Notre diplomatie a brillamment déjoué le piège que d'aucuns voulaient lui tendre à propos de cette question. Dans une conférence de presse animée conjointement, durant la nuit de dimanche à lundi, par notre chef de la diplomatie et le secrétaire général de la Ligue arabe, le premier cité a tenu à mettre un terme définitif aux rumeurs soigneusement distillées par certains médias, concernant l'utilisation du Sommet d'Alger comme tremplin vers la normalisation avec l'Etat israélien. «Le pays du million et demi de martyrs, à partir duquel a été proclamé la naissance de l'Etat palestinien, ne sera jamais utilisé comme capitale de la normalisation avec Israël». Langage diplomatique oblige, pas un mot n'a été soufflé concernant l'initiative jordanienne, tout simplement «ignorée» par Belkahdem dans ses réponses aux questions des journalistes. Il a, en revanche, posé de nouveau les préalables d'une paix juste et durable dans la région, conformément aux multiples résolutions onusiennes que l'Etat israélien continue de fouler aux pieds. Il s'agit de la naissance d'un Etat palestinien souverain ayant pour capitale El-Qods, le droit au retour des réfugiés vers leurs résidences d'origine et le retrait inconditionnel des troupes de Tsahal des territoires palestinien et syrien occupés depuis 1967. La mise au point, bien sentie, était d'autant plus nécessaire qu'en plus de la rumeur et du forcing jordanien, confirmation est obtenue qu'au moins une dizaine d'Etats arabes comptent normaliser leurs relations avec Israël dès la fin de ce sommet. Il comptaient, du reste, en tirer la légitimité nécessaire, ce qu'Alger ne leur a pas permis. La dernière révélation en date, que Rabat n'a pu démentir, fait état d'une rencontre secrète à Genève tenue la semaine passée entre les chefs de la diplomatie marocaine et israélienne en vue de proclamer la reprise des relations dès le début du mois prochain. Toujours est-il que le document final devant être soumis au Sommet qui s'ouvre ce matin au Palais des nations exige d'Israël un retrait total des territoires arabes occupés, conformément «au principe de la terre contre la paix». En échange de quoi, les pays arabes «pourraient considérer que le conflit israélo-arabe a pris fin et développer des relations normales avec Israël dans le cadre de la paix globale». Les chefs de la diplomatie arabe exigent également de voir Israël se retirer «des territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien, jusqu'à la ligne du 4 juin 1967, et des territoires occupés dans le sud du Liban», référence aux positions stratégiques des «Fermes de Chebaâ», aux confins de la Syrie, du Liban et d'Israël. Ils exigent, enfin, l'acceptation d'un Etat palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et à Gaza, avec pour capitale El-Qods et une solution juste au problème des réfugiés palestiniens, conformément à la résolution 194 de l'Assemblée générale de l'ONU. La proposition jordanienne de «paix globale», quant à elle, est inspirée par une initiative saoudienne adoptée à Beyrouth en mars 2002, mais rejetée par Israël. Celle-ci proposait à l'Etat juif, une paix globale en échange de son retrait total des territoires arabes occupés en 1967. La seule réponse de Sharon à cet énième plan de paix juste et durable, aura été d'autoriser l'implantation de colonies sur les pourtours d'El-Qods. C'est pour cette raison, du reste, que beaucoup de ministres arabes que nous avons pu voir durant les deux jours précédents, s'étaient accordés sur la nécessité d'amener la communauté internationale à exercer des pressions suffisantes sur Israël afin de l'amener à se plier à la légalité internationale. De son côté, le groupe parlementaire du Parti des travailleurs a rendu public un appel pressant en direction des chefs d'Etat et souverains arabes leur demandant de faire tout ce qui est en leur pouvoir afin que les réfugiés palestiniens puissent rejoindre leurs foyers, ce qui constitue le préalable à une solution juste, durable et démocratique de la question palestinienne. Amr Moussa, dans sa réponse, s'est contenté de «lieux communs», insistant beaucoup plus sur les caractères procéduriers, notamment à propos des finances de la Ligue, empêchant l'accomplissement de près de 200 projets et résolutions adoptés lors des précédents sommets.