Pour tous les admirateurs du chaâbi, «Echemâa» restera éternellement et chaleureusement allumée «Emouvante, triste, bouleversante et mémorable. Ainsi, a été, avant-hier, la cérémonie de l'enterrement de l'un des derniers et célèbres maîtres du chaâbi «Chikh Amar Ezzahi» au cimetière d'El Kettar à Alger, en présence de plus de 4000 personnes venues de toute l'Algérie, et qui ont tenu à accompagner la légende algéroise à sa dernière demeure.» Un enterrement caractérisé par une ambiance hors du commun qui marque ainsi le départ à jamais de l'un des pionniers de la chanson chaâbie qui a su charmer des millions d'admirateurs à travers tout le pays et même ailleurs, par sa modestie, sa générosité et son caractère algérois si spécial et unique. Ainsi, des milliers de passionnés ont choisi de suivre de près l'enterrement de «Amimer» et vivre ainsi un dernier moment de complicité avec leur maître en l'accompagnant à sa dernière demeure. Quelques heures avant l'enterrement, l'agitation commençait déjà à se faire remarquer autour de son quartier «la Rampe Arezki Louni, ex-Rampe Vallée», bondé de monde depuis l'annonce de son décès mercredi après-midi. Le dispositif sécuritaire a été renforcé en cette circonstance par les services d'ordres pour organiser l'enterrement au cimetière d'El Kettar, et qui a été rapidement débordé par cette foule immense venue dire au revoir au Chikh. «Une immense foule pour un artiste immortel».A l'heure de la prière du Dohr, ces centaines de personnes se sont amassées devant la mosquée Djamaâ El Berani, de Bab Edjdid pour faire la prière d'«El Djanaza», tandis que des centaines d'autres ont choisi de se diriger directement au cimetière pour attendre l'arrivée de la dépouille du défunt. Les routes étaient coupées de partout, celle du ministère de la Défense, de «Rampe Vallée» et de Bab Edjdid, tandis que les autres portes du cimetière ouvertes du côté des quartiers de Bab El Oued étaient aussi débordées de monde. Ils sont venus tous assister à cette triste circonstance. Des admirateurs, des musiciens qui l'ont côtoyé, des figures sportives et politiques étaient présents, mais surtout ses voisins et amis proches de longue date avaient les larmes au yeux au moment du passage du cercueil de la légende du chaâbi, accompagné par les youyous des femmes, postées sur les balcons menant vers le cimetière. Ces admiratrices âgées étaient présentes pour accompagner l'homme qui les a charmées à jamais par ses chansons sentimentales et qui se sont engouffrées dans les coins des ruelles pas très loin du cimetière pour suivre du regard attristé la dépouille mortelle du regretté, les larmes aux yeux. Comme il l'a toujours souhaité, Amar Ezzahi a été enterré par très loin de Rachid Ksentini. Ayant toujours refusé la célébrité et les dons de l'Etat et même des autres personnes, Amar Aït Zaï de son vrai nom, décédé à l'âge de 75 ans, a marqué toutes les générations par son dévouement à la chanson chaâbie, mais surtout avec son éducation et son caractère si populiste. Selon ses voisins et ses proches amis, l'artiste, qui devait s'envoler jeudi à Paris pour une prise en charge par la Cnas, a toujours refusé de quitter son domicile et son quartier, en souhaitant vivre ces dernières heures parmi les siens. Son voeu exaucé Un voeu qui fut exaucé par le Tout-Puissant, en décédant 24 heures avant son départ. Ses amis proches, ses voisins et ses fidèles admirateurs, qui ont assisté à ces interminables soirées de mariage, ont tenu tous à témoigner pour rendre hommage à cette légende qui devient ainsi une icône et qui restera gravée à jamais dans la mémoire de ses admirateurs. Parmi les personnalités présentes à l'enterrement, on notera celles de Ali Haddad, Ali Benflis, le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi, Yacef Saâdi, ainsi que des artistes de chaâbi tel que Aziouz Raïs, Abderahmane El Koubi, Naguib, Abdelkader Chaou, Mehdi Tamache et Abdelkader Bendâameche, sans oublier les