Le poste n'est pas resté longtemps vacant. Il a désormais un nouveau titulaire. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a remplacé quelques heures après sa démission, mardi dernier, Manuel Valls. Ce dernier se consacrera à sa candidature à la primaire socialiste en vue de l'élection présidentielle d'avril-mai 2017. Celle-ci sera organisée par le Parti socialiste, fin janvier 2017, pour choisir un candidat qui le représentera à ce rendez-vous électoral majeur. Manuel Valls avait annoncé, lundi soir à Evry, sa décision. « Le temps est venu d'aller plus loin dans mon engagement politique », a-t-il expliqué. Cazeneuve, à 53 ans, était ministre de l'Intérieur depuis 2014, et a dû gérer les conséquences des attentats qui ont frappé la France ces deux dernières années. Ce fidèle de François Hollande a remanié, hier, le gouvernement. Le député socialiste Bruno Le Roux lui succède mais le gouvernement reste inchangé, avec un échange de portefeuilles entre André Vallini, 60 ans, nouveau secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, et Jean-Marie Le Guen au Développement et à la Francophonie. La décision de Valls était attendue après que Hollande, très impopulaire, eut renoncé à briguer un second mandat. Sa lourde tâche sera de tenter de rassembler la gauche, divisée, alors que la droite et l'extrême droite sont déjà en ordre de bataille pour la présidentielle. Il devra faire face non seulement aux critiques de l'opposition, mais aussi à une certaine réticence dans son camp. « Ma candidature est celle de la conciliation, elle est celle de la réconciliation », « je veux rassembler » la gauche, a-t-il assuré, lundi soir, dans un discours au ton combatif. Son style autoritaire, son discours pro-entreprise et sa vision très stricte de la laïcité ont fait plusieurs fois grincer des dents dans son propre camp. Les fidèles de François Hollande ont déjà fait savoir qu'il n'aurait pas leur soutien « automatique ». Même son de cloche chez Martine Aubry, un des poids lourds du PS. Après la primaire, le candidat du PS devra encore affronter le chef de file de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, et l'ancien ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, plus au centre. Tous deux ont exclu de participer à la primaire, dispersant de ce fait les voix de gauche. Manuel Valls s'est aussi engagé à combattre l'extrême droite dont le programme, selon lui, « ruinerait les petites gens, les retraités, les ouvriers ». Il a aussi taclé le programme du candidat de la droite, l'ultralibéral François Fillon, qui représente à ses yeux « un recul social généralisé ». Son pari est à la fois ambitieux et risqué.