Une fois encore, certaines classes seront vides Encore une fois le commun des Algériens paiera le lourd tribut de cette montée au créneau. La grève de trois jours de l'intersyndicale est annoncée pour aujourd'hui. Aussi légitime que puisse être ce mouvement de protestation, le citoyen algérien qui est déjà suffisamment malmené par le quotidien, a-t-il pour autant, besoin d'un stress supplémentaire? L'Algérie qui est certes à la croisée des chemins et doit coûte que coûte décider de son avenir économique et social, est appelée à le faire, mais dans la sérénité. Or, les syndicats autonomes qui renouent avec la protestation en décrétant une grève cyclique de trois jours ne pourront qu'envenimer un climat social déjà délétère. Encore une fois le commun des Algériens paiera le lourd tribut de cette montée au créneau, notamment en risquant d'hypothéquer l'avenir des élèves scolarisés, la quiétude et le bien-être des malades dans les hôpitaux ou encore le fonctionnement d'un service public encore tatillon. Les syndicalistes persistent néanmoins et optent pour le bras de fer, exigeant une réponse du gouvernement sur le projet de réforme du système de la retraite anticipée et celui de la loi de finances. Ils passent aux actes, désormais. C'est dans un communiqué que l'intersyndicale a signifié qu'elle reste intransigeante en réaffirmant son exigence quant au maintien de la retraite sans condition d'âge. Alors que le gouvernement ne cesse, officiellement, d'appeler au dialogue, l'intersyndicale déplore justement l'autisme des autorités qui veulent imposer la politique du fait accompli, c'est-à-dire un passage en force du projet de retraite. En ce jour, ils entament leur grève cyclique au risque de déranger l'ordre de la cité. Ce débrayage se décline sous une forme particulièrement dommageable et se veut comme une réponse à la décision du gouvernement qui a suivi la grève des deux jours, début octobre. Lors d'une réunion tenue au siège de l'Unpef et qui a regroupé pas moins de douze syndicats autonomes (Unpef, Cnapest, Snpsp, Snte, Satef, Snapest, Snapep, Safap, Cela, Snateg, Snvfap, Sntfp), l'action de protestation a été décidée en vue de contrecarrer le projet de loi relatif à la retraite et au travail. «Nous n'avons pas eu le moindre signal de la part du gouvernement», déplore Abdelkrim Boudjenah, président du Syndicat national des travailleurs de l'éducation Snte. «Toutes nos tentatives, depuis cinq mois, d'ouvrir un dialogue sérieux avec les pouvoirs publics sur le dossier de la retraite pour dépasser la crise et trouver des solutions ont échoué», regrette l'intersyndicale qui dénonce l'exclusion des syndicats autonomes «représentants légitimes des travailleurs», de l'élaboration du nouveau Code du travail. Boualem Amoura, porte -parole du Satef appelle pour sa part les étudiants à participer à la grève pour, dit-il, «sauver ce qui reste de dignité aux fonctionnaires» et d'épingler le gouvernement en expliquant, «il veut appliquer la politique d'austérité aux travailleurs, mais il alloue un budget de 6 milliards de dinars à un Parlement qui ne sert à rien et une prime de 160 millions de centimes comme prime de fin de mandat pour les députés». Pour Lyès Merabet, leader du Syndicat national des praticiens de santé publique Snpsp «Il y a une disponibilité de la base à prendre part au mouvement de contestation, car il y va du pouvoir d'achat des Algériens et de leur dignité.» Le mouvement de protestation risque de connaître un large suivi. La grogne sociale, le mécontentement sont en passe de connaître une ascension un peu partout. Ainsi, l'intersyndicale promet une énorme mobilisation de la classe ouvrière pour contrer la loi sur la réforme de la retraite et celle du travail, après le «record, historique» réalisé, lors des précédents mouvements de contestation entamés les 17, 18 et 24 octobre dernier, et lance un appel à l'adresse des travailleurs pour se préparer à une nouvelle vague de protestation à la fin du mois courant. Le mouvement de grève de ce matin a été en fait décidé le 5 novembre dernier lors de la réunion des membres de l'intersyndicale à Alger. Le recours à la radicalisation de son mouvement a été adopté à l'unanimité par les présents. Dans un communiqué rendu public, le 5 novembre, sanctionnant les travaux de cette réunion, les syndicats ont décrété une grève cyclique de trois jours les 21, 22 et 23 novembre, renouvelable les 27, 28 et 29 du même mois qui sera suivie par un sit-in au niveau des wilayas pour le 21 novembre, des sit-in régionaux au niveau de quatre wilayas du pays à savoir Sétif, Oran, Laghouat et Boumerdès, pour le 23 novembre, et ce, avant le «grand rendez-vous» du 27 novembre prochain où l'intersyndicale a annoncé l'organisation d'un rassemblement devant l'Assemblée populaire nationale (APN).