Dans une "note de conjoncture" concernant le premier semestre 2008, le Conseil national économique et social (Cnes) incite "à la prudence" vis-à-vis de la crise financière mondiale. Tout en rassurant que les programmes économiques de l'Algérie "ne sont en aucune façon" affectés par les menaces nées de la crise financière internationale, ils doivent cependant être traitées "avec rigueur". Au cours d'une session tenue, hier, à la résidence El Mithak à Alger, consacrée à la présentation du rapport économique et social de la Nation pour les années 2005, 2006 et 2007 et une "note de conjoncture" concernant le premier semestre 2008, le Cnes juge que "les menaces nées de la crise financière internationale n'ont en aucune façon affecté les programmes économiques et d'équipement ni pesé sur les financements" durant les six premiers mois de cette année. Mais elles doivent être "traitées avec toute la rigueur que suscite une situation de crise annoncée et doivent inciter à une grande prudence" car la crise s'intensifie et ses conséquences "n'épargneront aucun pays". Il faut dire que les premiers indices des conséquences de la crise financière sont là, puisque le document du Cnes évoque une baisse de la croissance à 3,3% pour le premier semestre de 2008, en indiquant que ce taux est inégalement distribué entre les secteurs d'activité avec l'agriculture 1% , l'industrie 2%, contre 0,8% en 2007 et les hydrocarbures (- 0,2%) qui tire vers le bas, le premier en raison des facteurs climatiques (la production céréalière a chuté de moitié en 2007 et 2008) ; le second en raison d'une situation qui dure depuis quelques années, malgré l'amélioration des indicateurs financiers, et enfin le troisième, selon le Cnes, en raison de facteurs ayant trait à la maintenance des équipements et à la morosité du marché du gaz sur fond de réchauffement climatique avec une baisse de 0,3%. Il a souligné que le taux de croissance fixé initialement par la loi de finances à 5,8% a été revu à la baisse (3,5%) par la loi des finances complémentaire. Le document en question souligne que pour le FMI, les prévisions de croissance sont de l'ordre de 4,9%. Ajoutant que pour ce qui est de la croissance hors hydrocarbures, le PIB devrait passer de 6,3% en 2007 à 6% en 2008, selon les estimations du Commissariat générale à la planification et la prospective. Un autre indice se manifeste également, il s'agit du taux d'inflation qui a connu une légère augmentation. A ce titre, la note de conjoncture établie par le Cnes souligne que l'inflation a connu un rebond au cours du premier semestre 2008, en atteignant 4.9% en moyenne annuelle à fin juin 2008. Dans ce cadre, il est expliqué que cette augmentation est expliquée par une forte hausse des biens alimentaires, des produits agricoles frais et des produits industriels ; ajoutant que l'inflation d'origine extérieure "semble être beaucoup atténuée au plan interne grâce aux actions de l'Etat à travers un niveau de subvention beaucoup plus élevé en 2008". Il y a lieu de souligner que le Président a lancé depuis 2004, un programme de relance économique, dont l'enveloppe financière a atteint 200 milliards de dollars portant, la construction de plus d'un million de logements, de routes, d'autoroutes, d'usines de dessalement ou de barrages) ce qui a participé à la baisse du chômage à 11,8% en 2007 contre 29,5% en 2000. A noter également que l'Algérie a engrangé, grâce aux exportations d'hydrocarbures, des recettes estimées 40 milliards de dollars pendant ce premier semestre et les réserves de change ont atteint 133,235 milliards de dollars à fin juin 2008, souligne le rapport. Pour rappel, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a, récemment déclaré que l'Algérie était "assurée" de tirer 77 milliards de dollars des hydrocarbures durant l'année 2008. Hamiani remet en cause les chiffres du Cnes Lors des débats consacrés au rapport du Cnes, le président du FCE, M. Reda Hamiani, a remis en cause certains chiffres qu'il a estimé non réels, notamment ceux des IDE qui ont atteint selon le Cnes, un milliard de dollars, le taux de chômage et le nombre de PME créées. Sur ce dernier point, Hamiani a affirmé que le nombre réel des PME est de 30.000 et non 15.000 comme l'a souligné le Cnes. Selon le premier responsable du forum des chefs d'entreprise, l'urgence actuelle est de procéder à la création des champions économique, objectif inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie industrielle, ajoutant que celle-ci peut réussir avec deux conditions. Il s'agit en premier d'obliger les entreprises résidentes en Algérie d'être entourées des PME afin d'assurer le transfert de technologie. Ce qui n'est pas le cas puisque selon lui, les entreprises étrangères partent sans que les entreprises algériennes profitent de leur savoir-faire. Et pour la deuxième condition, il est question, selon Hamiani, de la réforme des banques en matière de crédits.