Invité au forum de la Chaîne III, M. Mohamed Bellag, porte-parole du Cnes, présente le rapport de conjoncture du 1er semestre 2001 et les recommandations du Conseil. Au-delà des chiffres du rapport, qui reconduisent le même pessimisme qu'en 2000, en plus grave, le rapport du Cnes insiste sur «l'inadéquation structurelle du secteur public industriel avec les impératifs de libéralisation de l'économie». A propos de l'assainissement des entreprises publiques, M.Bellag exprime des réticences liées à «un environnement législatif et réglementaire, fiscal et bancaire, néfaste à l'activité de production». La situation est aggravée par «le déficit flagrant d'une vision stratégique, d'une politique de croissance durable». Le Cnes rappelle ses recommandations, réitérées depuis 1987, consistant en «une protection non tarifaire de la production nationale, comme cela se fait partout dans le monde». Malgré l'objectif du gouvernement fixant les exportations hors hydrocarbures à un milliard de dollars, «on constate une nette diminution des exportations hors-hydrocarbures et une augmentation des importations, par rapport au 1er semestre 2000». Les quelques branches, qui ont affiché une croissance positive, n'ont pas suffi, «puisque l'agroalimentaire, 50% de la valeur globale, tire les indices vers le bas». Par ailleurs, le Cnes appelle à une révision de la technique de calcul économétrique, «pour harmoniser la méthode avec la réalité de l'impact de chaque facteur qui n'est plus le même qu'en 1990». Le Cnes recommande «la mise en place d'une politique nationale de l'exportation, qui doit impliquer tous les intervenants» y compris nos représentations à l'étranger qui doivent, impérativement, se transformer en représentations aussi économiques et culturelles que diplomatiques. Le Cnes souligne «la faiblesse du soutien de l'Etat à l'exportation, le manque d'agressivité des opérateurs», dont l'investissement est menacé par une libéralisation que le porte-parole du Cnes n'arrive pas à qualifier: «Sauvage? Anarchique? Elle ne répond à aucune catégorie économique connue.» Le Conseil fonde de grands espoirs sur le plan national de développement de l'agriculture, dont «on devrait voir les fruits dès l'année 2002». C'est la première politique rationnelle dont a bénéficié le secteur, mais, selon le CNES, «si les opérations soutenues par le Fndra ne font pas l'objet d'un contrôle et d'un suivi rigoureux, nous risquons d'aller vers une catastrophe alimentaire, comme ce qui est arrivé cette année avec la pomme de terre». Pour la première fois depuis 1998, l'Algérie renoue avec l'inflation: «6,5% pour le 1er semestre. Nous estimons que cette inflation est due, en grande partie, à l'augmentation des salaires de la Fonction publique». Une augmentation qui a fouetté la demande sans provoquer le moindre investissement nouveau. Seule l'importation des biens de consommation a augmenté. «La plus-value dégagée par l'activité d'import est préjudiciable à l'économie nationale», en ce qu'elle relève, pour une forte part, de l'activité informelle que «l'Etat se doit d'intégrer, coûte que coûte, au circuit réglementaire». Le secteur du bâtiment se verra accorder une place de choix: «Si, comme l'affirment nos rapports, 95% des réalisations sont le fait de l'appareil de production du privé, cela veut dire que d'énormes capacités de réalisations du secteur public sont immobilisées.» Le Cnes dénonce, par ailleurs, la «timidité de la politique de promotion immobilière, qui devrait s'accompagner d'une refondation audacieuse de la politique nationale de logement». Le Cnes recommande plus spécialement «une libéralisation du marché lucratif, et même une défiscalisation totale de l'activité». Rappelant le déficit du parc national de logement, M.Bellag estime que «800.000 logements inoccupés recensés à travers le territoire national réduiraient ce déficit...» En matière d'emploi, même si le taux de chômage est stabilisé autour de 28%, «il n'en demeure pas moins trop élevé. Le Pnda et le programme de soutien à la relance économique devront participer à sa réduction, mais pas avant 2002». D'une manière générale, l'année 2001 aura été une année blanche. Entre les secteurs qui progressent, ceux qui stagnent et ceux qui reculent, l'économie algérienne affiche un taux de croissance, pour le 1er semestre de 3%, au lieu des 7% prévus par le programme du gouvernement.