A quelques mois de l'élection présidentielle française prévue en 2017, les candidats pour les primaires de droite et du centre droit affinent leurs stratégies et affûtent leurs armes. Sept candidats vont tenter de gagner le dernier ticket qui les mènera au palais de l'Elysée. Mais le chemin semble sinueux encore, même si tous les sondages donnent Alain Juppé victorieux en mai 2017 quel que soit son rival. La vie politique française s'est emballée jeudi dernier, à l'occasion du premier débat télévisé entre les sept candidats aux élections primaires du parti Les Républicains (LR) et du centre droit. Celles-ci auront lieu les 22 et 29 novembre prochains. Elles devraient désigner le candidat officiel qui représentera la droite républicaine à la présidentielle d'avril 2017. Les candidats ont directement confronté leurs programmes, deux heures durant, et tenté de convaincre le maximum d'électeurs. Il y avait l'ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012), François Fillon, ancien Premier ministre, Alain Juppé, ancien ministre des Affaires étrangères, Bruno Le Maire, ex-ministre de l'Agriculture, Jean Frédéric Poisson, député et président du Parti chrétien-démocrate (PCD), Jean François Copé, député, et Nathalie Kosciusko- Morizet également députée. Selon les sondages, c'est Nicolas Sarkozy et Alain Juppé qui seraient qualifiés pour le deuxième tour des primaires le soir du 22 novembre prochain. Mais c'est M. Juppé qui l'emporterait face à son rival au deuxième tour. L'actuel maire de Bordeaux (sud-ouest de la France) est même donné victorieux au second tour de l'élection présidentielle de 2017, et ce, peu importe le candidat qui sera en face de lui, y compris la présidente du Front national, Marine Le Pen. La droite et sa cure d'amaigrissement La droite espère revenir au pouvoir en 2017. Pour cela, elle veut exploiter les échecs et les renoncements de François Hollande et séduire même les électeurs de gauche. D'ailleurs, ces derniers se préparent à aller voter massivement dans le seul but d'éviter que Nicolas Sarkozy n'en sorte vainqueur. Le débat télévisé entre les sept candidats a montré que des ressentiments et des rancœurs sommeillent dans le cœur de chacun d'entre eux. Néanmoins, ils sont d'accord sur un seul point : faire subir à la France une cure d'amaigrissement. Ainsi, l'ensemble des prétendants veulent augmenter la durée de travail, prolonger l'âge de départ à la retraite, supprimer des centaines de milliers de postes de travail dans la fonction publique, baisser drastiquement les allocations familiales et rendre dégressives les allocations chômage. Un coup de tournevis économique sans précédent qui risque de pousser des millions de gens dans la rue comme durant les grève de 1995 sous Jacques Chirac. Sur les questions de société, Nicolas Sarkozy bataille pour imposer dans les débats politiques le triptyque islam- immigration et identité. Il veut suspendre le droit au regroupement familial, mettre en prison tous les fichés S (ces Français sur lesquels pèsent de gros soupçons de radicalisme), interdire le port du voile dans les universités et retirer les allocations familiales à toute personne portant la burqa. L'ancien président est convaincu que la politique d'intégration des étrangers (en majorité des maghrébins et des africains) a échoué et qu'il faut désormais passer à la politique d'assimilation. Autrement dit, demander à toute personne étrangère voulant devenir française de renier ses origines, sa culture, ses traditions, se fondre dans la société française et crier haut et fort que ses ancêtres étaient des gaulois. Juppé et son «identité heureuse» Ce n'est pas la vision qu'a Alain Juppé, même s'il reconnaît que l'islam politique pose un problème à la République française. Le maire de Bordeaux plaide pour une «identité heureuse» dans laquelle tous les Français, peu importe leurs origines ou leurs cultures, peuvent se retrouver et s'unir pour un même idéal, celui de la liberté et de l'égalité. Néanmoins, l'ancien ministre des Affaires étrangères veut lui aussi durcir les conditions du regroupement familial, en relevant à la fois le seuil des revenus du demandeur et en exigeant que ce dernier soit présent en France depuis 2 ans au moins et non pas 18 mois. M. Juppé plaide pour une société française diverse, acquise aux valeurs républicaines et de démocratie et échappant à l'esprit du communautarisme et du renfermement sur soi. Sur le plan sécuritaire, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé se sont engagés à augmenter le nombre des services de sécurité afin, d'une part, lutter contre le terrorisme qui menace la France mais aussi démanteler les réseaux djihadistes avant qu'ils ne passent à l'action, d'autre part. Se disant prêt et déterminé à assumer la haute fonction de l'Etat, Alain Juppé veut emmener les Français sur le «chemin de l'espérance» et de «l'optimisme», sans oublier que Nicolas Sarkozy reste toujours en embuscade. Et qu'il peut revenir à tout moment.