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Boudjemaâ El Ankis : Un repère emblématique majeur du patrimoine musical chaâbi
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Publié dans El Watan le 23 - 09 - 2015

Au terme d'une noble mission brillamment accomplie, Hadj Boudjemaâ El Ankis laisse l'impact d'un souvenir impérissable et d'une œuvre
intensément riche légués à la jeunesse et aux générations futures.
Iconographie expressive de mémoire et de reconnaissance. Voilà une photographie qui, à elle seule, illustre la fidélité de mémoire de l'immense artiste que fut Boudjemaâ El Ankis, de son virai nom Boudjemaâ Mohamed Arezki, né le 17 juin 1927 à La Casbah d'Alger. Elle évoque un souvenir marquant d'une inoubliable soirée consacrée, le 20 août 2010, par l'association des Amis de la rampe Louni Arezki Casbah, à la résurrection mémorielle du riche et fécond parcours, hélas, trop bref du célèbre chanteur, militant nationaliste H'sissen, au patronyme de Larbi Ahcene. Ce dernier, précocement décédé à l'âge de 29 ans, le 29 septembre 1958 à Tunis et enterré dans cette ville a été réinhumé au cimetière d'El Kettar dans la tombe de sa mère 54 années plus tard à la même date anniversaire de l'année 2012.
C'est lors de cette communion de pensée collective que nous avons vécu un moment d'intense émotion à l'esplanade Fadéla Dziria de l'Institut national supérieur de musique d'Alger, où Boudjemaâ El Ankis était présent, en compagnie de ses enfants Hakim et Mokhtar assis au premier rang aux côtés de figures historiques : Sid Ali Abdelhamid, âgé de 93 ans, un des pionniers du mouvement national à La Casbah d'Alger, membre du bureau politique du PPA-MTLD, et Sid Ali Bouzourene, chef fidaï, militant de la première heure à la Zone autonome d'Alger décédé dernièrement à l'âge de 84 ans.
L'ascension de Boudjemaâ El Ankis à travers des souvenirs de jeunesse
C'est au cours des années 1960, où jeunes adolescents que nous étions à une époque charnière de la guerre de Libération nationale, étape où la chanson était un segment fondamental de résistance culturelle et nationaliste, que nous avons été subjugués par un mode, une originalité, une dynamique nouvelle, une innovation, enfin une voix veloutée et une intonation limpidement revigorante dans l'univers spatio-temporel du patrimoine musical chaâbi. Ce fut l'avènement éclatant de Boudjemaâ El Ankis qui, ainsi, répondait aux aspirations d'une jeunesse avide de renouveau dans l'interprétation de la chanson chaâbie.
Cheikh Kabaïli : grand maître et pédagogue affiné du patrimoine musical chaâbi
Pendant les premières années de l'indépendance, cheikh Kabaïli, qui a été aussi le premier maître de Boudjemaâ El Ankis dès l'âge de quatorze ans, fréquentait régulièrement le café Saïd de l'ex-Rampe Valée, réputé plus tard sous l'appellation «Qahouet Ezzahi» où se retrouvaient d'autres artistes, à l'image des célèbres Omar Mekraza, Kaddour Bachtobdji, Nordine Rimani, percussionniste de grand talent, et Mohamed Belhadj, un ténor-rossignol du banjo, tous malheureusement décédés aujourd'hui.
C'est en ce lieu et en notre compagnie, nous jeunes du quartier des lendemains de l'indépendance qui lui vouaient une grande considération pour l'étendue de son savoir patrimonial, que ce mélomane de référence du cru originel, fin connaisseur de perspicacité du chaâbi, s'est un jour «confessé» en notre présence dans une évocation affective à l'endroit de son intrépide et entreprenant élève en ces termes : «Mohamed, comme il aimait bien avec tendresse le désigner, a une conception futuriste dans l'interprétation du chaâbi.»
Et d'ajouter : «Il est suffisamment doté de style et de talent pour maintenir le cap sur la voie du succès et ainsi faire la démonstration que le chaâbi est un legs générationnel qui doit s'épanouir dans le cycle de la réalité du temps et de la dynamique de son évolution, facteurs naturellement déterminants pour être porté par la jeunesse et les générations montantes.
Ceci dans la symbiose d'état d'âme de leurs aspirations en matière de musique, de rythme et de rime à l'ère temporelle qui est la leur.» Cette leçon de pédagogie culturelle de cheikh Kabaïli était un soutien à l'adresse du courant artistique novateur de Boudjemaâ El Ankis, paradoxalement contesté à l'époque par les conservateurs dits puristes du chaâbi, partisans des dogmes de l'immobilisme stérilisant, si ce n'est de l'arrêt pur et simple de toute créativité et improvisation lyrique.
Mahboub Bati, Un Edifice Légendaire Du Renouveau Du Patrimoine Poétique Et Musical Algérien
Avec l'immensité de la légende que fut Mahboub Bati et ceci à la grande réjouissance des mélomanes et adeptes du chaâbi, ce précieux patrimoine ancestral a pu harmonieusement s'arrimer à la courbe existentielle du temps pour inexorablement s'épanouir dans l'expression poétique d'un répertoire incommensurablement riche et varié qui l'a popularisé et propulsé pour la postérité au sein de très larges couches de la jeunesse, terroir fertile de la pérennité culturelle de cet inestimable patrimoine musical. Dans ce contexte conceptuel d'innovation lyrique, Boudjemaâ El Ankis venait sans le savoir d'impulser une matrice féconde et tonifiante des plus précieuses qui «révolutionnera» le mode et le rythme dans la sphère de la chanson chaâbie.
