Le président Emile Lahoud a passé un coup de téléphone à son homologue algérien pour s'excuser de ce contretemps. Après qu'il eut annoncé, dans une interview au journal L'Expression, sa participation au sommet arabe d'Alger, le président Emile Lahoud a dû changer d'avis en raison de la situation intérieure de son pays. Les observateurs craignent une reprise des violences au moment où le pays s'enfonce dans une crise politique aiguë. Le principal chef de l'opposition, le député druze Walid Joumblatt, a pour sa part prédit la poursuite de la série des «attentats et des assassinats (...) si les chefs des services de renseignements et à leur tête Lahoud ne sont pas limogés». Onze personnes, toutes chrétiennes, ont été légèrement blessées par l'explosion d'une charge placée sous une voiture, dans la banlieue nord chrétienne de Beyrouth. D'importants dégâts matériels ont eu lieu dans ce quartier résidentiel et commerçant appelé New Jdeidé, parallèle à l'autoroute du nord qui longe le littoral. Quelques heures après l'attentat, M.Lahoud a eu un entretien téléphonique avec le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, pour l'informer qu'il ne pourra pas assister au sommet en raison de la situation qui prévaut au Liban. Les habitants du quartier, encore sous le choc de l'attentat, ont reçu la visite de la députée Bahia Hariri, soeur de l'ex-Premier ministre assassiné Rafik Hariri, venue leur redonner courage. «N'ayez pas peur, ils (les auteurs) n'arriveront pas à nous terroriser. Ils font tout ça pour cacher la vérité (sur les autres attentats qui ont visé Rafik Hariri et le député d'opposition Marwan Hamadé), mais nous les dévoilerons, le monde entier va les dévoiler, et tout ce sang ne sera pas versé en vain», a-t-elle déclaré sous les applaudissements de la foule. Vendredi, l'armée syrienne a achevé la première phase de son repli, entamée le 8 mars, vers l'est du Liban et a retiré en un temps record quelque 8.000 hommes de Beyrouth, la montagne qui la domine et le nord du pays. Entre 4000 et 5000 soldats ont totalement évacué le Liban, quelque 10.000 se trouvant désormais repliés dans la plaine de la Békaa (est), proche de la frontière avec la Syrie. Réagissant à l'attentat, M.Lahoud a appelé l'opposition et le camp pro-syrien au dialogue «pour sauvegarder le Liban», mais l'opposition s'est contentée d'accroître ses attaques verbales. Un député, Pharès Soueid, a indiqué que l'opposition envisageait de recourir à une grève générale pour faire tomber le pouvoir pro-syrien. M.Joumblatt a par ailleurs affirmé tenir des informations selon lesquelles le pouvoir libanais pro-syrien «va être montré du doigt» par la commission d'enquête de l'ONU «pour avoir camouflé des indices» qui auraient pu servir dans l'enquête sur l'assassinat de Hariri le 14 février. «Ils (les membres de la commission d'enquête) vont dire qu'ils sont venus au Liban pour enquêter et qu'ils ont découvert que les autorités libanaises ont caché des indices. Le pouvoir libanais va être montré du doigt», a-t-il ajouté. Les conclusions de la commission d'enquête des Nations unies seront remises la semaine prochaine au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. L'équipe de l'ONU, dirigée par l'Irlandais Peter Fitzgerald, s'était rendue à Beyrouth pour participer à l'enquête et permettre à M.Annan de présenter fin mars son rapport sur cette affaire au Conseil de sécurité. M.Annan avait décidé d'envoyer cette mission à la demande du Conseil de sécurité qui l'avait chargé de lui présenter un «rapport urgent sur les circonstances, les causes et les conséquences du meurtre» de Rafik Hariri. Le président libanais, Emile Lahoud, a appelé samedi, après un attentat qui a fait 11 blessés, l'opposition et les pro-syriens au dialogue «pour sauvegarder le Liban», dans un communiqué. «Vu les circonstances exceptionnelles que traverse notre pays, j'appelle solennellement l'opposition et le regroupement d'Aïn Tiné (les partis pro-syriens) à engager un dialogue pour sauvegarder le Liban», a déclaré M.Lahoud. «Les deux parties devraient dépasser leurs différends et ne tenir compte que de l'intérêt national en mettant fin aux polémiques même dans les médias car cela contribue à accroître la tension au sein de la population», a-t-il ajouté. «N'importe qui pourrait provoquer un drame en jetant une bombe au milieu de la foule», avait-il affirmé.