Des combattants rebelles et des civils attendent d'être évacués On ne peut qu'être sidéré par la capacité des médias occidentaux à balancer des tonnes d' «informations» sur les souffrances indicibles des rebelles et des terroristes à Alep Est, sans jamais livrer un traître mot sur les victimes dans les quartiers gouvernementaux... Quelle incroyable cacophonie où l'intox le dispute à la désinformation autour du processus d'évacuation parrainé par la Syrie et la Russie qui ont conduit 8000 civils dont 3000 combattants à évacuer Alep Est, jeudi dernier. Suspendue le lendemain à la demande de Téhéran et des milices pro iraniennes, l'exfiltration des habitants des quartiers rebelles a été arrêtée à cause du blocus de deux villages chiites syriens situés dans la province d'Idleb. Les organisations terroristes ont isolé Foua et Kefraya, soumettant les milliers de personnes qui y résident à un véritable siège. Selon l'accord conclu entre la Turquie, soutien de la rébellion, et la Russie et l'Iran, alliés du gouvernement syrien, cette évacuation devait avoir lieu en même temps que celle d'Alep. Les islamistes ont accepté la sortie de 1500 personnes de Foua et Kafraya alors que Téhéran réclame la sortie de 4000. Il semble que la situation ait évolué puisqu'on apprenait hier que les autobus ont afflué de nouveau à Alep Est pour transporter les candidats au départ des derniers réduits de la rébellion. Cela étant, ce qui frappe les observateurs, c'est que parallèlement à la guerre que mène le gouvernement syrien contre les factions rebelles et terroristes se déroule une formidable guerre médiatique dans laquelle tous les coups sont permis. La victoire de l'armée syrienne à Alep, ce mardi 13 décembre, est certes à marquer d'une pierre blanche, surtout qu'elle a eu l'effet d'une pierre dans le gosier des pays coalisés pour «abattre le régime de Bachar»! Faute de pouvoir imposer leurs conditions sur le terrain militaire, ces pays et les «rebelles qu'ils ont portés à bout de bras» versent désormais dans la désinformation la plus exacerbée. S'il est exact de dire que, dans le camp syro- irano- russe, la riposte est évidemment de mise, on ne peut qu'être sidéré par la capacité des médias occidentaux à balancer des tonnes d' «informations» sur les souffrances indicibles des rebelles à Alep Est sans jamais livrer un traître mot sur les victimes des quartiers gouvernementaux, eux aussi longtemps soumis aux bombardements des factions terroristes guidées par la coalition. A croire que ces victimes n'existent pas! Ne disposant selon la journaliste Eva Barlett d'aucune source fiable, ces médias sont nourris par l'Observatoire syrien des droits de l'homme, (Osdh), basé à Londres et l'organisation de défense civile «les Casques blancs», tributaires l'un comme l'autre des subsides occidentaux et des soutiens des pays du CCG. La chaîne tv Russia évoque l'image qui a bouleversé les réseaux sociaux, celle d'une petite fille qui court se réfugier quelque part, toute sa famille ayant été tuée. «Ce n'est pas Hollywood. C'est la réalité en Syrie»disait la légende. Supprimée depuis par Twitter, cette allégorie a été extirpée d'un clip de Hiba Tawaji, chanteuse libanaise, utilisé pour sa chanson Al Rabih al arabi en 2014. La manipulation de l'information ne s'arrête pas là. D'autres ont pointé la fameuse alerte sur les bombardements de l'aviation syrienne et russe qui ont entièrement détruit «le dernier hôpital d'Alep», tuant des dizaines de patients et blessant des personnels médicaux. Vérification faite, le fameux hôpital aurait été bombardé et «entièrement détruit» quinze fois en l'espace de six mois. C'est ce qu'a relevé Djordje Kuzmanovic, membre du Parti de gauche. Il en va ainsi de «la détresse des milliers de civils affamés et bloqués dans le froid» de la ville d'Alep, en attendant le déblocage de la situation qui devait intervenir hier, selon les dernières nouvelles. Au Conseil de sécurité de l'ONU, le projet de résolution présenté par la France pour l'envoi d'observateurs chargés de surveiller les modalités d'évacuation des civils et, surtout, des rebelles et de leurs familles a été appuyé par les Etats-Unis et le secrétaire général Ban Ki-moon, mais la Russie y est hostile qui dispose d'un droit de veto dont le président François Hollande croît «insensé» l'usage pourtant prévisible. Ce projet de résolution affirme que le Conseil de sécurité «s'alarme» de la crise humanitaire qui s'aggrave dans la ville et du fait que «des dizaines de milliers d'habitants d'Alep assiégés» ont besoin d'aide et d'être évacués. La résolution mandate le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon pour déployer rapidement à Alep le personnel humanitaire de l'ONU déjà présent en Syrie afin qu'il y procède à «une surveillance adéquate neutre et une observation directe» de «l'évacuation des parties assiégées d'Alep». Une évacuation qui a fait craindre au secrétaire d'Etat John Kerry qu'Alep ne devienne un «autre Srebrenica», nom de la ville de Bosnie où fut commis en 1995 le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura, ce sont 40.000 civils et entre 1500 et 5000 combattants avec leurs familles qui attendent dans le réduit rebelle, le début de leur exode. Une centaine de «bus ont commencé à entrer dans les quartiers de Zabdiyé, Salaheddine, al-Machad et al-Ansari dans l'est d'Alep sous la supervision du Croissant-Rouge et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)», selon l'agence de presse officielle syrienne Sana tandis qu'une source militaire syrienne a confirmé l'entrée en vigueur d'un nouvel accord. Si tel est le cas, le gouvernement syrien devrait annoncer aujourd'hui même la reprise totale de la seconde ville du pays, enregistrant par-là même sa plus importante victoire dans la guerre sanglante qu'il a dû mener depuis 2011, faisant plus de 310.000 morts et jetant sur les chemins de l'exil plus de cinq millions de Syriens. Tel aura été le prix du printemps arabe en Syrie.