifester, manches retroussées, son opposition à Trump et le fustiger comme il l'a fait, voilà qui n'est pas normal. Aux Etats-Unis, la meute semble lâchée contre Donald Trump. On a l'impression que des décideurs tapis dans l'ombre ne veulent pas de lui et que, pour cela, ils ont mis le paquet quitte à faire d'énormes entorses à une démocratie qui boîte déjà suffisamment. Cela nous rappelle d'ailleurs la France lorsque Chirac affrontait Le Pen au deuxième tour et que la meute était lâchée ouvertement contre ce dernier. Il n'y a que la démocratie, en France et aux Etats-Unis, qui croit encore que l'on puisse se débarrasser des extrémistes comme Le Pen et Trump en montant les médias et l'opinion publique contre eux ignorant ou feignant ignorer que si les Le Pen et le Trump existent toujours c'est grâce aux bêtises des politiciens et à l'aberration des politiques menées ici et là. En attendant, quelque chose laisse craindre cette fois une surprise aux Etats-Unis. Quant à la France, attendons d'abord de voir qui gagne la primaire de Sarkozy ou de Juppé car ce n'est qu'en fonction de ce résultat que l'on saura si Le Pen sera présidente des Français ou pas.