Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, va assurer, jusqu'à la présidentielle de 2017, la primature du gouvernement français «Premier flic de France» depuis avril 2014, Bernard Cazeneuve, un ancien juriste de 53 ans, s'est trouvé sous les feux des projecteurs en janvier 2015, début d'une série d'attentats jihadistes qui ont fait 238 morts dans le pays. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a été nommé hier Premier ministre français en remplacement de Manuel Valls, qui a démissionné pour se lancer dans la course à la présidentielle avec l'ambition d'éviter à la gauche d'être éliminée dès le premier tour. Cet homme loyal, qui affiche un grand sang-froid et bénéficie d'une image de sérieux pour avoir géré plusieurs crises, avait auparavant été chargé des Affaires européennes (2012-2013) et du Budget (2013-2014). Selon un proche du président François Hollande, cet homme de confiance a «une grande expérience» et «connaît très bien les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme», une priorité pour une France en état d'urgence. Le nouveau Premier ministre, dont le choix a été jugé «respectable» par des élus de l'opposition de droite, sera chargé de conduire la France pour cinq mois, jusqu'à la présidentielle de mai 2017. Il est remplacé au poste sensible de l'Intérieur par Bruno Le Roux, jusqu'alors chef du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Le chef de l'Etat, très impopulaire, avait annoncé jeudi dernier qu'il ne briguerait pas de second mandat, ouvrant la voie aux ambitions de Manuel Valls qui se prépare depuis des semaines à entrer dans la bataille. Ce dernier a officialisé lundi soir sa candidature à la présidence en annonçant qu'il démissionnerait de Matignon, ce qu'il a fait tôt hier. Il a prévu de faire son premier meeting de campagne aujourd'hui. Né Espagnol il y a 54 ans et naturalisé Français à l'âge de 20 ans, Manuel Valls a expliqué dans son discours de candidature ne pas vouloir revivre le «traumatisme» de 2002, quand la gauche avait été éliminée au premier tour de la présidentielle face à la droite et à l'extrême droite, un scénario qui, selon les sondages actuels, devrait se répéter en avril 2017. Cet homme au caractère volontaire devra d'abord faire consensus dans son camp lors de la primaire socialiste des 22 et 29 janvier, face à plusieurs prétendants plus à gauche que lui, à commencer par l'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg. Manuel Valls, qui se présente comme un réformateur et avait il y a quelques mois évoqué des «gauches irréconciliables», se veut désormais le candidat de la «réconciliation». Quitte à «manger son chapeau», ironisait hier le quotidien Le Monde. Ce pari de l'union est loin d'être gagné, alors que son style autoritaire, son discours pro-business et sa vision très stricte de la laïcité lui ont valu des inimitiés dans son camp. Les fidèles de François Hollande ont déjà fait savoir qu'il n'aurait pas leur soutien «automatique». «Ses intentions de candidat contredisent ses actes de Premier ministre. Sa candidature est sans doute la plus clivante qui soit aujourd'hui au Parti socialiste», a jugé hier l'ancien ministre Benoît Hamon, qui compte lui aussi participer à la primaire socialiste. «J'ai pu avoir des mots durs, susciter des débats, des incompréhensions», a reconnu Manuel Valls. «Mais j'ai toujours assumé les décisions collectives», a-t-il assuré en revendiquant son bilan. Une fois passée la primaire, le candidat du PS devra sans doute affronter le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon et l'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron, plus au centre. Tous deux ont en effet exclu de participer à la primaire, tout comme le candidat écologiste Yannick Jadot. Cette fragmentation fragilise les chances de la gauche, face à la dirigeante de l'extrême droite Marine Le Pen, portée par une vague populiste mondiale, par les peurs nées des attentats et par la crise migratoire sans précédent en Europe, et face au candidat de la droite François Fillon, vainqueur sans appel de la primaire de son camp et favori des sondages. Hier, le président Hollande a profité du remaniement pour échanger les rôles de Jean-Marie Le Guen et André Vallini, désormais chargés du Développement et de la Francophonie pour le premier et des relations avec le Parlement pour le second.