Trump a dévoilé, mardi, le nom du titulaire du poste stratégique de secrétaire d'Etat, Rex Tillerson, P-DG de la multinationale ExxonMobil, le géant pétrolier. Ainsi, contre toute attente, c'est donc à un pétrolier que le président élu a confié la charge de diriger la diplomatie états-unienne. Un poste prestigieux pour un homme, sinon inconnu, du moins évoluant dans un tout autre contexte quoique, de par sa fonction - responsable d'une multinationale - est, quelque part, un diplomate inné. Ce qui montre que le président élu fait plus confiance aux hommes d'affaires qu'aux politiciens traditionnels, selon lui, corrompus. Toutefois, le nouveau secrétaire d'Etat états-unien devra, rapidement, entrer dans le vif du sujet eu égard à la multiplicité des dossiers qu'il découvrira sur son bureau. Des conflits en Syrie et en Irak, à la guerre en Afghanistan, en passant par la brouille avec la Russie, la crise ukrainienne, la lutte contre le terrorisme international et, last but not least, le lourd dossier israélo-palestinien [sur lequel ses nombreux prédécesseurs se sont cassé les dents] Rex Tillerson devra faire montre de pragmatisme et d'un sens aigu du dialogue. Le nouveau secrétaire d'Etat états-unien - qui entrera en fonction le 20 janvier prochain en remplacement du démocrate John Kerry - sera particulièrement attendu sur la question sensible du Moyen-Orient et singulièrement sur le dossier israélo-palestinien. Sa position sur les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et sur la poursuite par Israël de la colonisation des territoires palestiniens occupés sera de ce fait déterminante et dira ce que sera sa marge de manoeuvre. Tous ses prédécesseurs ont échoué car ils voulaient des négociations entre Israël et les Palestiniens sans mettre le holà à la colonisation, obstacle fondamental à l'avènement de l'Etat de Palestine et à la paix dans la région. Toute approche qui ne prend pas en charge et en compte ce paramètre des colonies et de la colonisation, induira un échec assuré. C'est dans ce contexte que le nouveau secrétaire d'Etat états-unien, donnera à voir s'il a la poigne nécessaire pour résister aux pressions des lobbies pro-israéliens qui pullulent au département d'Etat et au Congrès, en agissant pour la réussite d'un processus de paix qui sera profitable autant aux Palestiniens, qu'aux Israéliens. Toute politique qui privilégie et met Israël sur un piédestal - politique suivie depuis 69 ans par la diplomatie états-unienne - est vouée à l'insuccès. Saura-t-il tirer la leçon de ces échecs diplomatiques états-uniens pour corriger le tir? Wait and see! L'autre urgence qu'il aura à affronter est le conflit syrien - en grande partie suscité par l'administration démocrate du président sortant Barack Obama - et ses retombées négatives aux plans régional et international. Un point positif semble toutefois plaider pour Rex Tillerson qui, outre son amitié avec le président russe, Vladimir Poutine, qui lui décerna en 2013 la décoration de l'ordre de l'Amitié russe, connaît (par sa fonction) de nombreux dirigeants du monde. Aussi, le pétrolier texan est susceptible d'apporter un vent de fraîcheur dans une diplomatie états-unienne sclérosée et trop dépendante des lobbies, notamment dans le dossier palestinien insoluble depuis près de 70 ans. Mais l'amitié avec Poutine et la politique étrangère qu'il compte mener au nom des Etats-Unis pourraient être un handicap pour le secrétaire d'Etat désigné. Car Rex Tillerson devra d'abord passer l'épreuve du Sénat dominé par les républicains et noyauté par les lobbies sionistes, pour être confirmé à son poste de ministre états-unien des Affaires étrangères. C'est seulement une fois l'obstacle du Congrès passé avec succès qu'il faudra (alors) voir de quel qualité sera le nouveau chargé des Affaires étrangères états-unien et quel sera son apport pour la restauration de la paix dans le monde.