La ministre de la Culture a honoré des cinéastes primés lors du festival de Ouagadougou et autres festivals internationaux. La ministre de la Culture, Khalida Toumi, a organisé, samedi dernier, à la salle Ibn Zeydoun, une cérémonie en l'honneur des acteurs, des techniciens et des cinéastes primés lors du festival de Ouagadougou et autres festivals internationaux. A tout seigneur, tout honneur. Les «seigneurs» du septième art en Algérie étaient présents, en bon nombre. Mais seuls quatre d'entre eux ont été honorés. En haut de l'échelle, on retrouve Sid-Ali Kouiret. Vient ensuite Belkacem Hadjadj, dont le dernier film El Manara a remporté deux prix lors du festival de Ouagadougou. Peut-on qualifier ces deux géants du cinéma algérien de derniers des Mohicans? Assurément pas, car à voir le court métrage Cousines du jeune réalisateur Lyes Salem qui a remporté le César français du meilleur court métrage, ou encore la jeune actrice Sofia Nouaser, on serait tenté de dire que la relève est là. Le temple a ses maîtres. Quand vient le temps de la remise des «primes», l'animatrice monte sur scène et prononce quelques mots pour la circonstance, avant d'appeler Sid-Ali Kouiret. Il se leva, quitta son siège, suivi de la ministre de la Culture. Et là, c'est l'inverse des «pratiques». C'est Mme Toumi qui a été galante! Elle a invité notre acteur à monter le premier sur le piédestal. Il gravit lentement les quatre marches. Une fois, les «sept pas rituels» effectués, il reçoit un bouquet de fleurs, de couleur rouge écarlate, et...des papiers. Une fois devant le micro, il ne sait plus quoi dire. Les mots se noient un par un dans sa bouche. Sa langue arrive à peine de se défaire de l'émotion la resserrant à l'étreinte. Emu, Ali «Mout Wakef» déclare: «Je ne suis pas habitué à ça». Ça, ce sont les honneurs. Car l'artiste est le parent pauvre de la société. La satisfaction, il ne l'éprouve que dans son art, son refuge. Et chez nous, en Algérie, les artistes sont à peine considérés par les officiels. Pourtant, l'artiste représente une sorte de fenêtre ouverte qui laisse entrer la bouffée d'oxygène qui nous fait vivre. C'est dans leur désespoir silencieux que les autres retrouvent le goût à la vie. C'est une sorte de bougie qui fond lentement pour éclairer les autres. «Franchement, je ne sais pas quoi dire. On me donne toujours à dire ce que je dois dire. C'est trop de choses à la fois», ajoute Kouiret et de poursuivre: «Cette prime est dédiée à El Hachemi Guerrouabi». Après ce géant, vient le jeune génie dont la carrière est désormais garantie, pour peu qu'il poursuive assidûment son bonhomme de chemin : Lyès Salem. Avec son court métrage, Cousines, d'une durée de 35 minutes, sorti en 2005, le jeune réalisateur Lyes Salem a réussi à rafler le César 2005 du meilleur film français. Cousines aborde l'histoire d'un jeune Algérien, Driss -interprété par Lyès Salem- vivant en France. Quatre ans après son départ, il revient au pays pour un mois. Il y retrouve ses cousins et ses amis d'enfance. Il fait également connaissance de Nedjma, une cousine éloignée. A son contact, la jeune fille apprend la liberté. Une idylle pourrait naître, mais Nedjma est déjà promise à un cousin de Driss, Amrane. Touchant et émouvant, le film aborde globalement, le vécu de la femme algérienne face à des traditions archaïques et contraignantes. Et malgré les contraintes du tournage, ce réalisateur a réussi tout de même son pari. Celui de mettre notre société sous les feux de la rampe. Par ailleurs, la ministre de la Culture a aussi honoré l'actrice montante Sofia Nouasser ainsi que l'ingénieur du son Rachid Bouafia. Ces derniers ont participé dans le film de Belkacem Hadjadj, El Manara (Le phare), dont la sortie nationale est fixée pour le 8 avril prochain.