Etienne Tshisekedin, l'opposant vétéran, élément clé d'un retour à la stabilité de la RDC Le départ du pouvoir de Joseph Kabila - qui assurera son «intérim» jusqu'à l'éléction de son sucesseur - et la préparation de la transition en RDC ont commencé hier. Pouvoir et opposition en République démocratique du Congo (RDC) devaient discuter, hier, de la mise en application de l'accord du 31 décembre afin d'en définir les modalités d'application après la fin du mandat du président Joseph Kabila le 20 décembre. L'accord obtenu aux forceps «doit poser les jalons de la cogestion du pays après la fin du mandat du président Joseph Kabila intervenue le 20 décembre dernier», avait souligné l'abbé Donatien Nshole, porte-parole de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) initiatrice dudit accord. En fait, cet accord autorise le président Joseph Kabila à rester au pouvoir jusqu'à l'élection de son successeur, au plus tard fin décembre 2017. «L'accord étant déjà en vigueur depuis sa signature, nous sommes convenus de discuter d'un arrangement particulier sur la composition du Conseil national de suivi de laccord et du processus électoral (Cnsap), le mode de désignation des 28 membres de cet organe, de la composition du gouvernement de transition», a confirmé Christophe Lutundula, signataire de l'accord pour le compte du Rassemblement, la coalition de l'opposition menée par Etienne Tshisekedi. Des voix se sont élevées pour souligner que dix délégués de l'opposition n'ont à ce jour pas signé le document. Il s'agit des représentants du Mouvement de libération du Congo (MLC), de l'ancien vice-président de la République Jean-Pierre Bemba, actuellement détenu à La Haye pour crimes contre l'humanité, et de certains négociateurs appartenant à la frange minoritaire de l'opposition. Lors des discussions, le MLC avait réclamé la présidence du Cnsap, en dénonçant le fait que l'opposant Etienne Tshisekedi soit président de cet organe et que le Premier ministre de transition soit également issu du Rassemblement. En contrepartie de l'accord trouvé in-extremis, l'opposition devra en théorie diriger un gouvernement de transition jusqu'aux nouvelles élections prévues fin 2017 - la présidentielle qui devait avoir lieu fin 2016 a été reportée sine die - et un conseil de supervision sera chargé de veiller au respect de l'accord. Si, selon les observateurs, le compromis a évité l'anarchie, de nombreuses questions restent en suspens. Elles seront donc discutées par des représentants du pouvoir et de l'opposition qui devaient se retrouver hier pour déterminer la composition du conseil national de suivi de l'accord et du processus électoral (Cnsap) et le mode de désignation de ses 28 membres. Ils doivent aussi décider de la composition du gouvernement de transition dont le Premier ministre devra provenir du Rassemblement, la coalition formée autour de l'opposant historique Etienne Tshisekedi, âgé de 84 ans. Outre l'influente Eglise catholique, la communauté internationale continue de faire pression de son côté afin d'aller vers une transition pacifique. La Belgique, ancien pays colonisateur, a promis qu'elle «sera attentive à la mise en oeuvre» de l'accord, alors que «la France appelle les signataires et les parties engagées par l'accord à respecter leur parole». Pour les Etats-Unis, cet accord est «une étape historique» pour sortir la RDC de la crise née du maintien de M. Kabila, 45 ans au pouvoir depuis 2001, au-delà de la fin de son mandat. L'ONU et l'Union européenne ont «salué» cet accord et encouragé les parties à la consolidation du consensus trouvé le 31 décembre. Le compromis politique du 31 décembre entérine une décision de la Cour constitutionnelle qui autorise M. Kabila à demeurer au pouvoir jusqu'à l'élection de son successeur. Au pouvoir depuis 2001, Kabila est empêché par la Constitution de se représenter.