A sillonner le pays, on ne trouve qu'une dizaine de salles de cinéma et beaucoup moins de salles de théâtre et de spectacles. La célébration de la Journée internationale du théâtre a eu lieu hier. En Algérie, plusieurs manifestations pour marquer cet événement, ont été organisées. Cependant, loin de toutes ces festivités, on se permet, à cette occasion, de marquer une halte, quoique la stagnation soit toujours perceptible, pour se poser la question: où en est le quatrième art en Algérie? La situation est loin d'être reluisante. Les choses sont restées à leur place, c'est-à-dire là où elles étaient il y a quinze ans. La production se fait de plus en plus rare. Qu'est-ce qui arrive donc, les sources se sont-elles taries? Où l'on n'en a point? Les spécialistes dans ce domaine sont unanimes : les sources sont là, mais elles disparaissent dans la nature sans qu'on en bénéficie. L'Algérie dispose d'une armada d'artistes, de comédiens, de dramaturges, enfin, de toutes les ressources humaines nécessaires et susceptibles de garantir la poursuite de la bataille commencée voilà maintenant plus d'un demi-siècle. La tumeur n'est pas, en fait, là où on a mis le scalpel. La douleur émane d'un autre point. Ce sont les moyens matériels qui manquent le moins. Les responsables des théâtres algériens estiment que «le théâtre algérien possède les moyens à même de lui permettre d'occuper une place de premier rang dans l'espace culturel national et au niveau international». Interrogé par l'APS, le directeur du Théâtre national algérien, M'hamed Benguettaf, se dit optimiste. Cet optimisme est attribué à deux faits. Le premier, dira-t-il, est que le théâtre algérien enregistre, à la veille de cette journée, une nouvelle dynamique et une riche activité culturelle. Le deuxième facteur intervient, selon lui, au moment où d'importantes perspectives s'ouvrent à la nouvelle génération laquelle se voit confier la riche et longue expérience du théâtre algérien, en ce sens que sa «relève constitue le garant de la continuité et la pérennité de cet art en Algérie». Toutefois, ce dramaturge ne va pas sans savoir que pour assurer la pérennité du quatrième art, il est impératif d'y mettre le paquet. Autrement dit, il faut mettre les moyens financiers nécessaires à la disposition des créateurs. Benguettaf indique, à cet effet, que les problèmes dont souffre le théâtre algérien «ne diffèrent pas de ceux que connaissent les théâtres de par le monde», à savoir le manque de soutien financier associé à une culture théâtrale qui fait défaut. Pour lui, «seule une relance effective du théâtre est en mesure de réconcilier le public algérien avec les planches qu'il a délaissées en raison de la crise qui a frappé l'Algérie une décennie durant.» Mais là encore, une autre question se pose d'elle-même. Où va-t-on chercher les moyens financiers, ce nerf de la guerre? Doit-on rester tributaire du budget alloué par le ministère de la Culture? La réponse ne se fait pas attendre: non. C'est négatif, parce que la conjoncture actuelle n'est plus la même que celle des années 70 ou 80. En effet, la transition de l'Algérie d'une économie centralisée à une économie de marché oblige les acteurs du secteur de la culture à aller chercher les moyens financiers, non pas du coté de l'Etat mais chez le privé. Le changement économique que vit le pays oblige à ce qu'on parte à la recherche des sponsors, si l'on veut monter des spectacles, réaliser des films ou organiser une exposition. La donne est pareille pour les salles de cinéma qui sont tenues à vivre de leurs recettes. Néanmoins, cela ne signifie pas que l'Etat s'en désengage, quoique la réalité le confirme. Le manque flagrant d'infrastructures culturelles est paralysant. A sillonner le pays, on ne trouve qu'une dizaine de salles de cinéma, et beaucoup moins de salles de théâtre et de spectacles. Une réalité qu'on doit désormais prendre au sérieux, au risque de...