figures sportives, à l'instar de Mahiedinne Khalef, Ali Benchikh, Abderahmane Mehdaoui. Nous avons vécu ce grand moment d'émotion aux côtés des admirateurs de Amar Ezzahi, et nous avons pu récolter quelques témoignages des amis et musiciens qui ont connu l'artiste de près pour rendre hommage à cet homme humble aimé par tous. Pour le ministre Azzedine Mihoubi, Amar Ezzahi était «un artiste légendaire et un grand symbole de la musique algérienne. On a perdu un symbole et un monument de la scène artistique algérienne qui avait fait sa gloire. Il aura laissé un legs important aux futures générations d'amoureux de la chanson châabie». Abdelkader Bendâameche, président du Conseil national des arts et de la culture, nous dira: «Amar Ezzahi a laissé un héritage culturel et musical incomparable. Un héritage inépuisable. Les prochaines générations ne l'oublieront jamais car il a marqué la chanson chaâbie par son style et son charisme. Il était un génie dans son art et un symbole. Il a tout simplement créé une école de chaâbi sans ses murs. Tout le monde l'aimait car il était un modèle de modestie de par son populisme. Il rejoint sa dernière demeure mais il restera à jamais dans nos coeurs». Ali Benflis, président du parti Talaie El Houriyet, présent lui aussi à l'enterrement, il dira que: «Chikh Amar aidait les pauvres et a su gagner les coeurs des jeunes par sa modestie. Il est un symbole pour eux et personne ne peut le remplacer. Que Dieu l'accueille dans Son Vaste Paradis». Le chanteur chaâbi Nacer Mokdad, tout ému, nous dira que: «Tout le monde l'aimait et sa place est si chère pour tous les Algériens au point où personne ne peut donner à la chanson chaâbie ce qu'il nous a offert, lui. C'est une icône pour nous les artistes et une légende pour ses fans.» Pour Abdelkader Chaou, il nous dira avec un large sourire: «C'est mon ami d'enfance et nous avons partagé des moments inoubliables. Nous avons fait un long chemin ensemble depuis notre jeune âge quand on récitait les chansons que nous donnait le regretté Mahboub Bati. Proche du peuple Il a toujours était modeste, gentil, populaire et proche du peuple. C'est tout simplement un Zahi pour de vrai...» Le chanteur Abderrahmane El Kobi, de la génération de l'artiste, a déclaré que: «C'était un être exceptionnel doublé d'un grand artiste. Sa disparition est une grande perte pour la musique châabie et la culture algérienne», a-t-il dit. Le chanteur Aziouz Raïs, un ami proche d'Amar Ezzahi, regrette avoir perdu en lui «une référence et un maître», en plus d'un «ami de 30 ans et (un) frère». Pour le président de l'Association «El Inchirah», Smaïn Hini, musicien sur l'instrument «Le Qanûn», ami du défunt de plus de 60 ans, il dira: «C'est tout d'abord un frère, un voisin qui a toujours su respecter le voisinage et humble. Un jour, une vieille femme pauvre est venue vers lui, alors qu'il était assis sur un tabouret à l'ex-Rampe Vallée sans le reconnaître, elle lui demanda de lui indiquer la maison du Chikh Amar Ezzahi afin d'animer le mariage de son fils. Amimer lui dira qu'il va transmettre le message à l'artiste pour célébrer ce mariage. Le jour J, et alors qu'il était en pleine cérémonie, la femme demanda alors de parler au chanteur pour le payer. Une fois face à l'homme, elle fut agréablement surprise par la coïncidence. A la fin de la soirée, Amar a refusé l'argent de cette vieille dame en remettant même une enveloppe au jeune marié en guise de sympathie et de générosité. Un témoignage fort de la modestie de ce grand homme...» Enfin, ses voisins et amis étaient tous unanimes pour dire que Amar Ezzahi restera à jamais dans leurs coeurs. Pour l'ensemble de ces personnes, ils diront tous à vive voix: «Chikh Amar nous a éblouis par sa magie, c'est un modèle et il restera dans nos coeurs à jamais.» Pour eux et pour tous les admirateurs du chaâbi, «Echemâa» de Amar Ezzahi restera éternellement et chaleureusement allumée à travers sa voix tendre et si spéciale.