Pendant vingt ans, l'exploitation illicite du sable maritime a, chaque jour, apporté son lot de scandales. En Algérie le sable est disponible en qualités industrielles dans le Sud algérien, mais ces gisements ne recèlent pas que du sable de qualité. D'où l'attrait des gisements du littoral que contrôle, depuis une vingtaine d'années, une véritable mafia des sables. Tout a commencé le jour où l'administration commença à surveiller d'un peu plus près les interventions des marchands de sable sur le littoral algérien. Intervention de salubrité publique qui n'aura, cependant, pas raison des détenteurs de passe-droits arrimés aux rouages de l'administration. Partout sur le littoral naquirent alors des «associations de malfaiteurs» spécialisées dans l'exploitation du sable de nos rivages, associations dont les accointances éclaboussèrent parfois les plus hautes instances de l'Etat. Qu'on se remémore Annaba et les interventions souterraines des protecteurs des marchands de sable agissant en marge de la loi si impunément, qu'ils devinrent, eux-mêmes, la loi. A Annaba, mais aussi à Oran, Alger, Boumerdès et même ailleurs partout la loi mafieuse a sévi et continue de sévir au vu et au su de tout le monde. Pendant vingt ans l'exploitation illicite du sable maritime a, chaque jour, rapporté son lot de scandales. A-t-on pour autant légiféré pour y mettre un terme? Plutôt si! Notamment en décidant de nettoyer les plages et même de les renflouer de sable neuf pour compenser les dégâts causés par la mafia. Un jour le ras-le-bol atteignit son paroxysme. On décida de mobiliser les forces de l'ordre pour surveiller de près ce trafic. Résultat, avec la naissance du terrorisme et son extension intéressée aux marchés informels, les «marchands de sable» renouèrent avec la liberté d'agir à leur guise. Pour un temps seulement, car dès que l'Etat commencera à retrouver sa vitalité pour pouvoir agir plus efficacement. Par crainte de se faire éliminer, la mafia des sables noua des relations d'assistance mutuelle avec les tueurs du GIA qui, à chaque fois que leurs protégés s'étaient sentis acculés à déserter les plages, intervenaient pour éliminer les éléments de l'administration dont le rôle consistait à endiguer le pillage de nos plages. Les dernières tueries de Sidi Daoud et de Cap-Djinet sont toutes liées au sable et aux mirages qu'il fait miroiter dans l'esprit des gens. Pour être précis et quelle qu'ait pu être l'efficacité des forces de l'ordre pour contenir la mafia du sable, la dénaturation de nos plages n'a pas connu de répit. Même lorsque nos rivages cessèrent d'être livrés au premier prédateur venu, la mafia des sables s'arrangea pour surexploiter les gisements qu'elle désirait exploiter en adaptant des moyens silencieux. Empruntant leur savoir aux trafiquants de l'Ouest algérien qui continuent, malgré les rodomontades des responsables des douanes, de faire franchir à toutes sortes de produits la frontière algéro-marocaine dans les deux sens, la mafia du sable adopta comme moyen de transport l'âne et le mulet. En effet, pour faire marcher droit ces deux sympathiques animaux domestiques, on les assoiffait pendant des heures. Après quoi on les faisait accompagner par un guide jusqu'au lieu de chargement situé sur le rivage. Là, l'âne ou le mulet se laisse docilement charger par des individus rapides en besogne. Une fois plein à ras à bord, l'animal revient seul à son point de départ pour étancher sa soif, car c'est à cet endroit seulement qu'il peut, en effet, se désaltérer. Conclusion, tant que l'anarchie règne au sein du marché des sables la mafia subsistera.