Le peu d'attentats commis çà et là, à Aïn Defla, Larbaâ et Boghni, reflète, en fait, la totale désagrégation des structures terroristes et leur incapacité de déployer une force aussi imposante que celle dont ils se prévalaient auparavant. On a failli les oublier. Depuis le début du Ramadan, les groupes armés se sont fait tellement discrets qu'on les a complètement oubliés. Hormis les quatre personnes assassinées à la sortir Sud de Larbaâ, il n'y eut aucune action terroriste d'envergure et on s'est subrepticement mis, à l'approche de l'Aïd, à terminer «en beauté» le Ramadan le «moins sanglant depuis plusieurs années». Les 17 personnes assassinées dans une cité de surcroît est un autre événement qui renseigne sur la capacité de nuisance, toujours active, des groupes armés. On peut suivre une courbe quasi descendante des buts, objectifs, importance et capacité des groupes armés. Les aptitudes actuelles des GIA sont, aujourd'hui, dérisoires. Entre le rêve d'instaurer un Etat théocratique, «ici et maintenant», et les tueries de petits voyous perpétrées aujourd'hui, tout un édifice s'est écroulé. Nul prétend, aujourd'hui, parmi tous les terroristes de toutes les organisations existantes en Algérie, édifier un Etat théocratique, et encore moins imposer sa conception du profil de la société de demain. Les choses ont été revues à la baisse. On ne vit plus, on survit et on essaye de faire le maximum de dégâts, chemin faisant. La tuerie d'Aârib, dans la région de Aïn Defla n'est plus importante ni moins importante que les actes précédents perpétrés au gré des occasions qui se présentent. Le début du Ramadan 2001 a fait craindre le pire, car il est venu dans un moment où le contexte politique international était propice à l'intensification du djihad. La mise à l'index du GIA et du Gspc par les Etats-Unis, après les attentats du 11 septembre, était une circonstance aggravante, et on s'est mis à craindre que ces deux organisations ne multiplient les actions terroristes, dès le premier jour du Ramadan. Le peu d'attentats commis çà et là, à Aïn Defla, Larbaâ et Boghni, reflète, en fait, la totale désagrégation des structures terroristes et leur incapacité de développer une force aussi imposante que celle dont ils se prévalaient auparavant. Supputer sur laquelle de telle ou telle fraction armée des GIA a frappé à Aïn Defla, relève de la fantaisie journalistique. Nous ne sommes plus en face d'une organisation armée structurée et homogène, dont les visées et les frappes sont déterminées suivant un planning préalablement défini, mais bien en présence de groupuscules éclatés n'ayant aucune stratégie ni aucune forme. Les dernières révélations faites par un proche collaborateur de Zouabri jettent un peu plus de lumière sur ce qu'il convient de qualifier de groupes, avec la marque du pluriel. Les proches de Zouabri, formant la katibat el-kadhia, composée de 45 hommes activant entre Médéa, Blida et Aïn Defla, restent toujours un danger pour les populations qui se trouvent sur leur axe d'activité. Au-delà de cet axe, subsistent quelques groupes de six à dix éléments armés, des houmât eddaâwa essalafia, de l'ex-El Ahouel ou de quelque autre groupe armé, sans nom ni but. L'important dans toute cette littérature, c'est que le terrorisme en Algérie reste une réalité. Cruelle, mais réelle. Présente. Réduit à sa plus simple expression, le terrorisme tue encore. Car c'est bien cela son expression : tuer.