Une opportunité offerte à l'opposition libanaise qui a aussitôt exigé l'ouverture d'une enquête internationale. La commission de l'ONU chargée d'enquêter sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafik Hariri a rendu publiques, jeudi, ses conclusions. Pour la commission, il ne fait aucun doute que la Syrie est responsable de la tension ayant régné au Liban avant l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri, mais n'a pas dit qui en était l'auteur. La commission a également affirmé que l'enquête menée par le gouvernement libanais sur cet assassinat souffrait de «sérieuses faiblesses» et qu'une enquête internationale indépendante était nécessaire. Une opportunité offerte à l'opposition libanaise qui a aussitôt exigé l'ouverture d'une enquête internationale. Mais la commission de l'ONU a estimé «douteux» qu'une telle commission indépendante puisse mener à bien sa mission de manière satisfaisante, «tant que l'actuelle hiérarchie des services de sécurité libanais restera en place». Avant de poursuivre qu' «un effort soutenu de restructuration, de réforme et de formation des services de sécurité libanais sera nécessaire pour parvenir à cette fin». La commission, dirigée par l'Irlandais Peter Fitzgerald, a ajouté que «les services de sécurité libanais et les services secrets syriens portent la responsabilité principale du manque de sécurité, de protection, de loi et d'ordre au Liban». Les services de sécurité libanais «ont fait preuve de négligences sérieuses et systématiques dans la réalisation des tâches habituellement accomplies par un appareil national de sécurité professionnel», poursuit la commission. Toutefois, la commission n'a pas fait de spéculations sur l'identité des auteurs de l'attentat, mais a indiqué qu'il avait été probablement perpétré à l'aide d'une charge de TNT d'une tonne. L'équipe de l'ONU, qui comprend des experts en explosifs, en médecine légale et dans le domaine juridique, a terminé son enquête le 15 mars à Beyrouth, où elle se trouvait depuis le 24 février. Le rapport de l'ONU a été accueilli avec satisfaction par Washington. «Nous avons particulièrement apprécié» le travail de la commission d'enquête de l'ONU qui a également pointé la nécessité d'une enquête indépendante sur les circonstances de la mort de l'ancien Premier ministre libanais le 14 février, a dit un responsable au département d'Etat sous couvert de l'anonymat. «Nous n'avons pas encore eu l'occasion de lire le rapport (...) mais nous avons hâte de le recevoir et d'en discuter avec les membres du Conseil de sécurité», a-t-il ajouté. Pour sa part, l'ambassadeur syrien aux Nations unies M.Fayssal Mekdad, a estimé que la résolution du Conseil de sécurité réclamant le retrait des troupes syriennes du Liban est responsable des tensions avant l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais. Pour le responsable syrien, «le rapport de la commission d'enquête de l'ONU sur la mort de Hariri manquait d'objectivité». La résolution 1559 exigeant de la Syrie le retrait de toutes ses forces du Liban, adoptée en septembre 2004 le Conseil de sécurité de l'ONU «a causé la division du Liban» a déclaré à la presse Fayssal Mekdad. «C'est le contexte qui a polarisé la population libanaise, et non pas la présence syrienne, qui avait été acceptée et saluée par toute la population du Liban», a déclaré l'ambassadeur syrien. Pour l'ambassadeur syrien, l'Irlandais Peter FitzGerald, qui a dirigé la commission d'enquête de l'ONU, «aurait dû être plus objectif» et ne pas écouter le seul point de vue de l'opposition. Il convient de rappeler que Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, avait chargé la commission, composée de trois hommes, d'enquêter sur les «circonstances, causes et conséquences» de cet assassinat.