Le président turc Recep Tayyp Erdogan a affirmé que son pays ne devrait pas s'obstiner à essayer d'entrer dans l'Union européenne, suggérant qu'Ankara pourrait rejoindre l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) coparrainé par la Chine et la Russie. Ces déclarations parues hier dans un quotidien turc interviennent alors que les relations entre la Turquie et l'Union européenne sont envenimées par l'ampleur des purges lancées par Ankara dans le cadre de l'enquête après le coup d'Etat avorté du 15 juillet dernier. Des eurodéputés demandent la suspension des négociations d'adhésion de la Turquie au bloc européen afin de «protester contre les atteintes à la vie démocratique, notamment à cause des arrestations de journalistes et de députés prokurdes». «La Turquie devrait se sentir détendue sur la question de l'Union européenne et ne pas en faire une fixation», a expliqué Recep Tayyip Erdogan dans un avion l'emmenant en Ouzbékistan à des journalistes du journal Hurriyet. «Certains pourraient me critiquer mais je fais part de mes opinions. Par exemple, je me demande pourquoi la Turquie ne rejoindrait-elle pas l'Organisation de Shanghai?», a-t-il ajouté, affirmant avoir évoqué l'idée avec les présidents russe et kazakh. A plusieurs reprises, M.Erdogan a formé le projet de rejoindre l'OCS, une organisation de coopération politique et économique regroupant la Chine, la Russie et les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale. Le Pakistan et l'Inde viennent tout juste de s'en rapprocher en vue d'une intégration. La Turquie postule à l'entrée de l'UE depuis 1987 et les négociations ont officiellement débuté en 2005. Après une accélération en mars par la signature d'un accord sur les réfugiés, elles sont maintenant au point mort depuis plusieurs mois. M.Erdogan avait prévenu en début de semaine que la Turquie organiserait un référendum sur le processus d'adhésion à l'Union européenne si aucune décision n'était prise par Bruxelles d'ici «la fin de l'année» sur la suite des négociations.