Les forces du gouvernement syrien poursuivaient jeudi dernier leur avancée vers les derniers quartiers d'Alep aux mains des groupes terroristes, dont la conquête totale représenterait «un tournant dans la guerre», affirme Bachar al-Assad. Les forces syriennes sont déterminées à s'emparer de l'ensemble de la deuxième ville du pays, une prise qui constituerait sa plus importante victoire depuis le début de la guerre en 2011. Après avoir repris les quartiers de la Vieille-Ville, l'armée régulière et ses soutiens continuent d'avancer sous une couverture aérienne, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). De violents combats se déroulaient dans plusieurs quartiers, dont ceux de Salaheddine et Boustane al-Qasr, a précisé l'ONG. Les groupes terroristes tiraient des «dizaines de roquettes» sur les quartiers gouvernementaux dans l'Ouest de la ville septentrionale, selon la même source. Les soldats contrôlent désormais plus de 80% des quartiers rebelles dans Alep-Est, selon l'OSDH. Face à l'avancée fulgurante des troupes engagées depuis le 15 novembre dans une vaste offensive pour reprendre Alep, les groupes terroristes sont désormais acculés dans les derniers secteurs sud de la partie orientale d'Alep avec des dizaines de milliers de civils pris au piège des combats. L'intensité des combats a accéléré l'exode de la population : 80.000 personnes ont fui Alep-Est depuis le 15 novembre, selon l'OSDH. Certains déplacés trouvent refuge dans les quartiers contrôlés par le gouvernement tandis que d'autres ont fui dans des quartiers encore aux mains des terroristes, selon les médias. Depuis le début de l'offensive le 15 novembre, 384 civils ont été tués, dont au moins 45 enfants, à Alep-Est, selon l'OSDH. 105 civils, dont 35 enfants, l'ont été dans Alep-Ouest. Alep est le principal front du conflit en Syrie qui a fait depuis mars 2011 plus de 300.000 morts et poussé plus de la moitié de la population à se réfugier dans des pays voisins comme le Liban ou la Jordanie, et à l'étranger. Les groupes terroristes avaient occupé en 2012 les quartiers est de la ville que les forces gouvernementales sont déterminées à reprendre. La perte d'Alep constituerait pour les groupes terroristes leur pire défaite depuis le début de la guerre : ils ne contrôleraient alors plus que la province d'Idleb (Nord-Ouest), voisine de celle d'Alep, et quelques poches près de Damas et dans le Sud du pays. Assiégés, les groupes armés ont appelé mercredi à un cessez-le-feu «immédiat» de cinq jours et à l'évacuation des civils. Dans les secteurs sous leur contrôle à Alep, «des dizaines de milliers d'enfants sont devenus des cibles faciles» et «le nombre de victimes monte en flèche», s'alarme Sonia Khush, directrice de Save the Children. «Des gens marchent dans les rues avec guère plus que quelques habits sur le dos pour se protéger du froid», a-t-elle ajouté, en dénonçant l'inaction internationale. Une victoire à Alep, une «étape énorme» vers la fin de la guerre Le président syrien Bachar Al-Assad a déclaré jeudi qu'une victoire des forces gouvernementales syriennes à Alep représenterait une «étape énorme» en vue de la fin de la guerre. «C'est vrai qu'Alep sera une victoire pour nous mais soyons réalistes, cela ne signifie pas la fin de la guerre en Syrie. Mais ce sera une étape énorme vers la fin du conflit», a-t-il déclaré cité par le quotidien syrien Al Watan. Il a en outre exclu un cessez-le-feu à Alep, la deuxième ville du pays située dans le Nord. «Sur le terrain (à Alep), il n'y a pas de trêve», a-t-il dit, en réponse à une question sur un cessez-le-feu «aujourd'hui» dans cette ville. «Le contrôle par le gouvernement de Damas, Homs et Alep signifie qu'ils (les terroristes) n'auront plus de cartes à jouer», a-t-il dit en parlant des trois plus grandes villes du pays. Mais, a-t-il souligné, «la guerre en Syrie ne finira qu'après l'élimination totale du terrorisme. Les terroristes sont présents ailleurs (dans le pays). Quand on en aura fini avec eux à Alep, on continuera notre guerre contre eux dans les autres secteurs». Déclenchée en mars 2011, la crise en Syrie s'est militarisée et complexifiée au fil des années avec l'implication des groupes terroristes et des puissances occidentales. La Russie est intervenue militairement en septembre 2015 dans ce pays à la demande de Damas pour l'aider à combattre les groupes terroristes. Les Russes et les Américains n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur une issue à Alep après une énième rencontre alors que les civils, sont assiégés depuis quatre mois. Les chefs de diplomatie américaine John Kerry et russe Sergueï Lavrov devaient se revoir jeudi à Hambourg en Allemagne, au lendemain d'un appel de six pays occidentaux à un «cessez-le-feu immédiat» devant la «catastrophe humanitaire» à Alep.