En modifiant son architecture organique, le FLN veut s'inscrire dans une perspective de renouveau. La traversée de la nuit du doute a été très longue pour le FLN. Après avoir enjambé la transition et être redevenu le parti hégémoniquement dominant au parlement, il a frôlé l'implosion. Il est revenu de loin et doit la reconstruction de sa cohésion à l'arrimage au président, ce qui lui a permis de remobiliser ses forces et de devenir le noyau lourd de l'alliance dite stratégique. En modifiant son architecture organique, le FLN veut s'inscrire dans une perspective de renouveau. Il a tenu compte du fait que le président a sifflé la fin de la légitimité historique que traduit l'approche inéluctable des limites biologiques naturelles des «historiques» pour se préparer à un changement de génération. L'intégration des jeunes dans le conseil national va lui éviter l'essoufflement, tout en continuant à porter le «flambeau moral et politique» du droit ou du devoir de gouverner. Pour le moment, avec une cohésion apparente retrouvée qui lui offrira l'espace d'une recanalisation de ses forces disponibles, et dans le cadre du paysage politique actuel, le FLN n'a pas d'adversaire stratégique. Sur le plan national, il n'a pas à faire face à une menace sérieuse qui nécessite une parade particulière. Sauf bien évidemment en Kabylie qui a, pour le moment, toujours été fidèle aux deux partis qui y ont leur ancrage sociologique. C'est dans cette situation que doit se tenir la première réunion du conseil national du FLN, normalement aujourd'hui, après la tenue de réparation du 8e congrès invalidé. Des objectifs majeurs sont assignés à cette rencontre et sont liés, pour la plupart d'entre eux, à l'actualité et aux projections sur l'avenir. Il va d'abord compter les troupes qu'il pense avoir convaincu de placer l'intérêt stratégique du parti au-dessus de toute autre considération. Le dosage entre les diverses tendances est-il réussi pour maintenir un équilibre suffisant autour de la ligne stratégique du parti? C'est un test d'évaluation qui va s'opérer, mais sans incidence majeure sur la composition générale du conseil national. Le thème de la réconciliation nationale, impliquant l'amnistie générale, qui est au coeur de la démarche de paix du président, va constituer l'axe directeur consensuel autour duquel s'articuleront toutes les propositions d'action. Le fait fondamental que l'auteur de l'initiative de la réconciliation nationale est le président du FLN transfère la légitimité de cette paternité sur ce parti qui se place dans l'obligation de coordonner la mise en oeuvre des campagnes d'explication. Alors, quand bien même les deux autres partis de l'alliance s'engagent, et s'engageront, et s'engageront d'ailleurs, dans les démarches d'explication, ils risqueraient d'apparaître comme des sous-traitants coordonnés par le FLN qui escompte bien en engranger les dividendes. Il reste ensuite à discuter (ou à débattre) le thème central de l'actualité, le thème le plus brûlant, car passionnel, qui est la dissolution des assemblées élues en Kabylie. Le FLN, qui vient tout juste de faire subir un traitement laborieux au virus de la rupture de sa cohésion interne, n'est pas encore prêt à subir le test de l'évaluation de son audience en Kabylie. Il risque d'entrer dans un processus de contradiction qui met en péril le caractère national de son envergure. Qu'il se retrouve marginalisé au sein des futures APC et APW en Kabylie, et voilà que sera décrédibilisée sa représentation parlementaire liée à cette région avec des implications sur sa position centrale au sein de l'alliance. Sans nul doute le FFS, plus particulièrement, tiendra à lui jouer ce mauvais tour en décidant de participer aux futures élections locales pour renverser l'ordre politique établi, du moins dans les perceptions de l'opinion publique, au moment où le FLN conjure que son renouveau soit remis en cause par une défaite électorale.