Alors que le petit Emirat ambitionne d'accueillir un jour les Jeux olympiques, il est au coeur depuis quelques semaines de diverses affaires venant ternir son blason. Faire du sport un vecteur de développement économique. La stratégie du Qatar pour s'ouvrir sur le monde, accroître sa visibilité et s'offrir une image positive est connue de tous, notamment en France où le rachat du Paris SG en 2011 par ce petit émirat du Moyen-Orient demeure une fantastique publicité, même si celle-ci n'est pas dénuée de critiques et autres zones d'ombre. Depuis ce coup retentissant, le Qatar n'a jamais cessé de se montrer actif en accueillant en 2015 le Championnat du monde de handball - remporté par la France en finale face- puis en 2016 les Mondiaux de cyclisme. Deux jolis apéritifs avant les Mondiaux d'athlétisme en 2019 et le copieux plat de résistance que constituera la Coupe du monde de football en 2022. Autant de grands évènements organisés de façon à éblouir la planète avant la consécration recherchée: l'organisation des Jeux olympiques à Doha en 2028. Une perspective qui n'a rien d'un projet fou et irréalisable puisque le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, et son homologue de la Fédération mondiale d'athlétisme (IAAF), Sebastian Coe, ont tous deux ouvert en grand la porte d'une candidature de l'émirat. Seul problème pour le Qatar, cette volonté d'émergence n'a pas manqué de provoquer une levée de boucliers. Notamment depuis quelques semaines lors desquelles le monde sportif, après avoir déroulé le tapis rouge aux investisseurs qataris, joue les vierges effarouchées se prévalant de vertus sur lesquelles il s'était assis auparavant. Première pierre dans le désert moyen-oriental, l'annonce officielle, le 23 octobre dernier, du décès d'un ouvrier sur un chantier du Mondial de football. Pour tenter d'éteindre le feu qui couve, les organisateurs du Mondial 2022 ont donné il y a deux jours leur feu vert à l'inspection de leurs stades par des délégations de syndicats internationaux d'ouvriers, dont l'Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois (IBB). Une bonne nouvelle pour les ouvriers même si le timing - plus de trois ans après le début des travaux - ne manquera pas de faire sourire (jaune) les détracteurs de l'émirat, tel Amnesty International qui l'accuse de «travail forcé». Un autre dossier qui pourrait devenir rapidement très sensible concerne les allégations de corruption entourant l'attribution de ces grands événements à l'Emirat. Ainsi, après tout le ramdam autour du Mondial 2022, c'est au tour des Mondiaux d'athlétisme d'être dans le viseur. Fin octobre, l'IAAF avait décidé de ne pas pousser son enquête sur les accusations de corruption visant le Qatar pour l'attribution des Mondiaux 2017, finalement décrochés par Londres, après qu'une enquête préliminaire n'a apporté selon elle aucun «élément de preuve pertinent corroborant (cette) rumeur» colportée par Ed Warner, le président de la Fédération britannique. Mais le dossier pourrait rebondir avec les révélations, jeudi dernier, du Monde faisant état de deux versements, d'un montant total d'environ 2,5 millions d'euros, de Qatar Sports Investments (QSI) vers la société Pamodzi Sports Consulting. Or, cette société, spécialisée dans le marketing sportif, a pour dirigeant un certain Papa Massata Diack, soit le fils de Lamine Diack, l'ex-président de l'IAAF. Ce même Papa Massata Diack qui se retrouve au coeur de la gigantesque affaire de corruption au sommet de l'IAAF visant à couvrir des cas de dopage dans l'athlétisme russe. Le Sénégalais aurait-il également mis le doigt dans le pot de confiture qatari? Pour l'instant, il ne s'agit que de soupçons guère étayés, mais cela jette une ombre supplémentaire sur le Qatar. Qui, histoire de couronner le tout, a subi un camouflet en matière de politique antidopage avec la suspension, pour quatre mois, du laboratoire de contrôles de Doha. Les responsables de l'Agence mondiale antidopage (AMA) ont expliqué que le laboratoire qatari n'avait pas satisfait aux exigences des nouvelles procédures strictes d'évaluation de qualité, mais sans préciser dans quels domaines. La voie qui mènera le Qatar à l'organisation des JO 2028 s'annonce donc longue et pavée de multiples obstacles. Les mauvaises langues affirmeront, certes, que l'émirat dispose de moyens à même de les surmonter. Sauf que le problème pourrait bien se situer justement au niveau de ces moyens employés.