«Il n'est pas question d'austérité mais de rationalisation des dépenses» C'est dans une ambiance de stress national, par ailleurs entretenue à dessein, que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal s'est adressé aux Algériens, quelques heures après l'adoption de la loi de finances 2017 par le Conseil des ministres. Le Premier ministre est monté une fois encore au front pour apporter certaines clarifications, lever les doutes et les équivoques en faisant une remarquable intervention à la Télévision nationale. C'est ce qui explique le ton didactique, clair et précis lors de cette émission télévisée qui a duré près d'une heure, loin des palabres et autres esquives politiques: le temps et le ton étaient au discours de vérité. Le message essentiel de cette intervention était alors le suivant: L'Etat n'est pas revenu et ne reviendra pas sur la justice sociale. C'est un sacro-saint principe qui guide la philosophie su système algérien hérité des valeurs de la déclaration du 1er Novembre 1954. M.Sellal qui a de ce fait réaffirmé «la détermination des pouvoirs publics à maintenir la vocation sociale de l'Etat». Rassurant, le Premier ministre a indiqué que l'Algérie «ne connaîtra aucun problème et que la situation socio-économique restera normale». Il insiste sur les éléments de langage et martèle qu' «il n'est pas question d'austérité mais de rationalisation des dépenses, le but étant de parvenir à une économie émergente à l'horizon 2019». Mieux encore, «les transferts sociaux passeront de 1300 milliards de dinars en 2016 à 1630 milliards en 2017». Certes les mesures de la loi de finances 2017 comportent des augmentations de certaines taxes, mais sans effet immédiat sur le pouvoir d'achat et la vie quotidienne du citoyen. La légère hausse des prix des carburants induisant une réduction de la consommation, une conséquence positive, cependant, les prix du diesel n'ont pas été augmentés afin de ne pas impacter les tarifs de transports et des produits agricoles. M.Sellal, se voulant consolant, ajoute avec instance: «Je rassure les Algériens que le gouvernement ne renoncera pas à la politique de soutien social, à laquelle nous avons alloué une enveloppe de 18 milliards de dollars». Il en veut pour preuve, «les projets lancés dans les domaines de l'éducation, l'habitat et l'enseignement supérieur ne seront pas suspendus» et d'appuyer encore une fois: «Le rôle de l'Etat consiste à consacrer la justice sociale, à prendre en charge les catégories vulnérables et démunies et celles aux faibles et moyens revenus». L'année 2017, réconforte encore M.Sellal, connaîtra une abondance de marchandises et une importante dynamique économique, a-t-il rassuré, insistant qu' «il n'y aura aucun recul par rapport au soutien des prix des produits de base destinés au citoyens». La hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) n'affectera pas les produits de base, il n'y aura donc pas de changement des prix d'autant plus que les produits sont disponibles en abondance, a ajouté le Premier ministre. Les prix de plusieurs produits de consommation -agricoles notamment- n'ont pas beaucoup changé ces dernières années, hormis ceux d'importation. Le Premier ministre ne sest pas contenté de faire le constat et de rassurer, mais il a expliqué que la stratégie des pouvoirs publics s'articulait autour du changement du mode économique de manière à libérer l'économie nationale de la dépendance aux hydrocarbures, rassurant que la rationalisation des dépenses n'affectera pas les acquis sociaux. «La stratégie des pouvoirs publics à l'horizon 2019 est claire: le pétrole ne constituera plus l'unique source de richesse et nous aspirons à changer de modèle économique et à diversifier l'économie nationale», a-il- soutenu Il faut dire que c'est un véritable luxe en cette période de crise aiguë qui frappe de plein fouet les pays producteurs de pétrole. Des pays autrement mieux nantis que l'Algérie ont adopté des mesures d'austérité draconiennes. Dans son budget de l'année 2016, l'Arabie saoudite a réduit drastiquement les subventions sur l'eau, l'électricité et les carburants en raison de l'effondrement des prix du pétrole. Que dire alors du Venezuela qui a tout simplement sombré dans le chaos en raison de cette crise pétrolière.?