Le Premier ministre Abdelmalek Sellal lors de l'audience que lui a accordée le serviteur des Lieux saints L'accueil royal qui a été réservé au Premier ministre prouve qu'une nouvelle page est en train de s'ouvrir entre les deux pays, avec comme ligne de mire la résolution pacifique de la guerre au Yémen. C'est un véritable accueil royal qui a été réservé par l'Arabie saoudite au Premier ministre Abdelmalek Sellal. Le chef de l'Exécutif qui a atterri à Riyadh dans la soirée de lundi dernier pour une visite officielle de deux jours, a eu droit hier à une journée des plus chargées. Plusieurs rendez-vous l'attendaient, dont le plus important était son entrevue avec le serviteur des deux Lieux saints, le roi Salmane Ibn Abdelaziz Al Saoud. Une longue entrevue où selon les communiqués officiels des deux parties, les relations bilatérales entre les deux pays ont été passées en revue. Chose impensable, il y a quelques mois vu la tension qui caractérisait la relation algéro- saoudienne à cause du refus de notre pays de participer à la guerre au Yémen. Mais depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. L'Arabie saoudite s'est «noyée» dans une guerre sans fin qui est en train de la ruiner, elle dont les finances sont fortement ébranlées par le crash pétrolier qui perdure depuis plus de deux ans. Les choses se compliquent davantage du fait que le royaume devra continuer tout seul cette guerre sans fin. L'Oncle Sam, son allié traditionnel, est sur le point de le lâcher. L'élection de Donald Trump a mis un terme définitif aux desseins des monarchies du Golfe. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche a confirmé son intention de changer de politique dans la région. De fait, Riyadh qui ne voit pas le bout du tunnel avec un prix du pétrole sous la barre des 45 dollars, devra faire sans son principal allié dans la région. Trump n'a-t-il pas affirmé que le Royaume saoudien ne tiendrait pas 20 jours sans le soutien des USA? L'intention affichée du nouveau maître du monde de reprendre langue avec Moscou et de ne plus exiger le départ de Bachar El Assad, a sonné comme un dernier avertissement pour le royaume qui cherche un moyen de «sortir» de son propre piège. Menacée dans son existence même, l'Arabie saoudite a intérêt à éteindre le foyer yéménite et améliorer ses relations avec l'Iran et la Russie. Qui mieux que l'Algérie, qui a toujours entretenu de bonnes relations entre les deux blocs, pour faire le rapprochement entre les deux ennemis? Les Saoudiens l'ont déjà bien compris. Ils avaient lâché du lest et fait preuve d'une grande diplomatie lors de la réunion sur le pétrole à Alger. L'Algérie avait alors réussi un coup de maître en rapprochant les points de vue de ces trois pays sur le dossier du pétrole. Pour les Saoudiens, cela ne fait donc plus de doute, leur survie passe par une alliance avec Alger qui a une réputation bien forgée dans l'exportation de la paix, avec son principe du règlement pacifique des conflits, et dont les Saouds ont bien compris que c'était la seule solution pour que le Moyen-Orient retrouve sa sérénité. En échange de ce «deal», l'Algérie semble avoir négocié un renforcement des partenariats économiques. La valeur des échanges commerciaux se situait seulement à 619 millions de dollars en 2015. Pis encore, les importations algériennes s'estimaient à plus de 612 millions de dollars, et cela pour deux pays dont les opportunités d'échanges sont innombrables. Quatre projets ont certes été validés par le Conseil d'affaires algéro-saoudien; ils sont actuellement au stade de l'évaluation. Ces projets portent sur la réalisation d'un hôpital privé, d'une entreprise d'engins mécaniques, d'une usine de production de pansements médicaux et une autre de transformation alimentaires. Toutefois, cela reste encore des plus insuffisants compte tenu des opportunités de partenariats pouvant lier les deux pays. On parle là de l'Arabie saoudite et de ses gros fonds d'investissement, pas d'un petit pays où l'on pourra se satisfaire de ce genre de petits projets communs. C'est donc dans ce sens que Abdelmalek Sellal en a profité pour recevoir le très influent directeur du Fonds saoudien des investissements généraux, Yasser Erramiane, après avoir reçu le ministre d'Etat saoudien aux Affaires étrangères, Nizar Ibn Oubeid Madani et le ministre saoudien du Travail et du Développement social, Moufridj Ben Saad Al-Haqabani. Aujourd'hui, Sellal devra aussi prendre part à un Forum économique consacré à l'encouragement des opérateurs économiques des deux pays respectifs à développer l'investissement productif et à multiplier les initiatives de partenariat à même de consolider les relations d'affaires. Le ciel entre Alger et Riyadh semble donc s'éclaircir, au grand bonheur de toute la région...