Dans la campagne menée par les services publics, aucun objectif précis et chiffré n'a été fixé. Le terrorisme routier reprend du poil de la bête. Au moins 54 personnes ont été tuées et 632 autres blessées durant la période qui s'étale entre le 23 et le 29 mars. Ce chiffre macabre a été le résultat de 357 accidents de la circulation, selon le bilan hebdomadaire du commandement de la Gendarmerie nationale. Un mois après l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions du code de la route, il convient de relever certaines remarques à la lecture des bilans diffusés par la gendarmerie nationale. Le fait marquant est la hausse inquiétante des accidents de la circulation cette semaine, 54 morts, alors que le bilan a nettement chuté la semaine dernière, du 16 au 23 mars. Il faut remarquer que cette période de déclin des accidents a coïncidé avec la tenue d'un important rendez-vous à Alger : le sommet arabe. Sécurité oblige, la présence des monarques et chefs d'Etat arabes à Alger a nécessité des mesures de sécurité draconiennes. Plus de 10.000 policiers et quelque 5000 gendarmes ont été mobilisés rien qu'au niveau de la capitale. Le résultat a été extraordinaire. Pour la première fois depuis 1998, seulement 28 morts et 446 blessés ont été enregistrés dans 293 accidents de la circulation. La remarque devient encore plus pertinente quand on revoit les bilans des accidents avant la période qui a précédé le sommet arabe, c'est-à-dire durant les deux premières semaines d'entrée en vigueur du nouveau code de la route. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Toujours, selon les statistiques de la Gendarmerie nationale, 624 accidents ont été enregistrés durant la première quinzaine de mars, faisant 95 morts et 954 blessés. Ce qui donne environ 47 morts et 477 accidents de la circulation par semaine. On n'est pas loin du compte. Le sommet arabe ayant terminé ses travaux, les chauffards reprennent leur besogne pour ramener le nombre de leurs victimes à «la normale», c'est-à-dire entre 40 et 60 morts par semaine. Le phénomène demeure aussi grave que l'année 2004 où la moyenne était de 57 morts par semaine. Une année durant laquelle l'Algérie a enregistré le plus lourd bilan de son histoire avec 3205 morts et 48.410 blessés dans 32.738 accidents de la route. Il faut relever par ailleurs, que dans la campagne menée tambour battant par les services publics, aucun objectif n'a été fixé sinon celui d'une réduction des accidents de la route. Mais à quel degré? A ce jour, nous ne connaissons pas le seuil fixé comme objectif à atteindre à court et à long terme dans cette campagne. Comme s'il s'agissait de retirer des permis de conduire et le problème se réglerait de lui-même. La confusion est telle que les bilans diffusés par la gendarmerie se concentrent sur le nombre de permis de conduire retirés. Un glissement dangereux qui fait passer au second plan le nombre de vies humaines perdues et de blessés à prendre en charge. Le même dérapage est répercuté par les organes de la presse nationale qui reproduisent en manchettes... «tant de permis de conduire ont été retirés... et Alger occupe la première position». Le traitement médiatique constitue une des défaillances de cette campagne. Car officiellement, la presse n'a pas été directement associée.