Cette décision, reportée depuis 1991, vient confirmer que la réconciliation ne signifie pas l'abdication face à l'islamisme. De sources crédibles et dignes de foi nous apprenons en exclusivité que les fameuses douze ligues du SIT (Syndicat islamique du travail), affiliées toutes au Fis-dissous, ont été officiellement dissoutes par le tribunal d'Alger dans un arrêt rendu ce lundi, tard dans la soirée. Ces syndicats, il convient de le rappeler, étaient uniquement gelés et leurs sièges scellés sur la base d'une décision de justice reconduite tous les six mois. «Cette décision, expliquent nos sources, constitue une cinglante réponse à tous ceux qui ont considéré que la réconciliation nationale était une abdication face à l'intégrisme islamiste». Bien au contraire, donc, «les lois de la République sont en train d'être appliquées dans toute leur rigueur, alors que les jalons sont mis en place pour prévenir d'éventuels dérapages pareils à ceux que l'Algérie a connus à la faveur de l'ouverture démocratique de 1988». Il s'agit, donc, d'un signe fort de la part des pouvoirs publics concernant la démarche globale qui sera la leur à la faveur de la mise à exécution future du plan global portant réconciliation nationale et amnistie générale. C'est à la poursuite de cette même logique, du reste, que «des lois très strictes ont été mises en place en vue de mieux réglementer les activités syndicales et politiques sans que les constantes nationales ne soient utilisées à des fins politiciennes». C'est, du reste, la raison pour laquelle le Cnapest s'est vu refuser sa demande d'agrément. Ahmed Ouyahia, se basant sans doute sur des rapports d'enquêtes dont nous avons obtenu copies, avait souligné lors de sa dernière conférence de presse que «sous sa façade démocratique et présentable, se cachaient des choses pour le moins indicibles». Il est à rappeler que le gel du SIT, désormais officiellement dissous, était intervenu à la suite de la grève insurrectionnelle de juin 1990. L'ex-Fis s'était servi de son syndicat pour occuper les grandes places d'Alger afin d'exiger des concessions politiques et électorales de la part des pouvoirs publics à la veille des premières législatives pluralistes que devaient vivre l'Algérie indépendante. La suite de l'histoire, officielle du moins, est connue de tous. Ce syndicat, qui a failli jeter le pays dans le chaos, a vu emprisonner beaucoup de ses dirigeants, mais il n'a jamais été dissous, laissant planer sur la République une sorte d'épée de Damoclès. Or, celle-ci a été définitivement levée grâce à la décision de ce lundi. Pour en saisir toute l'importance, il convient de souligner des pans cachés de cette histoire trouble de notre pays. Le syndicalisme islamiste ne s'est en effet jamais avoué vaincu. Attendant toujours que ce «gel» soit levé un jour, ce syndicat a réussi à se redéployer grâce à l'activisme débridé de ses membres. Il aura fallu attendre la sortie de Dilmi, ancien secrétaire national de l'Ugta en charge de l'organique, pour que le péril soit localisé. Les éléments du SIT, qui avaient réussi à infiltrer les rangs de ce syndicat, étaient en train d'en occuper des postes de responsabilité de plus en plus importants. Quelques mois plus tard, le défunt Abdelhak Benhamouda, lors d'un congrès de la plus haute importance, devait faire en sorte que tous ceux qui avaient milité précédemment dans d'autres syndicats ne puissent plus prétendre occuper le moindre poste de responsabilité au sein de l'Ugta. Des années plus tard, à la faveur de son dernier congrès, dit rassembleur, le FLN devait se conformer à la même règle dans le but de se protéger des infiltrations risquant de lui causer pas mal de torts. Par la suite, les éléments du SIT semblent avoir changé de stratégie en se disséminant discrètement au sein de certains syndicats autonomes, les contrôlant de diverses manières, notamment à travers les finances et l'agitation sur le terrain. La décision de ce lundi, qui ôte quand même une terrible épine du pied de la République, demeure insuffisante. La vigilance doit être de mise, aujourd'hui plus que jamais.