Le renforcement des capacités des forces navales algériennes est à l'ordre du jour en 2005. La baie d'Alger regorge de bateaux militaires depuis quelques mois. Moins de dix jours après le départ des sept frégates et du navire de soutien logistique des forces constituant la Snmg2, la TCG Salah Raïs, frégate turque accoste au port d'Alger et se met ostensiblement face à la citadelle, comme au bon vieux temps de l'empire ottoman d'Alger. Cette escale de trois jours de la frégate turque s'inscrit dans le cadre des échanges militaires, et n'est pas sans rappeler les propos très bienveillants du commandant de la mission de l'Otan à Alger, le colonel major Karaïskov, lors de sa conférence de presse du 18 mars, à bord de sa frégate grecque Thémistoklis, au sujet du programme Otan-Algérie, et qui permettrait à cette dernière «de bénéficier de l'expérience de l'alliance atlantique en matière d'opérations d'interdiction maritime». Par le biais de cette nouvelle escale, la Turquie espère une coopération bilatérale «plus intense». Le commandant de la mission turque de la TCG Salah Raïs affirme que la frégate présente au port d'Alger «est la plus moderne de la Turquie» et qu'elle effectuera des exercices tactiques en haute mer avec la corvette lance-missile de la marine algérienne El Kirch. Selon un responsable de la marine algérienne, «ces exercices porteront sur des activités de base en vue d'améliorer les moyens de communication et renforcer l'interopérabilité entre les forces navales des deux pays et ce, conformément aux normes définies par l'Otan». Le commandant de bord de la frégate turque définit son navire comme une «pièce nouvellement acquise, moderne, fabriquée en Allemagne en 1998, polyvalente et dont la principale fonction est la guerre anti-surface». Ce navire est en outre doté du centre d'information de combat (CIC), d'un centre d'information tactique (CIT) entièrement intégré au système de combat, ses capacités lui permettent des communications prolongées avec les commandes à terre et en mer, et possède des armes de portées moyenne et courte contre les avions et les missiles anti-navires. Le renforcement des capacités d'intervention (approche, surveillance, sécurisation, contrôle, interception et neutralisation) est à l'ordre du jour dans l'état-major des forces navales algériennes. L'importance de la dernière flottille de l'Otan, la Snmg2 et la qualité opérationnelle des exercices effectués en haute mer ont bel et bien renseigné sur l'agenda très chargé de la marine algérienne, et on parle d'un programme de plusieurs autres contacts avec les forces multinationales, bilatéraux, comme celui qui se déroule présentement, ou multilatéraux, comme celui qui a eu lieu entre le 18 et le 21 mars avec la Snmg2 de l'Otan. Le commandant de bord de la frégate turque TCG Salah Raïs a laissé entendre qu'un agenda étoffé est établi entre les forces navales turques et algériennes pour l'année 2005. Une note au musée de l'armée avait permis, le temps d'une réminiscence, de se rappeler qu'à l'époque ottomane les forces combinées algéro-turques avait permis de constituer la plus forte flotte navale du monde. Mais cela est un autre chapitre. Aujourd'hui, les forces sont à peine tolérées au sein de l'Otan, alors que l'adhésion d'Ankara à l'Union européenne est sinon contestée, du moins sans cesse retardée. Alors que les forces navales algériennes viennent de bénéficier, depuis 1999, uniquement de l'aide de l'Otan, c'est ainsi qu'on assiste année après année à des contacts accrus avec les forces multinationales. L'objectif de l'Algérie reste pour le moment d'atteindre la «vitesse de croisière militaire», c'est-à-dire être au point, malgré la modestie de sa flotte navale, aux plans tactique, technique et opérationnel, et tendre à être une force de persuasion apte à être investie de missions humanitaires et de maintien de la paix dans la région.