Le nouveau séisme de 8.7 sur l'échelle de Richter a provoqué la panique dans plusieurs pays de l'océan Indien. Alerte sur le pourtour de l'océan Indien. Il a suffi d'un flash urgent de la télévision pour que des centaines de milliers de gens paniqués se précipitent hors de chez eux pour gagner les hauteurs. La nouvelle du séisme de 8,7 degrés sur l'échelle de Richter survenu à 250 kilomètres environ au large de la côte ouest de Sumatra a rouvert en quelques secondes la plaie béante du Tsunami du 26 décembre 2004 et de ses 273.000 victimes, trois mois après la tragédie. Les radios, les télévisions, la police et des cloches ont averti les habitants de l'éminence d'un tsunami. Djakarta, la capitale indonésienne, est saisie par la peur. Au moins 1000 personnes sont mortes suite à ce nouveau séisme. La secousse a été «l'une des quatre ou cinq plus puissants séismes de ces 100 dernières années», a indiqué un sismologue de l'agence géologique américaine (USGS), Kerry Sieh. A Nias, une île de près de 700.000 habitants, le centre de coordination des secours fait état de la mort d'au moins 500 personnes, et de la destruction de plus de 80% des immeubles de la ville principale, Gunung Sitoli, où des milliers de personnes sont piégées sous les décombres, a déclaré un responsable local. Sur l'île de Simeulue, où une vague de trois mètres de haut a causé d'importants dégâts, on signale la mort de plus de 100 personnes et les responsables indiquent que le bilan pourrait s'avérer beaucoup plus lourd. «Je m'attends à une aggravation car il nous faut encore fouiller les décombres et l'on pourrait y trouver des corps», a déclaré Budi Atmaji Adiputro, un des responsables des secours. Le vice-président indonésien Yusuf Kalla a estimé qu'«il y avait peut-être un ou deux milliers de morts» à Nias. Le nouveau séisme, suivi de deux répliques de magnitude de 5,7 et 5,8, a provoqué des alertes dans plusieurs pays de l'océan Indien encore fragilisés par la catastrophe de décembre. Les photos de la tragédie sont revenues à la «une» des grands quotidiens nationaux et chaque famille a repensé à ses morts, ses blessés, ses disparus. Le Japon a lancé une alerte au tsunami auprès de six pays peu après le tremblement de terre et les services météo indonésiens ont faxé des messages à la presse, même la secousse avait été la seule alerte pour beaucoup d'habitants. Des avertissements qui ont eu pour effet de paniquer des centaines de milliers de gens sur le pourtour de l'océan Indien. En Thaïlande, des vacanciers ont fui leurs hôtels, des centaines de gens avec leurs enfants encore en pyjamas se réfugiant dans la mairie. Le même scénario de panique s'est produit au Sri Lanka, en Inde, en Australie, sur l'île Maurice, et dans d'autres pays sur le pourtour de l'océan Indien. Tous se repassent dans leur tête l'abominable film du 26 décembre. La fièvre a gagné les pays européens et américains puisque beaucoup de ressortissants se trouvaient sur cette île prisée des surfeurs. La France a signalé la disparition de trois de ses ressortissants et la Suède de deux des siens. La menace du tsunami ne s'est pas concrétisée et les alertes ont été levées en Indonésie et Thaïlande, au Sri Lanka, en Inde, en Australie, sur l'île Maurice, au Japon à Madagascar et dans d'autres pays. Sitôt le drame annoncé, la polémique a suivi telle une réplique. Des scientifiques avaient prédit la catastrophe. Selon les observations de chercheurs de l'Université d'Ulster, publiées dans la revue Nature le 17 mars, le tsunami meurtrier survenu le 26 décembre 2004 au large de Sumatra a augmenté la sensibilité sismique de toute la région. Pour John McCloskey et son équipe, le tremblement de terre a augmenté le «stress sismique» sur la faille qui traverse Sumatra du nord-ouest au sud-est et sur la zone de subduction de la fosse de la Sonde, qui court à l'ouest de l'archipel. Ce stress «renforce le risque déjà considérable de tremblement de terre». Les chercheurs ont évalué les contraintes sismiques induites par la rupture d'une surface de 250.000 km² à la frontière entre les plaques indienne et birmane, lors du séisme de décembre. L'équipe irlandaise s'inquiète qu'un nouveau tsunami puisse se produire dans les semaines à venir. Elle rappelle qu'en Turquie, en 1999, le séisme d'Izmit (30.000 morts) avait été déclenché par un stress inférieur à 2 bars et qu'il avait lui-même déclenché, trois mois plus tard, celui de Düzce (350 morts). Les sismologues redoutent un tel couplage en Indonésie, où la zone de subduction pourrait se comporter comme celle de Nankai, au Japon. Au cours des 1500 dernières années, cinq des sept gros tremblements de terre ont été accompagnés d'événements contigus au cours des cinq années suivantes.