Jusqu'où la bêtise humaine va-t-elle nous mener? Une campagne de sensibilisation sur le «terrorisme routier» bat son plein actuellement sur tout le territoire national. Et voilà que tombe, comme un couperet, l'effroyable nouvelle faisant état de 21 personnes décédées dans un grave accident de la route, survenu jeudi dans la wilaya de Mascara, entre deux véhicules de transport des voyageurs! Trop, c'est trop! Au plus fort des années terroristes, l'Algérie comptait jusqu'à 2000 à 3000 morts par année. Doit-on en conclure que le travail est très mal fait quelque part? La gendarmerie, la police, la Protection civile, les travaux publics...bref, tous les intervenants remplissent-ils bien leur mission de prévention? Comment sommes-nous donc arrivés à comptabiliser quelque 4000 morts dans les accidents de la route? N'est-ce pas là, ce que d'aucuns qualifient désormais de «terrorisme routier»? Le thème de la campagne de sensibilisation, rappelons-le, repose sur les conséquences d'un dépassement dangereux. Mais au-delà de ce cas précis, qui cause, certes, le plus grand nombre d'accidents, souvent mortels, sur nos routes avec 1235 cas au cours du premier semestre de l'année en cours, n'y a-t-il pas lieu de tout revoir et de dégager des priorités? s'est interrogé le lieutenant colonel Amar Kara, de la division de la sécurité routière de la Gendarmerie nationale. S'exprimant lors de la cérémonie de lancement de cette campagne, il a estimé qu'«il appartient aux pouvoirs publics de dégager les solutions qui s'imposent» Selon lui, il faudrait «agir selon un ordre de priorités qui préserverait la vie humaine». Les chiffres publiés montrent avec effroi que l'Algérie occupe le 4e rang mondial des accidents de la route par habitant, derrière les Etats-Unis, l'Italie et la France, et détient le première place du palmarès macabre parmi les pays du Maghreb et les pays arabes. Quelle triste performance. Faut-il rappeler que durant le premier semestre de l'année en cours, 1968 morts et 29.200 blessés sur l'ensemble du territoire national ont été enregistrés. Le nombre d'accidents durant la même période a atteint 18.775 accidents, dont 8512 dans des zones urbaines et 10.263 dans des zones rurales. Des chiffres qui laissent coi. Dans ses réponses à la presse, le lieutenant-colonel Kara a abordé le programme spécial en cours d'application dans la capitale. Il relèvera, entre autres, les projets de «déplacement des hôpitaux de la capitale, des ministères et des administrations diverses.» «90% des accidents de la route sont imputables au facteur humain et 76% aux imprudences et négligences des piétons» ont relevé les conférenciers. Il ne faut pas non plus omettre les cas de vitesse excessive, considérée comme la première cause (8 à 9%) des accidents. Selon une étude du Cnpsr, des milliers de morts ont été enregistrés ces dernières années, dans des accidents imputés, rien que pour l'année dernière, à hauteur de 90,15%, aux automobilistes imprudents. Il serait intéressant aussi de se pencher sur la non-implication affichée par les concessionnaires automobiles et les compagnies d'assurances dans les campagnes de prévention et de sensibilisation routières nationales. Ceux-ci, en effet, brassent 100 milliards de dinars par an mais ne consacrent aucun centime pour financer la prévention. Les auto-écoles ou établissements d'enseignement de conduite automobile et du Code de la route, comme se plaît à les nommer Habbi Mohamed, membre de la Commission nationale technique des auto-écoles ont été la cible de quelques journalistes qui ont voulu en savoir plus sur cet acteur-clé dans le comportement des futurs automobilistes. Serein, Habbi a assuré que les moniteurs étaient recrutés, selon les normes requises par les autorités et de souligner qu'un «accident repose sur le niveau de bon sens du conducteur, la prudence». Le représentant de la direction des transports de la wilaya d'Alger a souhaité, pour sa part, que ces écoles soient équipées de simulateurs et qu'une boîte de données par ordinateur, renouvelée régulièrement soit disponible pour les candidats.