Se voulant rassurant, le Premier ministre a insisté sur le fait que la politique de l'Etat n'est nullement "orientée vers l'austérité", mais plutôt vers une rationalisation des dépenses. En visite, jeudi, dans la wilaya d'Oum El-Bouaghi, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a passé en revue la situation économique et les impacts de la crise financière sur les capacités économiques du pays. Donc, contre toute attente, le chef de l'Exécutif s'est montré très confiant, allant jusqu'à rassurer que le pays n'est nullement dans le rouge et que la baisse des entrées en devises induite par la dégringolade des prix du pétrole sur le marché international est, à en croire M. Sellal, sans effet. Avec un excès d'optimisme, M. Sellal s'est adonné à un jeu où il a exploré les différentes pistes qui confirmeraient, le cas échéant, sa lecture de la situation et mettre à profit certains aspects qu'il considère être un contre-argument aux différentes lectures faites par les spécialistes des questions économiques, énergétiques ou budgétaires. En totale contradiction avec ces analystes qui ne cessent, depuis des années, de tirer la sonnette d'alarme sur la fragilité et la vulnérabilité de l'Algérie à faire face à la crise, M. Sellal a d'emblée mis en avant l'impossibilité de l'amenuisement des réserves de change en dessous de 100 milliards de dollars. "Elles vont s'établir autour de 116 milliards de dollars en 2016 et ne baisseront pas en dessous de 100 milliards de dollars quelles qu'en soient les circonstances", tenait-il à dire, ajoutant que les caisses de l'Etat se sont renflouées de 30 milliards de dollars depuis le début de l'année 2016. 35 milliards de dollars sont attendus dans les caisses en 2017 et 45 milliards de dollars en 2018. Plus rassurant encore, il a insisté sur le fait que la politique de l'Etat n'est nullement "orientée vers l'austérité" mais plutôt vers une rationalisation des dépenses, d'où l'exclusion du recours à une loi de finances complémentaire pour l'année en cours. Il a soutenu, au passage, que l'Etat poursuivra sa politique économique et sociale. "Malgré le choc engendré par la chute des prix du pétrole, aucune usine n'a été fermée et aucun travailleur n'a été licencié", s'est-il réjoui. Pour donner plus de consistance à ces affirmations, le Premier ministre a souligné qu'à côté de cette "immunité" contre la crise, la croissance économique générée par les secteurs de l'industrie et de l'agriculture connaîtra une hausse dans les années à venir. Il a souligné, à ce propos, qu'elle sera d'un taux de 3,5% en 2017 et atteindra les 4% en 2018. M. Sellal a aussi évoqué l'emprunt obligataire lancé en avril dernier. Il a révélé, à ce sujet, que la collecte a atteint plus de 460 milliards de dinars, alors que l'objectif fixé initialement était de 400 milliards de dinars. Il a ajouté que le FCE allait injecter une somme de 150 milliards de dinars à la cagnotte qui atteindra plus de 600 milliards de dinars. "Cela atteste la confiance des citoyens algériens en leur Etat et en leur président, Abdelaziz Bouteflika", a commenté le chef de l'Exécutif. À souligner que la visite du Premier ministre dans la wilaya a, néanmoins, été marquée par des tentatives de protestation, lors desquelles des citoyens tenaient à dénoncer leur situation socioéconomique, à l'image d'un jeune qui a interpellé M. Sellal sur "le taux effarant" du chômage dans la région. À Aïn Beïda, Aïn Kercha ou ailleurs, si ce n'était pas le dispositif sécuritaire mis en place, des débordements pourraient survenir lors d'une visite où le chef de l'Exécutif a balayé d'un revers de la main la crise qui plombe, de plus en plus, une économie totalement dépendante des recettes des hydrocarbures. M. M.