Des voix s'élèvent au sein du FCE pour pousser son actuelle équipe dirigeante à assumer la responsabilité dans la situation de crise que traverse l'organisation patronale et démissionner. Le Forum des chefs d'entreprise est dans une situation difficile. Divisé depuis un moment déjà, son équipe dirigeante actuelle est dans le collimateur, notamment depuis son entrée en collusion avec le gouvernement à l'occasion de l'ouverture du Forum africain d'affaires et d'investissement, le 3 décembre dernier. Pour mettre de l'ordre dans la maison et sauver les meubles, Ali Haddad a appelé à une réunion le 17 décembre prochain. Mais la crise semble telle qu'aucun règlement à l'amiable du problème n'est possible. Tout bonnement, on souffle, ici et là, que le sort de Haddad et de ses collaborateurs est scellé. «Le Forum africain d'investissement et d'affaires est un échec et cet échec n'a même pas besoin d'être démontré. On a organisé une rencontre internationale pour mettre en place une plate-forme de coopération avec les opérateurs économiques et les Etats africains et la seule chose qu'on a réussi, c'est de leur donner une image négative sur l'Algérie, ses hommes d'affaires et son gouvernement à travers le clash qu'il y a eu entre Ali Haddad et le Premier ministre», nous a confié un cadre du FCE que nous avons joint hier par téléphone. «Nous avons dépensé plus de 600 millions de dinars qui, pour précision, ont été payés à hauteur de 80% par les entreprises publiques. Nous avons fait payer aux participants algériens 50.000 dinars de frais de participation. Nous avons fait un tapage médiatique plusieurs semaines durant. Au final, nous nous sommes donnés en spectacle», a ajouté notre interlocuteur avant de pointer du doigt la boîte qui a organisé le forum, à savoir Allégorie, dont les propriétaires sont Toufik Lerari et Marhoun Rougab et qui sont tous les deux proches de Haddad et de la Présidence, ainsi que l'entourage du président du FCE qui aurait poussé ce dernier à danser plus vite que la musique. Notre source a également ajouté que, bien qu'il ne soit adhérent que depuis deux ans, M. Lerari a été propulsé au-devant de la scène au détriment de beaucoup d'autres qui sont membres du FCE depuis plus de 10 ans».En effet, selon notre source, «il existe deux FCE, celui que dirige Ali Hadda, la secrétaire générale et cinq vice-présidents et un autre qui évolue à la marge et dont les membres ne sont ni consultés, serait-ce a posteriori, ni associés aux décisions qui se prennent». «Cette discrimination envers les membres du Forum parmi lesquels seule une poignée est admise dans le cercle des décideurs, à savoir Brahim Benabdeslam, Salah Eddine Abdessamed, Mehdi Bendimered, Radia Benabderahmane, Mohamed Baîri, Toufik Lerari et Ali Haddad, a créé un climat électrique au sein de l'organisation depuis plusieurs mois. La méfiance s'est installée entre la direction et plusieurs membres. Même Laid Benamor, qui s'affiche pourtant avec ce groupe, est considéré comme indésirable car, en tant que président de la Caci, concurrencerait soi-disant le FCE. On lui reproche essentiellement de ne pas faire ce qu'il fait en tant que président de la Caci sous la bannière du FCE», nous a également révélé notre source pour illustrer le malaise qui prévaut au FCE nPar conséquent, il advient que la confrontation entre le gouvernement et le FCE lors du Forum africain d'affaires et d'investissement n'est pas fortuite. Tout au contraire, elle est le résultat d'un malaise qui était déjà là. «Le FCE traverse une véritable crise depuis plusieurs mois. Le fiasco qu'a été le Forum africain d'investissement et d'affaires, avec le lot de prises de bec qui l'a accompagné entre les différentes parties qui y ont pris part n'est pas à l'origine de cette crise mais il l'a révélé au grand jour», nous a confirmé en effet, notre source au sein de l'organisation. Toutefois, contrairement aux cas où la crise a été interne et, donc, facile à étouffer ou à occulter, cette fois-ci, elle a éclaté au grand jour et a fait le tour, non seulement du pays, mais de toute la planète. Le clash entre le Premier ministre et le patron du FCE a été perçu comme un véritable incident diplomatique qui a non seulement altéré l'image de l'Algérie aux yeux des opérateurs économiques et des représentants institutionnels qui étaient présents au Forum, mais a aussi élargi le fossé entre la direction actuelle du FCE et certains des membres de cette organisation qui n'ont pas Ali Haddad et ses collaborateurs en odeur de sainteté. D'ailleurs, il n'est pas exclu que la tête de Haddad et de son équipe soit demandée lors de la réunion du 17 décembre à laquelle il a appelé son conseil exécutif, même si, officiellement, l'ordre du jour de cette rencontre reste méconnu pour le moment. «Ali Haddad aurait dû démissionner lors de la conférence de presse qu'il a animée à l'issue du Forum», lâche notre source à cet égard.