Talaiou El Houriat a engagé une large consultation au niveau de sa base avant de soumettre, le 7 janvier, la décision de la participation ou non au verdict de son comité central. Le parti de Ali Benflis se dirige-t-il vers le boycott des prochaines législatives comme le laisse penser son discours fort violent sur la transparence des élections? Ou alors, Talaiou El Houriat tient-il un discours pro-boycott dans l'objectif de faire des pressions sur le pouvoir et le pousser à donner plus de garanties quant à la transparence des prochains scrutins? Avec plus d'un million de voix lors de l'élection présidentielle de 2014, Ali Benflis est la deuxième force politique du pays après le FLN. Présent dans plus de 1400 communes, bénéficiant d'une sympathie indéniable dans les milieux intellectuels, sa côte populaire est en constante évolution et il ne le sait que trop bien. A ce titre, une élection qui ne confirmerait pas cet état de fait, faute de transparence, lui serait fort préjudiciable, d'où semble-t-il, la récurrence de son propos au sujet de la neutralité de l'administration dans les processus électoraux et l'absolue nécessité de mettre en place une instance indépendante d'organisation et de surveillance des élections. Naturellement, la virulence de son propos fait penser à deux scénarios: garanties irréprochables ou boycott irrévocable. Pourtant, derrière cet apparent radicalisme se cache une ininflammable sérénité. «Talaiou El Houriat n'est pas dans un schéma tactique. La fraude électorale est une malheureuse réalité dans notre pays. Elle est une constante dans notre système politique. Nous la dénonçons aujourd'hui comme nous le faisons depuis toujours. Nous n'avons pas attendu que pointe à l'horizon une échéance électorale pour en parler. Nous avons même présenté un livre blanc sur la question. Ce n'est pas à l'approche d'une élection que l'on va changer de discours. Nous sommes cohérents avec nous-mêmes et nous sommes déterminés à le rester», nous a déclaré Fayçal Hardi, chargé de communication du parti en rappelant que l'Icso revendique depuis deux ans la mise en place d'une instance indépendante d'organisation et de surveillance des élections pour justement barrer la route aux fraudeurs. Pour autant, en niant que Talaiou El Houriat soit dans une démarche tactique, visant à arracher du lest au pouvoir, Fayçal Hardi refuse de présenter le boycott comme alternative d'autant plus, assure-t-il, que c'est au comité central du parti qu'échoit la responsabilité de trancher la question. «La nouvelle loi électorale n'encourage pas particulièrement à participer aux élections. Tout au contraire, elle est en recul par rapport à la précédente. Néanmoins, l'option du boycott reste posée tout comme celle de la participation. Aucune décision n'est prise pour l'heure. Nous avons engagé une large consultation au niveau de toutes les communes du pays. Un rapport sera présenté par le bureau politique au comité central le 7 janvier à l'issue de ces consultations. Et ce n'est qu'à ce moment-là que la question sera tranchée», indique Fayçal Hardi qui précise que «seul le CC est habilité à trancher la participation ou non du parti non pas seulement aux prochaines législatives, mais à toutes les élections». Interrogé sur le boycott qui serait, comme l'ont désigné certaines formations politiques, «un suicide», Fayçal Hardi a indiqué que «le boycott est une option politique comme toutes les autres» et «il est loin d'être un suicide». «La nouvelle loi électorale exige aux partis n'ayant pas participé à des élections données de présenter un certain nombre de signatures lors des échéances électorales ultérieures. Cette exigence fait que certains partis, qui ne sont pas bien ancrés dans la société, considèrent que le boycott est un suicide. Ce n'est pas le cas pour nous. Nous sommes très bien structurés dans 1 270 communes et présents dans plus de 1400 communes. Les signatures ne posent aucun problème pour nous. Donc, si jamais le comité central optait pour le boycott, nous y souscrirons sans nul problème» a-t-il affirmé.