Amar Ezzahi, Une Révélation D'apogée De La Source Ankisienne
Cette source, mélodieusement raffinée et substantiellement attrayante, a su capter le talent phénoménal d'une révélation inédite naissante qui aura pour nom Amar Ezzahi. Une symbolique porteuse et lumineuse dans le corpus de la chanson chaâbie spontanément et passionnément adoptée par la jeunesse qui l'essaimera dans la durée des temps d'abord dans toute l'Algérie profonde et ensuite au-delà des frontières, car reprise avec exaltation par cette très nombreuse catégorie sociétale de notre communauté d'immigration, particulièrement en France et en Europe.
El Hachemi Guerrouabi au firmament des immortelles Belkak Yetseguem saâdi, Mayli sadr ahnine, El barrah et les autres. En une telle remémoration, notre pensée ira naturellement au souvenir d'un autre temple de la chanson chaâbie, El Hachemi Guerrouabi, qui, lui aussi, a inlassablement œuvré au resplendissement éclatant de celle-ci dans le style magistralement novateur qui était le sien.
Ce fabuleux tryptique de pionniers du renouveau que sont Boudjemaâ El Ankis, El Hachemi Guerrouabi et Amar Ezzahi ont, avec la contribution du génie créateur de Mahboub Bati, insufflé une autre dimension de popularité juvénile à la chanson chaâbie pour la projeter dans cet espace de rayonnement, de perpétuation et d'avenir. A celà il y a également lieu de rappeler qu'ils furent et demeureront à jamais de grandes figures marquantes du «q'cid, du m'deh, du hawzi et du aâroubi», à l'enseigne de leurs prestigieux répertoires respectifs tramés de poésie d'extase des légendaires Sidi Lakhdar Benkhelouf, Kaddour El Alâalami, Bensahla, B'na Messaieb aèdes de sublimité à la verve d'érudition.
Le Chaâbi, un legs générationnel ancestral d'épanouissement culturel
Ainsi, c'est ce précieux patrimoine de legs générationnel ancestral qui constitue fondamentalement le chaâbi dans son substrat culturel enrichi dans son immense répertoire par des segments d'innovation lyrique que sont ses chansonnettes et mélodies en une vision valorisante de pérennisation et d'avenir de l'art d'interprétation de la chanson chaâbie.
Pour avoir vécu à Alger au cours des années 1960/70 un véritable foisonnement universel de genres musicaux, allant de la chanson occidentale à l'orientale, toutes deux en vogue, de grande popularité essentiellement juvénile, au raï naissant en voie d'émergence, la génération qui fut la nôtre a été merveilleusement réconfortée par la force de ce sursaut salvateur de la chanson chaâbie qui a drainé à cette époque déjà une affluence massive d'une jeunesse séduite par cette dynamique percutante impulsée à ce riche patrimoine d'ancestralité dans toute la dimension de son univers.
Ceci à dessein de son épanouissement culturel à travers le cycle des âges et du temps. Une œuvre densément riche pour le rayonnement du patrimoine de la chanson chaâbie. Boudjemaâ El Ankis a marqué d'une empreinte indélébile la culture algérienne, son œuvre et son parcours constituent un modèle de persévérance, de ténacité et d'abnégation pour l'épanouissement du patrimoine de la chanson chaâbie.
Son ascension fulgurante et le succès à grande échelle populaire de ses premières chansons El kaoui – oh ya n'tiya - ekmi âal ser, pour ne citer que celles-là, et surtout l'hymne de la victoire de l'indépendance allégrement incarné par l'immortelle Djana lintissar chantée enfin dans une Algérie libre après des années de colonisation, d'emprisonnement et de torture subies pendant la Révolution. Il faut également souligner que ce grand maître a excellé dans la chanson d'expression kabyle, en interprétant entre autres Aya khalaf neramane - Oh ! bourgeon du grenadier, une anthologie de floraison poétique de toute beauté de l'émérite auteur-compositeur de notoriété, Kamel Hamadi.
Un adieu et des obsèques populaires grandioses
Au terme d'une noble mission brillamment accomplie, Hadj Boudjemaâ El Ankis nous a hélas quittés dans sa 88e année pour un monde meilleur, en laissant l'impact d'un souvenir impérissable et d'une œuvre intensément riche légués à la jeunesse et aux générations futures. Celles-ci, ainsi que l'imposante foule de ses amis, fans et admirateurs à des obsèques grandioses qui feront date dans la mémoire des Algérois, perpétueront ainsi le souvenir de celui qui incarnera désormais une symbolique emblématique majeure du patrimoine musical chaâbi.
Proche et ami de notre association, celui-ci a toujours répondu à nos invitations, ceci pour rappeler en la circonstance quelques moments partagés ensemble, notamment aux hommages consacrés aux regrettés Omar Mekraza, une célèbre icône de la chanson chaâbie, en 2002, à la salle Ibn Zeydoun, du monumental Hadj M'rizek en 2010, et du doyen des musiciens algériens, cheikh Namous en 2011 où, malade, il a tenu à se faire représenter par son fils Hakim et tant d'autres rencontres qu'il a rehaussées de sa présence.
Celle-ci était active et stimulante par ses conseils, félicitations et encouragements, qu'il ne cessait de nous prodiguer aux multiples actions menées essentiellement à dessein de la réappropriation de nos valeurs d'algérianité dans la commémoration de leurs repères, sa Casbah natale et Alger la Blanche dans sa légende civilisationnelle de résistance et de mémoire.
En cette douloureuse circonstance, l'ensemble des membres de notre association et ses nombreux sympathisants tiennent à renouveler à la grande famille Boudjemaâ et particulièrement à l'adresse des enfants du défunt, Hakim et Mokhtar, nos amis, leurs condoléances attristées, leur soutien et leur sympathie appuyés. Implorons le Tout- Puissant pour qu'il puisse l'accueillir dans la rahma divine de son vaste Paradis. «A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.»


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