La polémique prendra sûrement le dessus sur le débat Le ministre de la Santé sera opposé à la commission parlementaire de la santé. Il sera interpellé sur le sujet polémique du médicament «Rahmet Rabi». Il redoute certainement ce face-à-face. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mohamed Boudiaf, sera dans l'embarras. Lui qui se rendra demain à la commission parlementaire de la santé et des affaires sociales sera certainement interpellé par le sujet polémique du médicament «Rahmat Rabi». Les députés, en particulier ceux de l'opposition, l'attendent avec impatience pour avoir des clarifications sur ce scandale qui touche en premier lieu la santé des citoyens. «Le ministre devra passer lundi devant la commission pour présenter le projet de loi sur la santé», a affirmé Youcef Khababa, membre de ladite commission. Ce dernier indique que la commission se réunira cet après-midi pour arrêter le programme de travail et les parties qui seront consultées. Avec la polémique sur le médicament «Rahmet Rabi», notre interlocuteur craint un report des travaux. «Normalement, on va entamer les travaux lundi avec l'exposé du ministre», a-t-il affirmé en précisant que ce projet sera sans doute reporté pour parler uniquement de la polémique. «On ne peut pas débattre de la santé sans pour autant évoquer le scandale qui a menacé la santé publique», déclarent des députés de l'opposition et membres de cette commission. Ainsi, la séance de demain sera marquée par une vive tension. Pour les élus, c'est l'occasion d'interpeller le ministre pour faire toute la lumière sur ce scandale. Cette affaire de santé publique, qui s'apparente à l'un des pires scandales de ces dernières années, n'a pas encore livré tous ses secrets. Malgré le retrait du médicament du marché, l'affaire est loin d'être classée. Le médicament miracle contre le diabète s'est avéré une véritable arnaque et un danger pour la santé publique. «Le premier responsable du secteur qui a cautionné cette démarche doit donner des explications», affirment des élus du peuple comme la plupart des citoyens. Le ministre de la Santé qui avait soutenu le soi-disant chercheur, l'a lâché mercredi dernier lors d'une interview accordée à la chaîne de télévision privée Ennahar TV. Abdelmalek Boudiaf s'est dit lui aussi «berné» par le personnage. Abdelmalek Boudiaf explique avoir connu Toufik Zaïbet à l'époque où il était wali de Constantine. Il dit l'avoir reçu afin de lui présenter ses travaux de recherches. «Et depuis, j'ai cru qu'il était médecin et chercheur. C'est ainsi qu'il s'est présenté à moi. Je suis devenu ministre de la Santé et j'ai constaté qu'il poursuivait ses recherches», a-t-il révélé avant d'admettre avoir découvert l'imposture grâce à Ennahar TV. «On a vu Ennahar et grâce à son travail professionnel, on a su qu'il n'était pas médecin. J'étais surpris», a-t-il lâché. Or, si le ministre ne veut pas aller loin en engageant des poursuites judiciaires contre ce chercheur, le groupe pharmaceutique Saidal s'est chargé de prendre l'affaire. Ce dernier a saisi la justice contre Toufik Zaïbet, pour «fausses déclarations et l'atteinte de son image de marque». Car, Zaîbet et ses acolytes ont laissé entendre que le RHB avait été développé avec le groupe pharmaceutique public. Ce que dément catégoriquement le groupe pharmaceutique dans son communiqué rendu public. Les députés exigent de faire une enquête profonde sur cette affaire qui a failli mettre la santé des milliers de personnes en danger. «Le ministre qui a donné des garanties à Zaïbet doit assumer ses responsabilités», a affirmé un député de l'Alliance de l'Algérie verte. Les élus du Parti des travailleurs ne comptent pas observer le silence sur ce scandale. Pour eux, le ministre qui a soutenu le prétendu chercheur en l'accompagnant dans sa démarche doit s'expliquer en personne sur ce scandale car il est le premier à veiller sur la santé publique et ce n'est pas le contraire. Donc, cette polémique prendra le dessus sur le débat sur le projet de loi relatif à la santé. Après la pagaille sur le projet de loi sur la retraite, la commission aura donc à examiner la loi sur la santé dans une ambiance houleuse. L'avant-projet de loi sanitaire promet, selon les syndicats, un véritable bouleversement dans le secteur. Des changements en profondeur et des nouveautés, pas forcément très positifs pour tous les patients et les professionnels, y sont prévus à la lumière des 492 dispositions que compte l'avant-projet. Les syndicats du secteur qui n'ont de cesse de réclamer la refonte du système de la santé qui a montré ses limites se déclarent déjà mécontents.