L'alliance pense faire jouer un rôle pour les forces navales de l'armée algérienne dans la sécurisation de la Méditerranée. Les huit frégates du standing Nato Response Force (NRF) maritime groupe -Snmg2 -sont entrées, hier, au milieu de la journée dans la baie d'Alger. Prévue pour une durée de quatre jours, la mission l'Otan, bien que présentée comme une sixième escale après celles de Barcelone, Toulon, Souda, en Grèce, Aksaz, en Turquie et Taranto, en Italie, elle se présente bel et bien sous les allures d'une importante flottille qui accoste au port d'Alger pour des objectifs tout aussi importants. Après l'accostage de la frégate Themistoklis au port d'Alger, le colonel major, Ionnis Karaiskos (Grèce) a été accueilli par le colonel Abbad, commandant de la base maritime d'Alger, avant d'être par la suite reçu au siège du commandement des forces navales par le commandant des forces navales, le général M'hand Tahar Yala. Cette escale s'inscrit dans le cadre du «dialogue méditerranéen de l'Otan et l'application du programme d'activités 2005 adopté entre l'Armée nationale populaire et l'Otan», a précisé le colonel Chérif Adnane, chef de la cellule de communication des forces navales. L'objectif est pour l'Algérie de consolider l'activité opérationnelle entre les unités des forces navales et celles de l'Otan, permettre aux forces navales algériennes de bénéficier de l'expérience de l'Otan dans les opérations d'interdiction maritime et de maîtriser les mesures tactico-opérationnelles appliquées par l'Otan. A l'issue de l'escale, des exercices conjoints entre les unités des forces maritimes et ce groupe seront effectués en haute mer dont des manoeuvres de tactique liées aux opérations de l'interdiction maritime. Le colonel Adnane a, par ailleurs, indiqué que le Commandement des forces navales a tracé cette année un riche programme de coopération, tant sur le plan bilatéral que multilatéral, soulignant à cet effet qu'une unité des forces navales turques se rendra en Algérie dans 10 jours, et que des unités des forces navales algériennes effectueront, prochainement pour la première fois, un exercice à l'extérieur du pays avec les forces navales d'un pays européen de la Méditerranée. La consistance de la flottille et la date de sa venue renseignent pour tout le moins sur la prépondérance de cette nouvelle venue d'une force multinationale dans la capitale algérienne. Composée de huit frégates, dont deux espagnoles, une italienne, une grecque, une turque, une allemande et une néerlandaise, c'est bien une des plus imposantes qui aient jamais accosté dans la baie d'Alger. Ensuite, la date choisie, entre le 18 et le 21 mars, c'est-à-dire jusqu'à la veille de la tenue du Sommet arabe d'Alger, qui se présente cette fois-ci avec des particularités de taille, voire déterminantes, si l'on considère que le projet GMO recherché par Washington veut que les Etats arabes se dirige vers plus de démocratie, d'ouverture et de libéralisation de leur politique intérieure et de leur économie. Le même jour de l'accostage de la flottille de l'Otan à Alger, les ambassades des pays membres de l'Otan et de hauts responsables des Etats du Golfe donnaient le coup d'envoi, à Rome, de la conférence sur le «Grand Proche-Orient». Le séminaire dirigé par le secrétaire-général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a pour objectif direct de renforcer les liens de coopération entre l'alliance et plusieurs pays arabes, mais aussi de pousser ces mêmes Etats à plus de libéralisation et de démocratisation de leurs institutions, étape nécessaire, assure l'Otan, pour diminuer les tensions locales, qui souvent débordent sur les pays occidentaux. L'islamisme armé est annoncé comme le plus caractéristique de ces tensions internes. L'Algérie, qui négocie par ailleurs avec l'Otan dans le cadre du «Dialogue méditerranéen», lequel regroupe aussi l'Egypte, le Maroc, la Mauritanie, Israël, la Jordanie et la Tunisie, a offert, depuis 1999, date de la visite du président Bouteflika au siège de l'Otan à Bruxelles, un forum de choix et un partenaire privilégié pour l'Otan. Plusieurs manoeuvres militaires et tactiques se sont déroulées depuis, en Méditerranée, et au cours desquelles l'armée algérienne, notamment sa force navale, a eu à s'exercer avec les forces multinationales. Des échanges techniques, une coopération accrue et la présence du chef de l'état-major de l'ANP ont donné plus de souffle aux contacts Algérie-Otan. Le risque que peut présenter la Méditerranée depuis les attentats du 11 septembre et le rôle que peut jouer l'Algérie dans la sécurisation de la berge sud du Bassin méditerranéen ont donné encore plus d'intérêt au partenariat avec l'Algérie. D'où toute cette concentration des forces multinationales dans la baie d'Alger.