Il a accompli son souhait de barrer la route du Parlement à l'ex-FIS. «L'appartenance à l'ex-FIS est un critère de rejet des listes de candidature aux prochaines législatives». C'est ce qu'aurait affirmé le ministre de l'Intérieur, à en croire des sources dignes de foi. M.Zerhouni a clairement affirmé, lors de la dernière rencontre avec les walis au Palais des nations, rapportent nos sources, que les raisons pour lesquelles beaucoup de listes ont été rejetées par son administration ont un rapport direct avec la présence en leur sein d'éléments islamistes ayant exercé dans les rangs du parti dissous. La formation la plus touchée par ce rejet était Ennahda de Lahbib Adami, qui s'est vu refuser pas moins de 26 listes de candidats à travers le territoire national. Aussi, plusieurs listes d'indépendants ont-elles subi le même sort qu'a réservé le ministre de l'Intérieur à Ennahda. Cette déclaration n'est pas étrangère à M.Zerhouni qui avait affiché les couleurs dès l'annonce de la tenue des prochaines législatives. Mais ce qui a attiré le plus l'attention des cadres présents au Palais des nations, c'est le fait que pareille déclaration ait été faite en présence du Président de la République, l'initiateur de la Concorde civile et de la grâce amnistiante. Cette grâce, rappelons-le, passe l'éponge sur le passé des militants de l'ex-FIS. Le ministre, après être passé à l'acte sur toutes les listes de candidature comportant des membres du parti dissous, a voulu, semble-t-il, assumer sa responsabilité devant le Président de la République, bien que M.Zerhouni n'ait pas affiché son opposition à la Concorde civile lorsqu'elle avait été proposée au référendum par le chef de l'Etat. Il avait même fait campagne. Le ministre aurait attendu, au tournant décisif, les anciens du parti dissous pour leur barrer la route au Parlement, au moins pour les prochaines cinq années. Même si sa reconduction à son poste dans le prochain gouvernement qui connaîtra le jour dans un mois est, jusqu'à présent, incertaine. L'acte de Zerhouni pourrait, en outre, confirmer les appréhensions des dirigeants de l'ex-FIS, voire celles des autres partis islamistes comme El-Islah, qui cultive un certain statut de «persécuté». La décision de Zerhouni, salvatrice pour les principes républicains, susceptible de prêter le flanc aux critiques des islamistes qui ne s'empêcheront pas de concentrer leur tir sur le département qu'il dirige. En fait, même si politiquement et historiquement le refus de cautionner des candidatures de l'ex-FIS est un acte courageux qui tient la route, on ne peut pas en dire autant au plan strictement juridique. Aussi, les éléments du parti dissous s'appuieront-ils certainement sur les autres partis islamistes légaux pour protester contre la décision de Zerhouni et, partant, parasiter encore plus une campagne électorale qui donne l'impression d'être mal partie.