Ce n'est que justice si Abdellah Djaballah se réapproprie son parti d'origine «Nous allons entamer les législatives ensemble avec des listes communes et juste après nous allons tenir un congrès d'union», a précisé Youcef Khababa d'Ennahda. C'est un véritable exploit pour Djaballah. Le leader islamiste renforce, désormais, son leadership à travers la récupération de son ancien parti. Une démarche de fusion entre le Front de la justice et le développement (FJD) et le mouvement Ennahda est en voie de réalisation. L'idée de création d'Ennahda historique est, désormais, née. Le projet a été validé, samedi soir, par le conseil consultatif des deux formations islamistes. «Les conseils des deux partis se sont réunis séparément, samedi soir, en session extraordinaire pour débattre de ce projet et le valider», a affirmé Youcef Khababa, membre de la direction d'Ennahda qui confirme la mise en route de ce projet. Dans un communiqué rendu public à l'issue de la réunion du conseil consultatif, Ennahda a donné son accord pour s'associer avec le Front de la justice et du développent (FJD). Ainsi, les deux frères ennemis font désormais la paix. S'agit-il d'une fusion totale des deux formations? Autrement dit, les deux formations vont-elles se fondre dans la nouvelle Ennahda historique? Ce n'est pas vraiment le cas. Contacté par nos soins, Khababa explique «qu'il y a une démarche juridique un peu complexe car la loi ne parle pas de fusion de deux partis pour devenir un seul.» «D'abord, nous allons entamer les législative ensemble avec des listes communes et juste après nous allons tenir un congrès d'union», a-t-il avancé en rappelant que ce projet à fait l'objet de longues concertations entre les cadres des deux parties avant qu'il ne soit vaildé. Selon notre interlocuteur, une commission mixte chargée de la préparation du congrès va explorer les meilleures façons et forme juridique pour donner place à cette nouvelle. Ennahda qui était membre de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) conclue avec le MSP et El-Islah en 2012 opte donc pour une nouvelle approche. Cette démarche qualifiée d'historique et de réussite par les islamistes qui espèrent qu'il y ait davantage d'autres rapprochements au sein de la famille. Khababa avoue qu'il n'était pas facile d'arriver à ce stade aujourd'hui. «Devant les rivalités et les intérêts restreints des uns et des autres, il était très difficile de faire avancer ce projet», a-t-il reconnu en précisant que des anciens responsables se sont opposés à l'idée de fusion. Ainsi, cette union entre les deux mouvances islamistes se veut comme un plan stratégique pour affronter les prochaines élections législatives de 2017. Ennahda se dit également ouverte à d'autres alliances avec les partis qui partagent la même vision politique et les mêmes convictions. El-Islah est-il concerné? Des sources proches de ce mouvement indiquent qu'il n'affiche pas d'intérêt pour cette union. La direction de Filali Ghouini opte plutôt pour le rapprochement avec le pouvoir. Ce qu'il faut retenir est que cette fusion entre le Front de la justice et du développement et Ennahda est une nouvelle donne dans la cartographie politique avant les législatives prochaines. En plus avec cette union, les deux formations n'auront plus de souci pour répondre aux critères de participation aux élections fixées par le nouveau Code électoral et qui ont fait l'objet d'une grande polémique dont l'article 94 qui stipule que chaque parti doit obtenir 4% des voix lors des dernières élections. Les deux partis comptent en tout 18 députés au sein de l'Assemblée nationale, un nombre qui est appelé certainement à augmenter avec cette nouvelle approche au sein de la famille Djaballah.